Tendresses impériales | Page 7

Napoleon Bonaparte
et avec impatience le courrier où tu
m'apprendras de tes nouvelles; tu sais combien elles me sont chères. Je
ne vis pas loin de toi; le bonheur de la vie est près de ma douce
Joséphine. Pense à moi! Écris-moi souvent, bien souvent; c'est le seul
remède à l'absence; elle est cruelle, mais sera, j'espère, momentanée.
BONAPARTE.

LETTRE IX
À Joséphine, à Milan.
Montebello, le 24 fructidor an IV, à midi (10 septembre 1796).
L'ennemi a perdu, ma chère amie, dix-huit mille hommes prisonniers;
le reste est tué ou blessé. Wurmser, avec une colonne de quinze cents
chevaux et cinq mille hommes d'infanterie, n'a plus d'autre ressource
que de se jeter dans Mantoue.
Jamais nous n'avons eu de succès aussi constants et aussi grands.
L'Italie, le Frioul, le Tyrol sont assurés à la République. Il faut que
l'empereur crée une seconde armée; artillerie, équipages de pont,
bagages, tout est pris.
Sous peu de jours nous nous verrons; c'est la plus douce récompense de
mes fatigues et de mes peines.
Mille baisers ardents et bien amoureux.
BONAPARTE.

LETTRE X
À Joséphine, à Milan.
Ronco, le 26 fructidor an IV, à 10 heures du matin (12 septembre

1706).
Je suis ici, ma chère Joséphine, depuis deux jours, mal couché, mal
nourri et bien contrarié d'être loin de toi.
Wurmser est cerné; il a avec lui trois mille hommes de cavalerie et cinq
mille hommes d'infanterie. Il est à Porto-Legagno; il cherche à se retirer
à Mantoue; mais cela lui devient désormais impossible. Dès l'instant
que cette affaire sera terminée, je serai dans tes bras.
Je t'embrasse un million de fois.
BONAPARTE.

LETTRE XI
À Joséphine, à Milan.
Vérone, premier Jour complémentaire an IV (le 17 septembre 1796).
Je t'écris, ma bonne amie, bien souvent, et toi peu. Tu es une méchante
et une laide, bien laide, autant que tu es légère. Cela est perfide,
tromper un pauvre mari, un tendre amant! Doit-il perdre ses droits
parce qu'il est loin, chargé de besogne, de fatigue et de peine? Sans sa
Joséphine, sans l'assurance de son amour, que lui reste-t-il sur la terre?
Qu'y ferait-il?
Nous avons eu hier une affaire très sanglante; l'ennemi a perdu
beaucoup de monde et a été complètement battu. Nous lui avons pris le
faubourg de Mantoue.
Adieu, adorable Joséphine; une de ces nuits, les portes s'ouvriront avec
fracas: comme un jaloux, et me voilà dans tes bras.
Mille baisers amoureux.
BONAPARTE.

LETTRE XII
À Joséphine, à Milan.
Modène, le 23 vendémiaire an V, à 9 heures du soir. (17 octobre 1796).
J'ai été avant-hier toute la journée en campagne. J'ai gardé hier le lit. La
fièvre et un violent mal de tête, tout cela m'a empêché d'écrire à mon
adorable amie; mais j'ai reçu ses lettres; je les ai pressées contre mon
coeur et mes lèvres, et la douleur de l'absence, cent milles
d'éloignement, ont disparu. Dans ce moment je t'ai vue près de moi,
non capricieuse et fâchée, mais douce, tendre, avec cette onction de
bonté qui est exclusivement le partage de ma Joséphine. C'était un rêve;
juge si cela m'a guéri de la fièvre. Tes lettres sont froides comme
cinquante ans, elles ressemblent à quinze ans de mariage. On y voit
l'amitié et les sentiments de cet hiver de la vie. Fi! Joséphine!... C'est
bien méchant, bien mauvais, bien traître à vous. Que vous reste-t-il
pour me rendre bien à plaindre? Ne plus m'aimer? Eh! c'est déjà fait.
Me haïr? Eh bien! je le souhaite, tout avilit hors la haine; mais
l'indifférence au pouls de marbre, à l'oeil fixe, à la démarche
monotone!...
Mille, mille baisers bien tendres, comme mon coeur.
Je me porte un peu mieux, je pars demain. Les Anglais évacuent la
Méditerranée. La Corse est à nous. Bonne nouvelle pour la France et
pour l'armée.
BONAPARTE.

LETTRE XIII
À Joséphine, à Milan.
Vérone, le 10 brumaire an V (9 novembre 1790).

Je suis arrivé depuis avant-hier à Vérone, ma bonne amie. Quoique
fatigué, je suis bien portant, bien affairé et je t'aime toujours à la
passion. Je monte à cheval.
Je t'embrasse mille fois.
BONAPARTE.

LETTRE XIV
À Joséphine, à Milan.
Vérone, le 3 frimaire an V (13 novembre 1796).
Je ne t'aime plus du tout; au contraire, je te déteste. Tu es une vilaine,
bien gauche, bien bête, bien cendrillon. Tu ne m'écris pas du tout, tu
n'aimes pas ton mari; tu sais le plaisir que tes lettres lui font, et tu ne lui
écris pas six lignes jetées au hasard.
Que faites-vous donc toute la journée, madame? Quelle affaire si
importante vous ôte le temps d'écrire à votre bien bon amant? Quelle
affection étouffe et met de côté l'amour, le tendre et constant amour que
vous lui avez promis? Quel peut être ce merveilleux, ce nouvel amant
qui absorbe
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