de sacrifier
désormais aux oiseaux et ensuite aux dieux, puis d'adjoindre
convenablement à chaque divinité l'oiseau qui aura le plus de rapport
avec elle. Sacrifie-t-on à Aphroditè, il faut offrir du froment à la piette.
Si on offre une brebis à Poséidôn, il faut donner du froment au canard.
Si l'on sacrifie à Hèraklès, il faut sacrifier à la mouette des gâteaux
miellés. Si l'on immole un bélier à Zeus, roi des dieux, le roitelet, en sa
qualité de roi des oiseaux, devra recevoir, avant Zeus même, le
sacrifice d'un moucheron mâle.
EVELPIDÈS.
Je suis ravi de ce sacrifice d'un moucheron. Qu'il tonne maintenant, le
pauvre Zeus!
LA HUPPE.
Mais comment les hommes nous prendront-ils pour des dieux, et non
pour des geais, nous qui volons et qui avons des ailes?
PISTHÉTÆROS.
Tu extravagues. Hé! de par Zeus! Hermès, tout dieu qu'il est, vole et
porte des ailes, ainsi qu'un grand nombre d'autres dieux. Et d'abord la
Victoire prend son vol avec des ailes d'or; et, de par Zeus! l'Amour en
fait autant. Et Homèros prétend qu'Iris ressemble à une timide colombe.
LA HUPPE.
Et Zeus tonnant ne lance-t-il pas sur nous la foudre ailée?
PISTHÉTÆROS.
Si donc les hommes, par ignorance, vous comptent pour rien et ne
croient qu'aux dieux de l'Olympos, il faut alors lancer une nuée de
moineaux et d'oiseaux granivores qui pillent toutes les semences de
leurs campagnes, et que Dèmètèr leur mesure le froment, quand ils
seront dans la misère.
EVELPIDÈS.
Elle ne voudra pas, de par Zeus! mais tu la verras alléguer des
prétextes.
PISTHÉTÆROS.
En outre, que les corbeaux fondant sur les attelages qui labourent la
terre, et sur les troupeaux, leur crèvent les yeux, en manière de preuve,
et qu'ensuite le médecin Apollôn les guérisse; on le paie pour cela.
EVELPIDÈS.
Oh! non, pas avant que j'aie vendu mes deux petits boeufs.
PISTHÉTÆROS.
Mais si les hommes vous regardent toi comme dieu, toi comme la vie,
toi comme la Terre, toi comme Kronos, toi comme Poséidôn, tous les
biens leur arriveront.
LA HUPPE.
De ces biens dis-m'en un seul.
PISTHÉTÆROS.
Premièrement les sauterelles ne rongeront plus les vignes en fleurs: un
bataillon de chouettes et de crécerelles les dévorera. Les moucherons et
les kinips ne mangeront plus les figues: tout cela sera nettoyé par une
troupe de grives.
LA HUPPE.
Et pour les enrichir, que ferons-nous? Car chez eux c'est une passion
violente.
PISTHÉTÆROS.
A ceux qui vous consulteront, on donnera les meilleures mines; on
indiquera au devin les marchés avantageux, et il ne périra plus un seul
marin.
LA HUPPE.
Comment n'en périra-t-il plus?
PISTHÉTÆROS.
Toujours l'oiseau, consulté sur la navigation, répondra: «Aujourd'hui,
ne mets pas à la voile, il y aura tempête. Aujourd'hui, mets à la voile, il
y aura profit.»
EVELPIDÈS.
J'achète un bateau et je navigue: je ne veux plus rester chez vous.
PISTHÉTÆROS.
Ils indiqueront aux hommes les trésors enfouis par leurs pères; ils
savent où est l'argent. Aussi dit-on partout: «Personne ne sait où gît
mon trésor, si ce n'est peut-être quelque oiseau.»
EVELPIDÈS.
Je frète un bateau, j'achète une pioche, et je déterre les vases pleins d'or.
LA HUPPE.
Mais comment leur donner la santé, qui est chez les dieux?
PISTHÉTÆROS.
S'ils sont heureux, n'est-ce pas la meilleure santé? Sache-le, un homme
malheureux ne se porte jamais bien.
LA HUPPE.
Comment parviendront-ils à la vieillesse? car elle est aussi dans
l'Olympos; ou faudra-t-il qu'ils meurent enfants?
PISTHÉTÆROS.
Mais, par Zeus! les oiseaux ajouteront trois cents ans à leur vie.
LA HUPPE.
Pris sur qui?
PISTHÉTÆROS.
Sur qui? Sur eux-mêmes. Ne sais-tu pas que la corneille babillarde vit
cinq âges d'hommes?
EVELPIDÈS.
Ah! ah! Comme voilà pour nous de bien meilleurs rois que Zeus!
PISTHÉTÆROS.
Bien meilleurs, n'est-ce pas? Et d'abord nous n'avons pas besoin de leur
bâtir des temples de marbre, ni de les fermer avec des portes d'or: ils
habiteront sous l'épaisseur des bois, sous les yeuses; puis les vénérables
parmi les oiseaux auront pour temple un olivier. Sans aller à Delphoe
ou auprès d'Ammôn, nous leur offrirons ici des sacrifices. Debout
parmi les arbousiers et les oliviers sauvages, nous leur présenterons une
poignée d'orge ou de blé et nous les prierons, les mains étendues, de
nous donner une part de leurs biens, et nous les aurons aussitôt en
échange de quelques grains de froment.
LE CHOEUR.
O vieillard, qui m'es devenu si cher, après m'avoir été si odieux, il n'est
plus possible que je m'écarte désormais volontairement de tes avis.
Confiant dans tes paroles, j'ai menacé, j'ai juré que si, lié avec moi par
des promesses loyales, sincères, sacrées, tu marches contre les dieux,
unis toi et moi par la même pensée, les dieux n'useront pas longtemps
le sceptre qui est à moi. Oui, tout ce qu'il faut exécuter par la force,
nous nous en chargeons; tout
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