chose qu'un acte d'accusation en bonne forme contre l'ancienne soci��t�� fran?aise. Aussi, sa candidature f?t-elle vivement combattue par les privil��gi��s qui, dans le camp du tiers-��tat, disposaient de beaucoup d'��lecteurs. Il n'en fut pas moins ��lu d��put�� aux ��tats-g��n��raux le 26 avril 1789, et, presque tout de suite, il partit pour Paris o�� l'attendait une carri��re si glorieuse et si tragique.
II.
Ses d��buts �� l'Assembl��e constituante furent modestes; mais il allait bient?t s'y faire une situation pr��pond��rante. Assis �� l'extr��me gauche de l'Assembl��e, il ��tait de ceux qui voulaient imprimer �� la R��volution un caract��re enti��rement d��mocratique, et il s'associa �� toutes les mesures par lesquelles le tiers-��tat signala son av��nement. Toutes les libert��s eurent en lui le plus intr��pide d��fenseur. R��pondant �� ceux qui s'effor?aient d'opposer des restrictions �� l'expansion de la pens��e, il disait: ?La libert�� de la presse est une partie ins��parable de celle de communiquer ses pens��es; vous ne devez donc pas balancer �� la d��clarer franchement.? Lorsque l'Assembl��e discuta une motion de Target, tendant �� faire proclamer que le gouvernement ��tait monarchique, il demanda que chacun p?t discuter librement la nature du gouvernement qu'il convenait de donner �� la France.
Accueilli par les cris: _A l'ordre! �� l'ordre!_ il n'en insista pas moins, vainement d'ailleurs, pour la prise en consid��ration de sa motion. Ses tendances d��mocratiques se trouvaient donc nettement dessin��es d��s cette ��poque, et la cour le consid��rait comme son plus terrible adversaire, d'autant plus redoutable qu'elle le savait inaccessible �� toute esp��ce de corruption.
Sa renomm��e allait grandissant de jour en jour. Ses efforts d��sesp��r��s et vains pour faire p��n��trer dans la Constitution nouvelle le suffrage universel, achev��rent de porter au comble sa popularit��.
Mais il n'y avait pas que les prol��taires qui fussent priv��s du droit de participer aux affaires publiques. Deux classes d'hommes, sous l'ancien r��gime, ��taient compl��tement en dehors du droit commun, c'��taient les juifs et les com��diens. L'abb�� Maury, ayant propos�� de maintenir leur exclusion de la vie civile, Robespierre s'��lan?a �� la tribune: ?Il ��tait bon, dit-il, en parlant des com��diens, qu'un membre de cette Assembl��e v?nt r��clamer en faveur d'une classe trop longtemps opprim��e....? Et, �� propos des juifs: ?On vous a dit sur les juifs des choses infiniment exag��r��es et souvent contraires �� l'histoire. Je pense qu'on ne peut priver aucun des individus de ces classes des droits sacr��s que leur donne le titre d'hommes. Cette cause est la cause g��n��rale....? Plus heureux cette fois, il finit par triompher, grace au puissant concours de Mirabeau.
?Cet homme, ira loin, disait ce dernier, il croit tout ce qu'il dit.? Il n'��tait pas de question importante o�� il n'interv?nt dans le sens le plus large et le plus d��mocratique. Dans les discussions relatives aux affaires religieuses, il se montra, ce qu'il devait rester toujours, le partisan de la tol��rance la plus absolue et le d��fenseur r��solu de la libert�� des cultes, n'h��sitant pas d'ailleurs �� appuyer de sa parole, m��me contre le sentiment populaire, ce qui lui paraissait conforme �� la justice et �� l'��quit��.
Ce fut �� sa voix que l'Assembl��e constituante d��cida qu'aucun de ses membres ne pourrait ��tre promu au minist��re pendant les quatre ann��es qui suivraient la session, ni ��lu �� la l��gislature suivante, double motion qui d��rangea bien des calculs ambitieux, et qui t��moignait de son profond d��sint��ressement. Il jouissait alors d'un ascendant consid��rable sur ses coll��gues. Les journaux de l'��poque c��l��braient �� l'envi ses vertus, ses talents, son courage, son ��loquence. D��j��, le peuple l'avait salu�� du nom d'Incorruptible, qui lui restera dans l'histoire.
En revanche, il ��tait en butte �� la haine profonde de la r��action. Mais cela le touchait peu. ?Je trouve un d��dommagement suffisant de la haine aristocratique qui s'est attach��e �� moi dans les t��moignages de bienveillance dont m'honorent tous les bons citoyens?, ��crivait-il �� un de ses amis, le 1er avril 1790. Il venait d'��tre nomm�� pr��sident de la _Soci��t�� des Amis de la Constitution_, dont il avait ��t�� l'un des fondateurs.
Au mois de juin de l'ann��e suivante, il ��tait nomm�� accusateur public par les ��lecteurs de Versailles et de Paris. Il accepta, non sans quelque h��sitation, la place d'accusateur pr��s le tribunal criminel de Paris. ?Quelque honorable que soit un pareil choix?, ��crivait-il �� l'un de ses amis �� Arras, ?je n'envisage qu'avec frayeur les travaux p��nibles auxquels cette place va me condamner ... mais, ajoute-t-il avec une sorte de tristesse et un ��trange pressentiment, je suis appel�� �� une destin��e orageuse; il faut en suivre le cours jusqu'�� ce que j'aie fait le dernier sacrifice que je pourrai offrir �� ma patrie.? Il venait �� peine d'��tre appel�� �� ces fonctions que le roi et la reine quittaient les Tuileries et Paris.
On conna?t les tristes p��rip��ties de l'arrestation de Varennes. Robespierre fut de ceux qui alors propos��rent la mise en accusation du
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