amis, et la dame. Son proc��s lui fut bient?t fait, sans qu'on daignat l'entendre. Lorsqu'il vint recevoir sa sentence, l'Envieux se trouva sur son passage, et lui dit tout haut que ses vers ne valaient rien. Zadig ne se piquait pas d'��tre bon po?te; mais il ��tait au d��sespoir d'��tre condamn�� comme criminel de l��se-majest��, et de voir qu'on ret?nt en prison une belle dame et deux amis pour un crime qu'il n'avait pas fait. On ne lui permit pas de parler, parceque ses tablettes parlaient. Telle ��tait la loi de Babylone. On le fit donc aller au supplice �� travers une foule de curieux dont aucun n'osait le plaindre, et qui se pr��cipitaient pour examiner son visage, et pour voir s'il mourrait avec bonne grace. Ses parents seulement ��taient afflig��s, car ils n'h��ritaient pas. Les trois quarts de son bien ��taient confisqu��s au profit du roi, et l'autre quart au profit de l'Envieux.
Dans le temps qu'il se pr��parait �� la mort, le perroquet du roi s'envola de son balcon, et s'abattit dans le jardin de Zadig sur un buisson de roses. Une p��che y avait ��t�� port��e d'un arbre voisin par le vent; elle ��tait tomb��e sur un morceau de tablettes �� ��crire auquel elle s'��tait coll��e. L'oiseau enleva la p��che et la tablette, et les porta sur les genoux du monarque. Le prince curieux y lut des mots qui ne formaient aucun sens, et qui paraissaient des fins de vers. Il aimait la po��sie, et il y a toujours de la ressource avec les princes qui aiment les vers: l'aventure de son perroquet le fit r��ver. La reine, qui se souvenait de ce qui avait ��t�� ��crit sur une pi��ce de la tablette de Zadig, se la fit apporter.
On confronta les deux morceaux, qui s'ajustaient ensemble parfaitement; on lut alors les vers tels que Zadig les avait faits:
Par les plus grands forfaits j'ai vu troubler la terre. Sur le tr?ne affermi le roi sait tout dompter. Dans la publique paix l'amour seul fait la guerre: C'est le seul ennemi qui soit �� redouter.
Le roi ordonna aussit?t qu'on f?t venir Zadig devant lui, et qu'on f?t sortir de prison ses deux amis et la belle dame. Zadig se jeta le visage contre terre aux pieds du roi et de la reine: il leur demanda tr��s humblement pardon d'avoir fait de mauvais vers: il parla avec tant de grace, d'esprit, et de raison, que le roi et la reine voulurent le revoir. Il revint, et plut encore davantage. On lui donna tous les biens de l'Envieux, qui l'avait injustement accus��: mais Zadig les rendit tous; et l'Envieux ne fut touch�� que du plaisir de ne pas perdre son bien. L'estime du roi s'accrut de jour en jour pour Zadig. Il le mettait de tous ses plaisirs, et le consultait dans toutes ses affaires. La reine le regarda d��s-lors avec une complaisance qui pouvait devenir dangereuse pour elle, pour le roi son auguste ��poux, pour Zadig, et pour le royaume. Zadig commen?ait �� croire qu'il n'est pas si difficile d'��tre heureux.
CHAPITRE V.
Les g��n��reux.
Le temps arriva o�� l'on c��l��brait une grande f��te qui revenait tous les cinq ans. C'��tait la coutume �� Babylone de d��clarer solennellement, au bout de cinq ann��es, celui des citoyens qui avait fait l'action la plus g��n��reuse. Les grands et les mages ��taient les juges. Le premier satrape, charg�� du soin de la ville, exposait les plus belles actions qui s'��taient pass��es sous son gouvernement. On allait aux voix: le roi pronon?ait le jugement. On venait �� cette solennit�� des extr��mit��s de la terre. Le vainqueur recevait des mains du monarque une coupe d'or garnie de pierreries, et le roi lui disait ces paroles: ?Recevez ce prix de la g��n��rosit��, et puissent les dieux me donner beaucoup de sujets qui vous ressemblent!?
Ce jour m��morable venu, le roi parut sur son tr?ne, environn�� des grands, des mages, et des d��put��s de toutes les nations, qui venaient �� ces jeux o�� la gloire s'acqu��rait, non par la l��g��ret�� des chevaux, non par la force du corps, mais par la vertu. Le premier satrape rapporta �� haute voix les actions qui pouvaient m��riter �� leurs auteurs ce prix inestimable. Il ne parla point de la grandeur d'ame avec laquelle Zadig avait rendu �� l'Envieux toute sa fortune: ce n'��tait pas une action qui m��ritat de disputer le prix.
Il pr��senta d'abord un juge qui, ayant fait perdre un proc��s consid��rable �� un citoyen, par une m��prise dont il n'��tait pas m��me responsable, lui avait donn�� tout son bien, qui ��tait la valeur de ce que l'autre avait perdu[1].
[1] C'est �� peu pr��s le trait de Des Barreaux. Voyez, tome XIX, le _Catalogue des ��crivains_, en t��te du _Si��cle de Louis XIV_; et dans les _M��langes_, ann��e 1767, la septi��me des _Lettres ��
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