eu la maladresse d'accueillir si facilement.
Il donna l'alarme. Tout l'équipage fut sur pied en un instant.
Mais que faire? De quel c?té diriger les recherches?...
Après avoir m?rement délibéré, on se rangea de l'avis d'un vieux loup de mer qui proposait de retourner en arrière et d'aller visiter l'?le qu'on avait dépassée La veille. Cinq heures plus tard, le Neptune mouillait à quelques arpents d'un joli bouquet de verdure émergeant des eaux.
Plusieurs hommes sautèrent dans une embarcation et atterrirent bient?t sur une grève de gravier.
L'?le était petite, mais l'épaisse forêt qui la couvrait en fermait presque l'accès et rendait les recherches difficiles.
Toute la journée on fouilla l'?le sans découvrir aucune trace des fugitifs.
Les marins, découragés allaient abandonner leur poursuite, quand l'un d'eux retira d'un buisson un tout petit mouchoir blanc portant les lettres J.D.
--Ce sont les initiales de la prisonnière, dit-il. Puis agitant le mouchoir comme il eut fait d'un drapeau, il s'écria:
--En avant, mes amis!
Tous pénétrèrent dans le buisson, en écartèrent soigneusement les branches, et--agréable surprise--trouvèrent le couple blotti au fond de ce réseau inextricable!
--Suivez nous! commanda aux fugitifs le chef de la bande.
Toute résistance étant impossible en un tel endroit, Fran?ois, qui possédait pourtant une force extraordinaire, parut se soumettre de bonne grace à l'ordre du commandant.
Mais lorsque le groupe fut sorti de la forêt, le prisonnier se lan?a comme un lion au milieu des matelots, en assomma ou bouscula sept ou huit, et, profitant de la confusion générale, il allait s'échapper avec sa compagne, quand un marin lui asséna sur la tête un coup de baton. Il tomba; et les matelots que son poing formidable n'avait pas atteints, se ruèrent sur lui, le ligotèrent et le portèrent dans l'embarcation, ainsi que madame DeBoismorel qui venait de s'évanouir.
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[Illustration: Front.]
UN DéFENSEUR VOLONTAIRE
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Nous avons dit plus haut que madame DeBoismorel avait pris part aux réjouissances profanes du 5 novembre et qu'elle attendait le lieutenant DeBeauregard, qui devait l'accompagner au d?ner et au bal que donnait le gouverneur ce soir-là.
La jolie veuve était, à n'en pas douter, l'idole de la société aristocratique de Québec.
Au premier rang de ses admirateurs, figurait le lieutenant DeBeauregard, qui faisait partie de l'état-major du gouverneur. Cet officier était un jeune homme de haute taille à la physionomie ouverte, spirituelle et énergique.
Avant d'endosser l'uniforme, DeBeauregard avait porté la toge au barreau de Paris, où il s'était distingué par son amour du travail, son éloquence et sa grande probité.
Il promettait d'être un jour une des lumières de son ordre. Mais plusieurs officiers de ses amis qui l'avaient connu, dix ans avant, lorsqu'il faisait son service militaire, et qui avaient admiré son caractère lui proposèrent un bon matin de se joindre à eux pour aller servir la patrie, par delà les mers, sous les ordres du gouverneur Frontenac.
Très-bien avait-il répondu sans hésiter.
Quelques semaines plus tard, il reprenait l'uniforme et s'embarqua pour la Nouvelle-France.
Le gouverneur l'accueillit avec empressement, car il lui était chaleureusement recommandé par la comtesse de Frontenac qui l'avait rencontré souvent à la Cour.
Frontenac se félicita par la suite d'avoir accordé sa confiance à ce jeune homme. En effet, durant les sombres jours du siège, le lieutenant DeBeauregard se signala par une bravoure poussée parfois jusqu'à l'héro?sme.
Or, le 5 novembre au soir, vers les huit heures, tel que convenu, le lieutenant arrivait chez madame DeBoismorel. Il sonna à la porte de cette demeure qui lui était toujours si hospitalière.
La servante vint ouvrir.
Il allait entrer, quant celle-ci lui dit:
--M?dame étiont partie.
--Partie... dites-vous?
--Oui, m?sieu.
C'est étrange! pensa-t-il. Et il s'éloigna en se dirigeant vers le Chateau Saint-Louis, situé tout près de là, où presque tous les invités étaient déjà réunis dans le salon bleu.
A huit heures et demie, un domestique en livrée annon?a que le d?ner était servi.
Les convives entrèrent dans une vaste pièce décorée avec un go?t irréprochable.
Le repas fut très joyeux, comme tous ceux que présidait le gouverneur. Un des convives cependant ne partageait pas la gaieté générale. C'était, on le devine, le lieutenant DeBeauregard.
Bien qu'il s'effor?at d'oublier momentanément madame DeBoismorel, l'image de cette femme qu'il aimait repassait sans cesse devant son esprit.
Il croyait à l'amour réciproque de la jeune veuve, car celle-ci, tout en cherchant à capter les bonnes graces du gouverneur Frontenac, avait agréé depuis un mois les avances du valeureux et bel officier... Elle était aussi prudente que perfide.--Si le premier m'échappe, je prendrai le second, se disait-elle!
La plupart des invités avaient remarqué l'absence au d?ner de madame DeBoismorel, mais tous étaient persuadés que tant?t elle ferait sa brillante apparition au bal.
DeBeauregard caressait aussi cette chère illusion...
A dix heures, la danse était déjà animée par une musique très entra?nante, et la ?déesse? qu'on attendait n'avait pas encore paru dans cette salle où tant de fois sa beauté et son élégance avaient jeté un vif éclat.
Cet absence commen?ait à provoquer de nombreux commentaires chez les dames comme chez les
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