la grace de la jeunesse; mais son visage, �� la fois noble et joli, portait les traces du chagrin, qui fl��trit encore plus que les ann��es. Sa mise n��glig��e, ses cheveux plats, son air calme, t��moignaient assez l'intention de ne point aller �� la f��te. Mais dans la petitesse de sa pantoufle, dans l'arrangement d��cent et gracieux de sa robe grise, dans la blancheur de son cou, dans sa d��marche souple et mesur��e, il y avait plus d'aristocratie v��ritable que dans tous les joyaux d'Ath��na?s. Pourtant cette personne si imposante, devant laquelle toutes les autres se lev��rent avec respect, ne portait pas d'autre nom, chez ses h?tes de la ferme, que celui de mademoiselle Louise.
Elle tendit une main affectueuse �� madame Lh��ry, baisa sa fille au front, et adressa un sourire d'amiti�� au jeune homme.
--Eh bien! lui dit le p��re Lh��ry, avez-vous ��t�� vous promener bien loin ce matin, ma ch��re demoiselle?
--En v��rit��, devinez jusqu'o�� j'ai os�� aller! r��pondit mademoiselle Louise en s'asseyant pr��s de lui famili��rement.
--Pas jusqu'au chateau, je pense? dit vivement le neveu.
--Pr��cis��ment jusqu'au chateau, B��n��dict, r��pondit-elle.
--Quelle imprudence! s'��cria Ath��na?s, qui oublia un instant de cr��per les boucles de ses cheveux pour s'approcher avec curiosit��.
--Pourquoi? r��pliqua Louise; ne m'avez-vous pas dit que tous les domestiques ��taient renouvel��s sauf la pauvre nourrice? Et bien certainement, si j'eusse rencontr�� celle-l��, elle ne m'e?t pas trahie.
--Mais enfin vous pouviez rencontrer madame...
--�� six heures du matin? madame est dans son lit jusqu'�� midi.
--Vous vous ��tes donc lev��e avant le jour? dit B��n��dict. Il m'a sembl�� en effet vous entendre ouvrir la porte du jardin.
--Mais _mademoiselle!_ dit madame Lh��ry, on la dit fort matinale, fort active. Si vous l'eussiez rencontr��e, celle-l��?
--Ah! que je l'aurais voulu! dit Louise avec chaleur; je n'aurai pas de repos que je n'aie vu ses traits, entendu le son de sa voix... Vous la connaissez; vous, Ath��na?s; dites-moi donc encore qu'elle est jolie, qu'elle est bonne, qu'elle ressemble �� son p��re...
--Il y a quelqu'un ici �� qui elle ressemble bien davantage, dit Ath��na?s en regardant Louise; c'est dire qu'elle est bonne et jolie!
La figure de B��n��dict s'��claircit, et ses regards se port��rent avec bienveillance sur sa fianc��e.
--Mais ��coutez, dit Ath��na?s �� Louise, si vous voulez tant voir mademoiselle Valentine, il faut venir �� la f��te avec nous; vous vous tiendrez cach��e dans la maison de notre cousine Simone, sur la place, et de l�� vous verrez certainement ces dames; car mademoiselle Valentine m'a assur�� qu'elles y viendraient.
--Ma ch��re belle, cela est impossible, r��pondit Louise; je ne descendrais pas de la carriole sans ��tre reconnue ou devin��e. D'ailleurs, il n'y a qu'une personne de cette famille que je d��sire voir; la pr��sence des autres gaterait le plaisir que je m'en promets. Mais c'est assez parler de mes projets, parlons des v?tres, Ath��na?s. Il me semble que vous voulez ��craser tout le pays par un tel luxe de fra?cheur et de beaut��!
La jeune fermi��re rougit de plaisir, et embrassa Louise avec une vivacit�� qui prouvait assez la satisfaction na?ve qu'elle ��prouvait d'��tre admir��e.
--Je vais chercher mon chapeau, dit-elle; vous m'aiderez �� le poser, n'est-ce pas?
Et elle monta vivement un escalier de bois qui conduisait �� sa chambre.
Pendant ce temps, la m��re Lh��ry sortit par une autre porte pour aller changer de costume; son mari prit une fourche et alla donner ses instructions au bouvier pour le r��gime de la journ��e.
Alors, B��n��dict, rest�� seul avec Louise, se rapprocha d'elle, et parlant �� demi-voix:
--Vous gatez Ath��na?s comme les autres! lui dit-il. Vous ��tes la seule ici qui auriez le droit de lui adresser quelques observations, et vous ne daignez pas le faire...
--Qu'avez-vous donc encore �� reprocher �� cette pauvre enfant? r��pondit Louise ��tonn��e. ? B��n��dict! vous ��tes bien difficile!
--Voil�� ce qu'ils me disent tous, et vous aussi, Madame, vous qui pourriez si bien comprendre ce que je souffre du caract��re et des ridicules de cette jeune personne!
--Des ridicules? r��p��ta Louise. Est-ce que vous ne seriez pas amoureux d'elle?
B��n��dict ne r��pondit rien, et apr��s un instant de trouble et de silence:
--Convenez, lui dit-il, que sa toilette est extravagante aujourd'hui. Aller danser au soleil et �� la poussi��re avec une robe de bal, des souliers de satin, un cachemire et des plumes! Outre que cette parure est hors de place, je la trouve du plus mauvais go?t. �� son age, une jeune personne devrait ch��rir la simplicit�� et savoir s'embellir �� peu de frais.
--Est-ce la faute d'Ath��na?s si on l'a ��lev��e ainsi? Que vous vous attachez �� peu de chose! Occupez-vous plut?t de lui plaire et de prendre de l'empire sur son esprit et sur son coeur; alors soyez s?r que vos d��sirs seront des lois pour elle. Mais vous ne songez qu'�� la froisser et �� la contredire, elle si choy��e, si souveraine dans sa famille! Souvenez-vous donc combien son coeur est bon et
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