de Lithuanie!
Père Ubu:
--En avant, messieurs des Finances, faites votre devoir.
(Une lutte s'engage, la maison est détruite et le vieux Stanislas s'enfuit seul à travers la plaine. Ubu reste à ramasser la finance.)
Scène V
Une casemate des fortifications de Thorn.
BORDURE encha?né, PèRE UBU.
Père Ubu:
--Ah! citoyen, voilà ce que c'est, tu as voulu que je te paye ce que je te devais, alors tu t'es révolté parce que je n'ai pas voulu, tu as conspiré et te voilà coffré. Cornefinance, c'est bien fait et le tour est si bien joué que tu dois toi-même le trouver fort à ton go?t.
Bordure:
--Prenez garde, Père Ubu. Depuis cinq jours que vous êtes roi, vous avez commis plus de meurtres qu'il n'en faudrait pour damner tous les saints du Paradis. Le sang du roi et des nobles crie vengeance et ses cris seront entendus.
Père Ubu:
--Eh! mon bel ami, vous avez la langue fort bien pendue. Je ne doute pas que si vous vous échappiez il en pourrait résulter des complications, mais je ne crois pas que les casemates de Thorn aient jamais laché quelqu'un des honnêtes gar?ons qu'on leur avait confiés. C'est pourquoi, bonne nuit, et je vous invite à dormir sur les deux oneilles, bien que les rats dansent ici une assez belle sarabande.
(Il sort. Les Larbins viennent verrouiller toutes les portes.)
Scène VI
Le palais de Moscou.
L'EMPEREUR ALEXIS & sa Cour, BORDURE.
Le Czar Alexis:
--C'est vous, infame aventurier, qui avez coopéré à la mort de notre cousin Venceslas?
Bordure:
--Sire, pardonnez-moi, j'ai été entra?né malgré moi par le Père Ubu.
Alexis:
--Oh! l'affreux menteur. Enfin, que désirez-vous?
Bordure:
--Le Père Ubu m'a fait emprisonner sous prétexte de conspiration, je suis parvenu à m'échapper et j'ai couru cinq jours et cinq nuits à cheval à travers les steppes pour venir implorer Votre gracieuse miséricorde.
Alexis:
--Que m'apportes-tu comme gage de ta soumission?
Bordure:
--Mon épée d'aventurier et un plan détaillé de la ville de Thorn.
Alexis:
--Je prends l'épée, mais par Saint Georges, br?lez ce plan, je ne veux pas devoir ma victoire à une trahison.
Bordure:
--Un des fils de Venceslas, le jeune Bougrelas, est encore vivant, je ferai tout pour le rétablir.
Alexis:
--Quel grade avais-tu dans l'armée polonaise?
Bordure:
--Je commandais le 5e régiment des dragons de Wilna et une compagnie franche au service du Père Ubu.
Alexis:
--C'est bien, je te nomme sous-lieutenant au 10e régiment de Cosaques, et gare à toi si tu trahis. Si tu te bats bien, tu seras récompensé.
Bordure:
--Ce n'est pas le courage qui me manque, Sire.
Alexis:
--C'est bien, disparais de ma présence.
(Il sort.)
Scène VII
La salle du Conseil d'Ubu.
PèRE UBU, MèRE UBU, CONSEILLERS DE PHYNANCES.
Père Ubu:
--Messieurs, la séance est ouverte et tachez de bien écouter et de vous tenir tranquilles. D'abord, nous allons faire le chapitre des finances, ensuite nous parlerons d'un petit système que j'ai imaginé pour faire venir le beau temps et conjurer la pluie.
Un Conseiller:
--Fort bien, monsieur Ubu.
Mère Ubu:
--Quel sot homme.
Père Ubu:
--Madame de ma merdre, garde à vous, car je ne souffrirai pas vos sottises. Je vous disais donc, messieurs, que les finances vont passablement. Un nombre considérable de chiens à bas de laine se répand chaque matin dans les rues et les salopins font merveille. De tous c?tés on ne voit que des maisons br?lées et des gens pliant sous le poids de nos phynances.
Le Conseiller:
--Et les nouveaux imp?ts, monsieur Ubu, vont-ils bien?
Mère Ubu:
--Point du tout. L'imp?t sur les mariages n'a encore produit que 11 sous, et encore le Père Ubu poursuit les gens partout pour les forcer à se marier.
Père Ubu:
--Sabre à finances, corne de ma gidouille, madame la financière, j'ai des oneilles pour parler et vous une bouche pour m'entendre. (éclats de rire.) Ou plut?t non! Vous me faites tromper et vous êtes cause que je suis bête! Mais, corne d'Ubu! (Un Messager entre.) Allons, bon, qu'a-t-il encore celui-là? Va-t-en, sagouin, ou je te poche avec décollation et torsion des jambes.
Mère Ubu:
--Ah! le voilà dehors, mais il y a une lettre.
Père Ubu:
--Lis-la. Je crois que je perds l'esprit ou que je ne sais pas lire. Dépêche-toi, bouffresque, ce doit être de Bordure.
Mère Ubu:
--Tout justement. Il dit que le czar l'a accueilli très bien, qu'il va envahir tes états pour rétablir Bougrelas et que toi tu seras tué.
Père Ubu:
--Ho! ho! J'ai peur! J'ai peur! Ha! je pense mourir. O pauvre homme que je suis. Que devenir, grand Dieu? Ce méchant homme va me tuer, Saint Antoine et tous les saints, protégez-moi, je vous donnerai de la phynance et je br?lerai des cierges pour vous. Seigneur, que devenir? (Il pleure et sanglote.)
Mère Ubu:
--Il n'y a qu'un parti à prendre, Père Ubu.
Père Ubu:
--Lequel, mon amour?
Mère Ubu:
--La guerre!!
Tous:
--Vive Dieu! Voilà qui est noble!
Père Ubu:
--Oui, et je recevrai encore des coups.
Premier Conseiller:
--Courons, courons organiser l'armée.
Deuxième:
--Et réunir les vivres.
Troisième:
--Et préparer l'artillerie et les forteresses.
Quatrième:
--Et prendre l'argent pour les troupes.
Père Ubu:
--Ah! non, par exemple! Je vais te tuer, toi, je ne veux pas donner d'argent. En voilà d'une autre! J'étais payé pour faire
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