de 1748; on y lit, ainsi que dans le texte, Arnou. Mais l'��dition de 1747, sous le titre de Memnon, dont j'ai parl�� dans ma pr��face de ce volume, porte Arnoult, qui est le v��ritable nom: voyez tome XXVI, page 186. B.
CHAPITRE III.
Le chien et le cheval.
Zadig ��prouva que le premier mois du mariage, comme il est ��crit dans le livre du Zend, est la lune du miel, et que le second est la lune de l'absinthe. Il fut quelque temps apr��s oblig�� de r��pudier Azora, qui ��tait devenue trop difficile �� vivre, et il chercha son bonheur dans l'��tude de la nature. Rien n'est plus heureux, disait-il, qu'un philosophe qui lit dans ce grand livre que Dieu a mis sous nos yeux. Les v��rit��s qu'il d��couvre sont �� lui: il nourrit et il ��l��ve son ame, il vit tranquille; il ne craint rien des hommes, et sa tendre ��pouse ne vient point lui couper le nez.
Plein de ces id��es, il se retira dans une maison de campagne sur les bords de l'Euphrate. L�� il ne s'occupait pas �� calculer combien de pouces d'eau coulaient en une seconde sous les arches d'un pont, ou s'il tombait une ligne cube de pluie dans le mois de la souris plus que dans le mois du mouton. Il n'imaginait point de faire de la soie avec des toiles d'araign��e, ni de la porcelaine avec des bouteilles cass��es; mais il ��tudia surtout les propri��t��s des animaux et des plantes, et il acquit bient?t une sagacit�� qui lui d��couvrait mille diff��rences o�� les autres hommes ne voient rien que d'uniforme.
[1]Un jour, se promenant aupr��s d'un petit bois, il vit accourir �� lui un eunuque de la reine, suivi de plusieurs officiers qui paraissaient dans la plus grande inqui��tude, et qui couraient ?�� et l�� comme des hommes ��gar��s qui cherchent ce qu'ils ont perdu de plus pr��cieux. Jeune homme, lui dit le premier eunuque, n'avez-vous point vu le chien de la reine? Zadig r��pondit modestement, C'est une chienne, et non pas un chien. Vous avez raison, reprit le premier eunuque. C'est une ��pagneule tr��s petite, ajouta Zadig; elle a fait depuis peu des chiens; elle boite du pied gauche de devant, et elle a les oreilles tr��s longues. Vous l'avez donc vue? dit le premier eunuque tout essouffl��. Non, r��pondit Zadig, je ne l'ai jamais vue, et je n'ai jamais su si la reine avait une chienne.
[1] L'_Ann��e litt��raire_, 1767, I, 145 et suiv., reproche �� Voltaire d'avoir pris l'id��e de ce chapitre au chevalier de Mailly, auteur anonyme de _Le Voyage et les Aventures des trois princes de Sarendip, traduits du persan_, 1719 (et non 1716), iii-12. B.
Pr��cis��ment dans le m��me temps, par une bizarrerie ordinaire de la fortune, le plus beau cheval de l'��curie du roi s'��tait ��chapp�� des mains d'un palefrenier dans les plaines de Babylone. Le grand-veneur et tous les autres officiers couraient apr��s lui avec autant d'inqui��tude que le premier eunuque apr��s la chienne. Le grand-veneur s'adressa �� Zadig, et lui demanda s'il n'avait point vu passer le cheval du roi. C'est, r��pondit Zadig, le cheval qui galope le mieux; il a cinq pieds de haut, le sabot fort petit; il porte une queue de trois pieds et demi de long; les bossettes de son mors sont d'or �� vingt-trois carats; ses fers sont d'argent �� onze deniers. Quel chemin a-t-il pris? o�� est-il? demanda le grand-veneur. Je ne l'ai point vu, r��pondit Zadig, et je n'en ai jamais entendu parler.
Le grand-veneur et le premier eunuque ne dout��rent pas que Zadig n'e?t vol�� le cheval du roi et la chienne de la reine; ils le firent conduire devant l'assembl��e du grand Desterham, qui le condamna au knout, et �� passer le reste de ses jours en Sib��rie. A peine le jugement fut-il rendu qu'on retrouva le cheval et la chienne. Les juges furent dans la douloureuse n��cessit�� de r��former leur arr��t; mais ils condamn��rent Zadig �� payer quatre cents onces d'or, pour avoir dit qu'il n'avait point vu ce qu'il avait vu. Il fallut d'abord payer cette amende; apr��s quoi il fut permis �� Zadig de plaider sa cause au conseil du grand Desterham; il parla en ces termes:
?��toiles de justice, ab?mes de science, miroirs de v��rit��, qui avez la pesanteur du plomb, la duret�� du fer, l'��clat du diamant, et beaucoup d'affinit�� avec l'or, puisqu'il m'est permis de parler devant cette auguste assembl��e, je vous jure par Orosmade, que je n'ai jamais vu la chienne respectable de la reine, ni le cheval sacr�� du roi des rois. Voici ce qui m'est arriv��: Je me promenais vers le petit bois o�� j'ai rencontr�� depuis le v��n��rable eunuque et le tr��s illustre grand-veneur. J'ai vu sur le sable les traces d'un animal, et j'ai jug�� ais��ment que c'��taient celles d'un petit
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