Ubu Roi | Page 8

Alfred ry
la guerre et maintenant il faut la faire à mes dépens. Non, de par ma chandelle verte, faisons la guerre, puisque vous en êtes enragés, mais ne déboursons pas un sou.
Tous:
--Vive la guerre!

Scène VIII
Le camp sous Varsovie.
Soldats & Palotins:
--Vive la Pologne! Vive le Père Ubu!
Père Ubu:
--Ah! Mère Ubu, donne-moi ma cuirasse et mon petit bout de bois. Je vais être bient?t tellement chargé que je ne saurais marcher si j'étais poursuivi.
Mère Ubu:
--Fi, le lache.
Père Ubu:
--Ah! voilà le sabre à merdre qui se sauve et le croc à finances qui ne tient pas!!! Je n'en finirai jamais, et les Russes avancent et vont me tuer.
Un Soldat:
--Seigneur Ubu, voilà le ciseau à oneilles qui tombe.
Père Ubu:
--Ji tou tue au moyen du croc à merdre et du couteau à figure.
Mère Ubu:
--Comme il est beau avec son casque et sa cuirasse, on dirait une citrouille armée.
Père Ubu:
--Ah! maintenant je vais monter à cheval. Amenez, messieurs, le cheval à phynances.
Mère Ubu:
--Père Ubu, ton cheval ne saurait plus te porter, il n'a rien mangé depuis cinq jours et est presque mort.
Père Ubu:
--Elle est bonne celle-là! On me fait payer 12 sous par jour pour cette rosse et elle ne me peut porter. Vous vous fichez, corne d'Ubu, ou bien si vous me volez? (La Mère Ubu rougit et baisse les yeux.) Alors, que l'on m'apporte une autre bête, mais je n'irai pas à pied, cornegidouille!
(On amène un énorme cheval.)
Père Ubu:
--Je vais monter dessus. Oh! assis plut?t! car je vais tomber. (Le cheval part.) Ah! arrêtez ma bête. Grand Dieu, je vais tomber et être mort!!!
Mère Ubu:
--Il est vraiment imbécile. Ah! le voilà relevé. Mais il est tombé par terre.
Père Ubu:
--Corne physique, je suis à moitié mort! Mais c'est égal, je pars en guerre et je tuerai tout le monde. Gare à qui ne marchera pas droit. Ji lon mets dans ma poche avec torsion du nez et des dents et extraction de la langue.
Mère Ubu:
--Bonne chance, monsieur Ubu.
Père Ubu:
--J'oubliais de te dire que je te confie la régence. Mais j'ai sur moi le livre des finances, tant pis pour toi si tu me voles. Je te laisse pour t'aider le Palotin Giron. Adieu, Mère Ubu.
Mère Ubu:
--Adieu, Père Ubu. Tue bien le czar.
Père Ubu:
--Pour s?r. Torsion du nez et des dents, extraction de la langue et enfoncement du petit bout de bois dans les oneilles.
(L'armée s'éloigne au bruit des fanfares.)
Mère Ubu (seule):
--Maintenant que ce gros pantin est parti, tachons de faire nos affaires, tuer Bougrelas et nous emparer du trésor.
Fin du Troisième Acte.
* * * * *
Acte IV--Scène Première
La crypte des anciens rois de Pologne dans la cathédrale de Varsovie.
MèRE UBU
Où donc est ce trésor? Aucune dalle ne sonne creux. J'ai pourtant bien compté treize pierres après le tombeau de Ladislas le Grand en allant le long du mur, et il n'y a rien. Il faut qu'on m'ait trompée. Voilà cependant: ici la pierre sonne creux. A l'oeuvre, Mère Ubu. Courage, descellons cette pierre. Elle tient bon. Prenons ce bout de croc à finances qui fera encore son office. Voilà! Voilà l'or au milieu des ossements des rois. Dans notre sac, alors, tout! Eh! quel est ce bruit? Dans ces vieilles vo?tes y aurait-il encore des vivants? Non, ce n'est rien, hatons-nous. Prenons tout. Cet argent sera mieux à la face du jour qu'au milieu des tombeaux des anciens princes. Remettons la pierre. Eh quoi! toujours ce bruit. Ma présence en ces lieux me cause une étrange frayeur. Je prendrai le reste de cet or une autre fois, je reviendrai demain.
Une voix (sortant du tombeau de Jean Sigismond):
--Jamais, Mère Ubu!
(La Mère Ubu se sauve affolée emportant l'or volé par la porte secrète.)

Scène II
La place de Varsovie.
BOUGRELAS & SES PARTISANS, PEUPLE & SOLDATS.
Bougrelas:
--En avant, mes amis! Vive Venceslas et la Pologne! le vieux gredin de Père Ubu est parti, il ne reste plus que la sorcière de Mère Ubu avec son Palotin. Je m'offre à marcher à votre tête et à rétablir la race de mes pères.
Tous:
--Vive Bougrelas!
Bougrelas:
--Et nous supprimerons tous les imp?ts établis par l'affreux Père Ub.
Tous:
--Hurrah! en avant! Courons au palais et massacrons cette engeance.
Bougrelas:
--Eh! voilà la Mère Ubu qui sort avec ses gardes sur le perron!
Mère Ubu:
--Que voulez-vous, messieurs? Ah! c'est Bougrelas.
(La foule lance des pierres.)
Premier Garde:
--Tous les carreaux sont cassés.
Deuxième Garde:
--Saint Georges, me voilà assommé.
Troisième Garde:
--Cornebleu, je meurs.
Bougrelas:
--Lancez des pierres, mes amis.
Le Palotin Giron:
--Hon! C'est ainsi! (Il déga?ne et se précipite faisant un carnage épouvantable.)
Bougrelas:
--A nous deux! Défends-toi, lache pistolet.
(Ils se battent.)
Giron:
--Je suis mort!
Bougrelas:
--Victoire, mes amis! Sus à la Mère Ubu!
(On entend des trompettes.)
Bougrelas:
--Ah! voilà les Nobles qui arrivent. Courons, attrapons la mauvaise harpie!
Tous:
--En attendant que nous étranglions le vieux bandit!
(La Mère Ubu se sauve poursuivie par tous les Polonais. Coups de fusil et grêle de pierres.)

Scène III
L'armée polonaise en marche dans l'Ukraine.
Père Ubu:
--Cornebleu, jambedieu, tête de vache! nous allons périr, car nous mourons
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