lAutomne dune femme | Page 3

Marcel Prévost
vu ressortir.
--Il peut me recevoir?
--Si Madame veut monter... Mais ce n'est pas l'heure des confessions de M. l'aum?nier.
--Oh! je ne viens pas pour me confesser.
La visiteuse attendit un instant une r��ponse plus pr��cise; mais soeur Zyte, trouvant sans doute qu'elle avait assez parl�� pour la journ��e, s'��tait remise �� examiner ses rochets et se taisait. Alors la jeune femme se d��cida, et, avec la s?ret�� d'allures de quelqu'un qui conna?t bien la maison, sortit de la sacristie par la porte oppos��e au choeur.
La fra?cheur de la pluie l'impr��gna aussit?t, lui fit serrer les pans de son manteau; car la porte donnait sur un petit clo?tre carr��, et l'eau fouaill��e par le vent poussait des incursions jusqu'au milieu des arcades. Le petit clo?tre dormait sous cette pluie: quatre all��es sabl��es menu, autour d'un carr�� de buis d'o�� ��mergeait la blancheur ind��cise d'une statue. Deux autres statues garnissaient des encognures; �� leurs socles on avait accroch�� des lampes en verres de couleurs. Et le clo?tre n'��tait ��clair�� que par ces lueurs clignotantes et le reflet de quelques fen��tres.
La visiteuse courut vivement au bout des arcades, monta un ��tage. Une porte matelass��e l'arr��ta; elle l'ouvrit, trouva derri��re une seconde porte en bois plein et frappa.
--...Trez! fit une voix douce, un peu nasale.
Elle entra. Une t��te grise apparut derri��re un bureau d'acajou, puis un grand corps se dressa.
--Madame Surg��re!... Quelle bonne surprise... Veuillez donc vous asseoir, ma ch��re dame.
Le pr��tre indiqua un fauteuil. C'��tait un homme de haute taille, accusant une soixantaine d'ann��es, soigneusement tenu. Dans la chambre, les panneaux peints �� la colle, le simple mobilier, le lit de fer vulgaire entrevu derri��re les rideaux de l'alc?ve, contrastaient avec les objets tr��s pr��cieux dont la chemin��e, les meubles et m��me les murs ��taient encombr��s. Mme Surg��re s'assit. L'abb�� la regarda �� travers ses lunettes et r��p��ta:
--Quelle bonne surprise! Qu'est-ce qui vous am��ne �� cette heure-ci? Rien de grave dans votre ch��re famille, j'esp��re?
--Oh! non, dit Mme Surg��re, seulement je passais rue de Saint-P��tersbourg, en revenant d'une visite. Je suis entr��e dans la chapelle. Soeur Zyte m'a dit que vous ��tiez l��... et...
Le pr��tre, s'inclinant, acquies?a �� cette explication provisoire; il savait bien qu'il aurait l'autre, tout �� l'heure, la vraie: quelque triste p��ch�� de chair, sans doute!... Il l'attendit un instant, puis comme elle ne venait pas, il rompit le silence.
--M. Surg��re ne va pas plus mal?
--Non... La m��me chose toujours. Ce temps humide ne lui vaut rien. Malgr�� cela il va partir incessamment pour Luxembourg. Vous savez? la succursale de notre maison de banque de Paris. Il faut qu'il soit l�� avant la liquidation de janvier.
L'abb�� demanda d'un air indiff��rent:
--Mais M. Surg��re n'est pas seul... Il a bien un associ��, n'est-ce pas? Ce monsieur tr��s grand que j'ai eu l'honneur d'avoir �� c?t�� de moi, �� votre table?... le p��re d'une charmante jeune fille, Melle Claire, je crois?...
--Oui, M. Esquier. Il suffirait parfaitement �� mener la banque tout seul, d'autant que nous avons un administrateur excellent �� Luxembourg... Mais on ne peut pas faire entendre cela �� mon mari, il y met de l'amour-propre et veut ��tre l��.
Le pr��tre fit un ?hum? prolong�� qui lui ��tait ordinaire et qui signifia clairement, cette fois: ?Je sais quel homme est votre mari et qu'on ne le m��ne pas comme on voudrait.?
--Et Mlle Claire, reprit-il, avez-vous eu de ses nouvelles r��cemment?
--Elle d?ne �� la maison ce soir.
--C'est juste, fit l'abb�� en jetant un coup d'oeil sur l'��ph��m��ride suspendu au mur... C'est aujourd'hui le premier mercredi du mois, la sortie des pensionnaires de Sion.
Il toussa, puis reprit, jouant avec un coupe-papier:
--C'est une bien aimable personne: je puis le dire, puisque j'ai eu le plaisir de faire sa connaissance quand j'ai pr��ch�� une retraite �� Sion. Tr��s droite, tr��s courageuse. Ce sera une grande chr��tienne dans la vie. Elle est un peu votre parente, n'est-ce pas?
Mme Surg��re rougit.
--Non. Claire est la fille de M. Jean Esquier, justement, ce grand monsieur, l'associ�� de mon mari. Nous sommes de tr��s vieux amis, pas des parents.
Elle avait laiss�� glisser son manteau sur le dossier de sa chaise, envahie par la chaleur douillette de la chambre. Il y eut un court silence... L'abb�� et la mondaine cherchaient un acc��s vers le vrai entretien demand�� par elle, attendu par lui.
Mais cette fois encore ils ne trouv��rent point. L'abb�� dit seulement, riant comme d'un propos spirituel:
--Alors, vous ��tes tout �� fait en famille, ce soir, place Wagram?
--Tout �� fait, r��pondit Mme Surg��re...
Elle h��sita un instant, puis dit pr��cipitamment:
--Nous avons m��me un nouvel h?te en ce moment, Maurice Artoy, M. Maurice Artoy, le fils de l'ancien directeur de la Banque de Paris et de Luxembourg.
--Celui qui s'est...?
--Oui... celui qui s'est suicid��.
--Et le pauvre jeune homme habite avec vous? fit l'abb�� en marquant l'��tonnement.
--Oh! non. Il habite le pavillon du fond avec M. Esquier.
***
Toutes sortes
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