Ubu Roi | Page 6

Alfred ry
de Revel et de Mitau.
P��re Ubu:
--Tr��s bien! tr��s bien! Tu n'as rien autre chose?
Le Noble:
--Rien.
P��re Ubu:
--Dans la trappe, alors. Quatri��me Noble, qui es-tu?
Le Noble:
--Prince de Podolie.
P��re Ubu:
--Quels sont tes revenus?
Le Noble:
--Je suis ruin��.
P��re Ubu:
--Pour cette mauvaise parole, passe dans la trappe. Cinqui��me noble, qui es-tu?
Le Noble:
--Margrave de Thorn, palatin de Polock.
P��re Ubu:
--?a n'est pas lourd. Tu n'as rien autre chose?
Le Noble:
--Cela me suffisait.
P��re Ubu:
--Eh bien! mieux vaut peu que rien. Dans la trappe. Qu'as-tu �� pigner, M��re Ubu?
M��re Ubu:
--Tu es trop f��roce, P��re Ubu.
P��re Ubu:
--Eh! je m'enrichis. Je vais faire lire MA liste de MES biens. Greffier, lisez MA liste de MES biens.
Le Greffier:
--Comt�� de Sandomir.
P��re Ubu:
--Commence par les principaut��s, stupide bougre!
Le Greffier:
--Principaut�� de Podolie, grand-duch�� de Posen, duch�� de Courlande, comt�� de Sandomir, comt�� de Vitepsk, palatinat de Polock, margraviat de Thorn.
P��re Ubu:
--Et puis apr��s?
Le Greffier:
--C'est tout.
P��re Ubu:
--Comment, c'est tout! Oh bien alors, en avant les Nobles, et comme je ne finirai pas de m'enrichir je vais faire ex��cuter tous les Nobles, et ainsi j'aurai tous les biens vacants. Allez, passez les Nobles dans la trappe. (On empile les Nobles dans la trappe.) D��p��chez-vous plus vite, je veux faire des lois maintenant.
Plusieurs:
--On va voir ?a.
P��re Ubu:
--Je vais d'abord r��former la justice, apr��s quoi nous proc��derons aux finances.
Plusieurs Magistrats:
--Nous nous opposons �� tout changement.
P��re Ubu:
--Merdre. D'abord les magistrats ne seront plus pay��s.
Magistrats:
--Et de quoi vivrons-nous? Nous sommes pauvres.
P��re Ubu:
--Vous aurez les amendes que vous prononcerez et les biens des condamn��s �� mort.
Un Magistrat:
--Horreur.
Deuxi��me:
--Infamie.
Troisi��me:
--Scandale.
Quatri��me:
--Indignit��.
Tous:
--Nous nous refusons �� juger dans des conditions pareilles.
P��re Ubu:
--A la trappe les magistrats! (Ils se d��battent en vain.)
M��re Ubu:
--Eh! que fais-tu, P��re Ubu? Qui rendra maintenant la justice?
P��re Ubu:
--Tiens! moi. Tu verras comme ?a marchera bien.
M��re Ubu:
--Oui, ce sera du propre.
P��re Ubu:
--Allons, tais-toi, bouffresque. Nous allons maintenant, messieurs, proc��der aux finances.
Financiers:
--Il n'y a rien �� changer.
P��re Ubu:
--Comment, je veux tout changer, moi. D'abord je veux garder pour moi la moiti�� des imp?ts.
Financiers:
--Pas g��n��.
P��re Ubu:
--Messieurs, nous ��tablirons un imp?t de dix pour cent sur la propri��t��, un autre sur le commerce et l'industrie, et un troisi��me sur les mariages et un quatri��me fur les d��c��s, de quinze francs chacun.
Premier Financier:
--Mais c'est idiot, P��re Ubu.
Deuxi��me Financier:
--C'est absurde.
Troisi��me Financier:
--?a n'a ni queue ni t��te.
P��re Ubu:
--Vous vous fichez de moi! Dans la trappe les financiers! (On enfourne les financiers.)
M��re Ubu:
--Mais enfin, P��re Ubu, quel roi tu fais, tu massacres tout le monde.
P��re Ubu:
--Eh merdre!
M��re Ubu:
--Plus de justice, plus de finances.
P��re Ubu:
--Ne crains rien, ma douce enfant, j'irai moi-m��me de village en village recueillir les imp?ts.

Sc��ne III
Une maison de paysans dans les environs de Varsovie.
PLUSIEURS PAYSANS sont assembl��s.
Un Paysan (entrant):
--Apprenez la grande nouvelle. Le roi est mort, les ducs aussi et le jeune Bougrelas s'est sauv�� avec sa m��re dans les montagnes. De plus, le P��re Ubu s'est empar�� du tr?ne.
Un Autre:
--J'en sais bien d'autres. Je viens de Cracovie, o�� j'ai vu emporter les corps de plus de trois cents nobles et de cinq cents magistrats qu'on a tu��s, et il para?t qu'on va doubler les imp?ts et que le P��re Ubu viendra les ramasser lui-m��me.
Tous:
--Grand Dieu! qu'allons-nous devenir? le P��re Ubu est un affreux sagouin et sa famille est, dit'on, abominable.
Un Paysan:
--Mais, ��coutez: ne dirait-on pas qu'on frappe �� la porte?
Une voix (au dehors):
--Cornegidouille! Ouvrez, de par ma merdre, par saint Jean, saint Pierre et saint Nicolas! ouvrez, sabre �� finances, corne finances, je viens chercher les imp?ts! (La porte est d��fonc��e, Ubu p��n��tre suivi d'une l��gion de Grippe-Sous.)

Sc��ne IV
P��re Ubu:
--Qui de vous est le plus vieux? (Un paysan s'avance.) Comment te nommes-tu?
Le Paysan:
--Stanislas Leczinski.
P��re Ubu:
--Eh bien, cornegidouille, ��coute-moi bien, sinon ces messieurs te couperont les oneilles. Mais, vas-tu m'��couter enfin?
Stanislas:
--Mais Votre Excellence n'a encore rien dit.
P��re Ubu:
--Comment, je parle depuis une heure. Crois-tu que ji vienne ici pour pr��cher dans le d��sert?
Stanislas:
--Loin de moi cette pens��e.
P��re Ubu:
--Je viens donc te dire, t'ordonner et te signifier que tu aies �� produire et exhiber promptement ta finance, sinon tu seras massacr��. Allons, messeigneurs les salopins de finance, voiturez ici le voiturin �� phynances. (On apporte le voiturin.)
Stanislas:
--Sire, nous ne sommes inscrits sur le registre que pour cent cinquante-deux rixdales que nous avons d��j�� pay��es, il y aura tant?t six semaines �� la Saint Mathieu.
P��re Ubu:
--C'est fort possible, mais j'ai chang�� le gouvernement et j'ai fait mettre dans le journal qu'on paierait deux fois tous les imp?ts et trois fois ceux qui pourront ��tre d��sign��s ult��rieurement. Avec ce syst��me j'aurai vite fait fortune, alors je tuerai tout le monde et je m'en irai.
Paysans:
--Monsieur Ubu, de grace, ayez piti�� de nous. Nous sommes de pauvres citoyens.
P��re Ubu:
--Je m'en fiche. Payez.
Paysans:
--Nous ne pouvons, nous avons pay��.
P��re Ubu:
--Payez! ou je vous mets dans ma poche avec supplice et d��collation du cou et de la t��te! Cornegidouille, je suis le roi peut-��tre!
Tous:
--Ah, c'est ainsi! Aux armes! Vive Bougrelas, par la grace de Dieu roi de Pologne et
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