Tendresses impériales | Page 6

Napoleon Bonaparte
puisses croire, ma bonne amie, que mon coeur puisse s'ouvrir à d'autres qu'à toi; il t'appartient par droit de conquête et cette conquête sera solide, et éternelle. Je ne sais pourquoi tu me parles de Mme Te..., dont je me soucie fort peu, ainsi que des femmes de Brescia. Quant à tes lettres qu'il te fache que j'ouvre, celle-ci sera la dernière; ta lettre n'était pas arrivée.
Adieu, ma tendre amie, donne-moi souvent de tes nouvelles. Viens promptement me joindre et sois heureuse et sans inquiétude; tout va bien, et mon coeur est à toi pour la vie.
Aie soin de rendre à l'adjudant général Miollis la bo?te de médailles qu'il m'écrit t'avoir remise. Les hommes sont si mauvaise langue et si méchants qu'il faut se mettre en règle sur tout.
Santé, amour et prompte arrivée à Brescia.
J'ai à Milan une voiture à la fois de ville et de campagne; tu te serviras de celle-là pour venir. Porte avec toi ton argenterie et une partie des objets qui te sont nécessaires. Voyage à petites journées et pendant le frais, afin de ne pas te fatiguer. La troupe ne met que trois jours pour se rendre à Brescia. Il y a, en poste, pour quatorze heures de chemin. Je t'invite à coucher le 6 à Cassano; je viendrai à ta rencontre le 7, le plus loin possible.
Adieu, ma Joséphine. Mille tendres baisers.
BONAPARTE.

LETTRE VI
à Joséphine, à Milan.
Brescia, le 13 fructidor an IV (10 ao?t 1796).
J'arrive, mon adorée amie, ma première pensée est de t'écrire. Ta santé et ton image ne sont pas sorties un instant de ma mémoire pendant toute la route. Je ne serai tranquille que lorsque j'aurai re?u des lettres de toi. J'en attends avec impatience. Il n'est pas possible que tu te peignes mon inquiétude. Je t'ai laissée triste, chagrine et demi-malade. Si l'amour le plus profond et le plus tendre pouvait te rendre heureuse, tu devrais l'être.... Je suis accablé d'affaires.
Adieu, ma douce Joséphine; aime-moi, porte-toi bien et pense souvent, souvent à moi.
BONAPARTE.

LETTRE VII
à Joséphine, à Milan.
Brescia, le 14 fructidor an IV (31 ao?t).
Je pars à l'instant pour Vérone. J'avais espéré recevoir une lettre de toi; cela me met dans une inquiétude affreuse. Tu étais un peu malade lors de mon départ; je t'en prie, ne me laisse pas dans une pareille inquiétude. Tu m'avais promis plus d'exactitude; ta langue était cependant bien d'accord alors avec ton coeur... Toi, à qui la nature a donné douceur, aménité et tout ce qui pla?t, comment peux-tu oublier celui qui t'aime avec tant de chaleur? Trois jours sans lettres de toi; je t'ai cependant écrit plusieurs fois. L'absence est horrible, les nuits sont longues, ennuyeuses et fades; la journée est monotone.
Aujourd'hui, seul avec les pensées, les travaux, les écritures, les hommes et leurs fastueux projets, je n'ai pas même un billet de toi que je puisse presser contre mon coeur.
Le quartier général est parti; je pars dans une heure. J'ai re?u cette nuit un exprès de Paris; il n'y avait pour toi que la lettre ci-jointe qui te fera plaisir.
Pense à moi, vis pour moi, sois souvent avec ton bien-aimé et crois qu'il n'est pour lui qu'un seul malheur qui l'effraie, ce serait de n'être plus aimé de sa Joséphine. Mille baisers bien doux, bien tendres, bien exclusifs.
Fais partir de suite M. Monclas pour Vérone; je le placerai. Il faut qu'il soit arrivé avant le 18.
BONAPARTE.

LETTRE VIII
à Joséphine, à Milan.
Ala, le 17 fructidor an IV (3 septembre 1796).
Nous sommes en pleine campagne, mon adorable amie; nous avons culbuté les postes ennemis; nous leur avons pris huit ou dix chevaux avec un pareil nombre de cavaliers. La troupe est très gaie et bien disposée. J'espère que nous ferons de bonnes affaires et que nous entrerons dans Trente le 10.
Point de lettres de toi; cela m'inquiète vraiment; l'on m'assure cependant que tu te portes bien et que même tu as été te promener au lac de C?me. J'attends tous les jours et avec impatience le courrier où tu m'apprendras de tes nouvelles; tu sais combien elles me sont chères. Je ne vis pas loin de toi; le bonheur de la vie est près de ma douce Joséphine. Pense à moi! écris-moi souvent, bien souvent; c'est le seul remède à l'absence; elle est cruelle, mais sera, j'espère, momentanée.
BONAPARTE.

LETTRE IX
à Joséphine, à Milan.
Montebello, le 24 fructidor an IV, à midi (10 septembre 1796).
L'ennemi a perdu, ma chère amie, dix-huit mille hommes prisonniers; le reste est tué ou blessé. Wurmser, avec une colonne de quinze cents chevaux et cinq mille hommes d'infanterie, n'a plus d'autre ressource que de se jeter dans Mantoue.
Jamais nous n'avons eu de succès aussi constants et aussi grands. L'Italie, le Frioul, le Tyrol sont assurés à la République. Il faut que l'empereur crée une seconde armée; artillerie, équipages de pont, bagages, tout est pris.
Sous peu
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