Vittoria Accoramboni | Page 5

Stendhal
qu'elle avait re?us pendant qu'elle ?tait la femme de son neveu.
Le troisi?me jour apr?s la mort de F?lix Peretti, Vittoria, accompagn?e de sa m?re, alla s'?tablir dans le palais du prince Orsini. Quelques-uns dirent que ces femmes furent port?es �� cette d?marche par le soin de leur s�Cret? personnelle, la corte* paraissant les menacer comme accus?es de consentement l'homicide commis, ou du moins d'en avoir eu connaissance avant l'ex?cution; d'autres pens?rent (et ce qui arriva plus tard sembla confirmer cette id?e) qu'elles furent port?es �� cette d?marche pour effectuer le mariage, le prince ayant promis �� Vittoria de l'?pouser aussit��t qu'elle n'aurait plus de mari. * La corte n'osait pas p?n?trer dans le palais d'un prince.
Toutefois, ni alors ni plus tard, on n'a connu clairement l'auteur de la mort de F?lix, quoique tous aient eu des soup?ons sur tous. La plupart cependant attribuaient cette mort au prince Orsini; tous savaient qu'il avait eu de l'amour pour Vittoria, il en avait donn? des marques non ?quivoques; et le mariage qui survint fut une grande preuve, car la femme ?tait d'une condition tellement inf?rieure, que la seule tyrannie de la passion d'amour put l'?lever jusqu'�� l'?galit? matrimoniale*. Le vulgaire ne fut point d?tourn? de cette fa?on de voir par une lettre adress?e au gouverneur de Rome, et que l'on r?pandit peu de jours apr?s le fait. Cette lettre ?tait ?crite au nom de C?sar Palantieri, jeune homme d'un caract?re fougueux et qui ?tait banni de la ville. * La premi?re femme du prince Orsini dont il avait un fils nomme Virginio, ?tait soeur de Fran?ois Ier, grand-duc de Toscane, et du cardinal Ferdinand de M?dicis. Il la fit p?rir du consentement de ses fr?res, parce qu'elle avait une intrigue. Telles ?taient les lois de l'honneur apport?es en Italie par les Espagnols. Les amours non l?gitimes d'une femme offensaient autant ses fr?res que son mari.
Dans cette lettre, Palantieri disait qu'il n'?tait pas n?cessaire que Sa Seigneurie illustrissime se donn?t la peine de chercher ailleurs l'auteur de la mort de F?lix Peretti, puisque lui-m?me l'avait fait tuer �� la suite de certains diff?rends survenus entre eux quelque temps auparavant.
Beaucoup pens?rent que cet assassinat n'avait pas eu lieu sans le consentement de la maison Accoramboni; on accusa les fr?res de Vittoria, qui auraient ?t? s?duits par l'ambition d'une alliance avec un prince si puissant et si riche. On accusa surtout Marcel, �� cause de l'indice fourni par la lettre qui fit sortir de chez lui le malheureux F?lix. On parla mal de Vittoria elle-m?me, quand on la vit consentir �� aller habiter le palais des Orsini comme future ?pouse, sit��t apr?s la mort de son mari. On pr?tendait qu'il est peu probable qu'on arrive ainsi en un clin d'oeil �� se servir des petites armes, si l'on n'a fait usage, pendant quelque temps du moins, des armes de longue port?e*. * Allusion �� l'usage de se battre avec une ?p?e et un poignard.
L'information sur ce meurtre fut faite par monseigneur Portici, gouverneur de Rome, d'apr?s les ordres de Gr?goire XIII. On y voit seulement que ce Dominique, surnomm? Mancino, arr?t? par la corte, avoue et sans ?tre mis �� la question (tormentato), dans le second interrogatoire, en date du 24 f?vrier 1582:
"Que la m?re de Vittoria fut la cause de tout, et qu'elle fut second?e par la cameriera de Bologne laquelle, aussit��t apr?s le meurtre, prit refuge dans la citadelle de Bracciano (appartenant au prince Orsini et o�� la corte n'e�Ct os? p?n?trer), et que les ex?cuteurs du crime furent Machione de Gubbio et Paul Barca de Bracciano, lancie spezzate (soldats) d'un seigneur duquel, pour de dignes raisons, on n'a pas ins?r? le nom."
A ces dignes raisons se joignirent, comme je crois', les pri?res du cardinal Montalto, qui demanda avec instance que les recherches ne fussent pas pouss?es plus loin, et en effet il ne fut plus question du proc?s. Le Mancino fut mis hors de prison avec le precetto (ordre) de retourner directement �� son pays, sous peine de la vie, et de ne jamais s'en ?carter sans une permission expresse. La d?livrance de cet homme eut lieu en 1583, le jour de saint Louis, et, comme ce jour ?tait aussi celui de la naissance du cardinal Montalto, cette circonstance me confirme de plus en plus dans la croyance que ce fut �� sa pri?re que cette affaire fut termin?e ainsi. Sous un gouvernement aussi faible que celui de Gr?goire XIII, un tel proc?s pouvait avoir des cons?quences fort d?sagr?ables et sans aucune compensation.
Les mouvements de la corte furent ainsi arr?t?s, mais le pape Gr?goire XIII ne voulut pourtant pas consentir �� ce que le prince Paul Orsini, duc de Bracciano, ?pous?t la veuve Accoramboni. Sa Saintet?, apr?s avoir inflig? �� cette derni?re une sorte de prison, donna le precetto au prince et ��
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