de jours nous nous verrons; c'est la plus douce récompense de mes fatigues et de mes peines.
Mille baisers ardents et bien amoureux.
BONAPARTE.
LETTRE X
à Joséphine, à Milan.
Ronco, le 26 fructidor an IV, à 10 heures du matin (12 septembre 1706).
Je suis ici, ma chère Joséphine, depuis deux jours, mal couché, mal nourri et bien contrarié d'être loin de toi.
Wurmser est cerné; il a avec lui trois mille hommes de cavalerie et cinq mille hommes d'infanterie. Il est à Porto-Legagno; il cherche à se retirer à Mantoue; mais cela lui devient désormais impossible. Dès l'instant que cette affaire sera terminée, je serai dans tes bras.
Je t'embrasse un million de fois.
BONAPARTE.
LETTRE XI
à Joséphine, à Milan.
Vérone, premier Jour complémentaire an IV (le 17 septembre 1796).
Je t'écris, ma bonne amie, bien souvent, et toi peu. Tu es une méchante et une laide, bien laide, autant que tu es légère. Cela est perfide, tromper un pauvre mari, un tendre amant! Doit-il perdre ses droits parce qu'il est loin, chargé de besogne, de fatigue et de peine? Sans sa Joséphine, sans l'assurance de son amour, que lui reste-t-il sur la terre? Qu'y ferait-il?
Nous avons eu hier une affaire très sanglante; l'ennemi a perdu beaucoup de monde et a été complètement battu. Nous lui avons pris le faubourg de Mantoue.
Adieu, adorable Joséphine; une de ces nuits, les portes s'ouvriront avec fracas: comme un jaloux, et me voilà dans tes bras.
Mille baisers amoureux.
BONAPARTE.
LETTRE XII
à Joséphine, à Milan.
Modène, le 23 vendémiaire an V, à 9 heures du soir. (17 octobre 1796).
J'ai été avant-hier toute la journée en campagne. J'ai gardé hier le lit. La fièvre et un violent mal de tête, tout cela m'a empêché d'écrire à mon adorable amie; mais j'ai re?u ses lettres; je les ai pressées contre mon coeur et mes lèvres, et la douleur de l'absence, cent milles d'éloignement, ont disparu. Dans ce moment je t'ai vue près de moi, non capricieuse et fachée, mais douce, tendre, avec cette onction de bonté qui est exclusivement le partage de ma Joséphine. C'était un rêve; juge si cela m'a guéri de la fièvre. Tes lettres sont froides comme cinquante ans, elles ressemblent à quinze ans de mariage. On y voit l'amitié et les sentiments de cet hiver de la vie. Fi! Joséphine!... C'est bien méchant, bien mauvais, bien tra?tre à vous. Que vous reste-t-il pour me rendre bien à plaindre? Ne plus m'aimer? Eh! c'est déjà fait. Me ha?r? Eh bien! je le souhaite, tout avilit hors la haine; mais l'indifférence au pouls de marbre, à l'oeil fixe, à la démarche monotone!...
Mille, mille baisers bien tendres, comme mon coeur.
Je me porte un peu mieux, je pars demain. Les Anglais évacuent la Méditerranée. La Corse est à nous. Bonne nouvelle pour la France et pour l'armée.
BONAPARTE.
LETTRE XIII
à Joséphine, à Milan.
Vérone, le 10 brumaire an V (9 novembre 1790).
Je suis arrivé depuis avant-hier à Vérone, ma bonne amie. Quoique fatigué, je suis bien portant, bien affairé et je t'aime toujours à la passion. Je monte à cheval.
Je t'embrasse mille fois.
BONAPARTE.
LETTRE XIV
à Joséphine, à Milan.
Vérone, le 3 frimaire an V (13 novembre 1796).
Je ne t'aime plus du tout; au contraire, je te déteste. Tu es une vilaine, bien gauche, bien bête, bien cendrillon. Tu ne m'écris pas du tout, tu n'aimes pas ton mari; tu sais le plaisir que tes lettres lui font, et tu ne lui écris pas six lignes jetées au hasard.
Que faites-vous donc toute la journée, madame? Quelle affaire si importante vous ?te le temps d'écrire à votre bien bon amant? Quelle affection étouffe et met de c?té l'amour, le tendre et constant amour que vous lui avez promis? Quel peut être ce merveilleux, ce nouvel amant qui absorbe tous vos instants, tyrannise vos journées et vous empêche de vous occuper de votre mari? Joséphine, prenez-y garde, une belle nuit les portes enfoncées et me voilà.
En vérité, je suis inquiet, ma bonne amie, de ne pas recevoir de tes nouvelles; écris-moi vite quatre pages et de ces aimables choses qui remplissent mon coeur de sentiment et de plaisir.
J'espère qu'avant peu je te serrerai dans mes bras, et je te couvrirai d'un million de baisers br?lants comme sous l'équateur.
BONAPARTE.
LETTRE XV
à Joséphine, à Milan.
Vérone, le 4 frimaire an V (24 novembre 1796).
J'espère bient?t, ma douce amie, être dans tes bras. Je t'aime à la fureur. J'écris à Paris par ce courrier. Tout va bien. Wurmser a été battu hier sous Mantoue. Il ne manque à ton mari que l'amour de Joséphine pour être heureux.
BONAPARTE.
LETTRE XVI
à Joséphine, à Gênes.
Milan, le 7 frimaire an V, à trois heures après-midi (27 novembre 1796).
J'arrive à Milan, je me précipite dans ton appartement, j'ai tout quitté pour te voir, te presser dans mes bras;... tu n'y étais pas: tu cours les villes avec des fêtes; tu t'éloignes de moi lorsque j'arrive, tu ne te soucies
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