Thermidor | Page 7

Ernest Hamel
roi pour avoir d��sert�� son poste. Toutefois, il se montra oppos��, comme s'il e?t pr��vu un pi��ge, �� la p��tition fameuse, r��dig��e par Laclos, au sujet de la d��ch��ance, p��tition que l'on devait colporter au Champ-de-Mars dans la journ��e du 17 juillet, et qui devait ��tre arros��e de tant de sang fran?ais.
Le soir m��me de cette journ��e, un grand changement se fit dans la vie de Robespierre. Jusque-l��, il avait demeur��, isol��, dans un petit appartement de la rue de Saintonge, au Marais, depuis le retour de l'Assembl��e �� Paris. Dans la soir��e du 17, comme on craignait que la cour et les ministres ne se portassent �� quelque extr��mit�� sur les meilleurs patriotes, M. et Mme. Roland l'engag��rent �� venir habiter avec eux, mais il pr��f��ra l'hospitalit�� qui lui fut offerte par le menuisier Duplay, son admirateur passionn��, qui allait devenir son ami le plus cher, et dont, jusqu'�� sa mort, il ne devait plus quitter la maison, situ��e rue Saint-Honor��, �� quelques pas de l'ancien couvent des Jacobins.
Jusqu'�� la fin de la Constituante, il ne cessa de lutter avec une intr��pidit�� sto?que contre l'esprit de r��action qui l'avait envahie. Lorsque le dernier jour du mois de septembre 1791, le pr��sident Thouret eut proclam�� que l'Assembl��e avait termin�� sa mission, une sc��ne ��trange se passa �� la porte de la salle. L��, le peuple attendait, des couronnes de ch��ne �� la main. Quand il aper?ut Robespierre et P��tion, il les leur mit sur la t��te. Les deux d��put��s essay��rent de se d��rober �� ce triomphe en montant dans une voiture de place, mais aussit?t les chevaux en furent d��tel��s et quelques citoyens s'attel��rent au fiacre, tenant �� honneur de le tra?ner eux-m��mes. Mais d��j�� Robespierre ��tait descendu de la voiture; il rappela le peuple au respect de sa propre dignit��, et, accompagn�� de P��tion, il regagna �� pied la demeure de son h?te, salu��s l'un et l'autre, sur leur passage, de ces cris d'amour: ?Voil�� les v��ritables amis, les d��fenseurs des droits du peuple.? Ici finit la p��riode la plus heureuse et la moins connue de la vie de Robespierre.

III
Apr��s ��tre all�� passer quelques semaines dans son pays natal, qu'il n'avait pas revu depuis deux ans, et o�� il fut ��galement l'objet d'une v��ritable ovation, il revint �� Paris qu'il trouva en proie �� une v��ritable fi��vre belliqueuse. Les Girondins, ma?tres de l'Assembl��e l��gislative, y avaient pr��ch�� la guerre �� outrance, et leurs discours avaient port�� au supr��me degr�� l'exaltation des esprits.
Au risque de compromettre sa popularit��, Robespierre essaya de calmer l'effervescence publique et de signaler les dangers d'une guerre intempestive. La guerre, dirig��e par une cour ��videmment hostile aux principes de la R��volution, lui semblait la chose la plus dangereuse du monde. Ce serait, dit-il, la guerre de tous les ennemis de la Constitution fran?aise contre la R��volution, ceux du dedans et ceux du dehors. ?Peut-on, raisonnablement, ajouta-t-il, compter au nombre des ennemis du dedans la cour et les agents du pouvoir ex��cutif? Je ne puis r��soudre cette question, mais je remarque que les ennemis du dehors, les rebelles fran?ais et ceux qui passent pour vouloir les soutenir, pr��tendent qu'ils ne sont les d��fenseurs que de la cour de France et de la noblesse fran?aise.? Il parvint �� ramener �� son opinion la plus grande partie des esprits; les Girondins ne le lui pardonn��rent pas, et ce fut l�� le point de d��part de leur acharnement contre lui.
La guerre se fit n��anmoins. Mais ses d��buts, peu heureux, prouv��rent combien Maximilien avait eu raison de conseiller �� la France d'attendre qu'elle f?t attaqu��e avant de tirer elle-m��me l'��p��e du fourreau.
On vit alors Robespierre donner sa d��mission d'accusateur public, aimant mieux servir la R��volution comme simple citoyen que comme fonctionnaire. Il fonda, sous le titre de _D��fenseur de la Constitution_, un journal pour d��fendre cette Constitution, non pas contre les id��es de progr��s, dont il avait ��t�� �� la Constituante l'ardent propagateur, mais contre les entreprises possibles de la cour, convaincu, dit-il, que le salut public ordonnait �� tous les bons citoyens de se r��fugier �� l'abri de la Constitution pour repousser les attaques de l'ambition et du despotisme. Il mettait donc au service de la R��volution son journal et la tribune des Jacobins, dont il ��tait un des principaux orateurs, se gardant bien, du reste, d'��tre le flagorneur du peuple et n'h��sitant jamais �� lui dire la v��rit��.
Cela se vit bien aux Jacobins, le 19 mars 1792, quand le ministre girondin Dumouriez vint, coiff�� du bonnet rouge, promettre �� la soci��t�� de se conduire en bon patriote. Au moment o��, la t��te nue et les cheveux poudr��s, Robespierre se dirigeait vers la tribune pour lui r��pondre, un _sans-culotte_ lui mit un bonnet rouge sur la t��te. Aussit?t il arracha le bonnet sacr�� et le jeta d��daigneusement �� terre, t��moignant,
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