Supplement au Voyage de Bougainville | Page 5

Denis Diderot
mains nos filles, nos femmes, nos enfants?; ceux qui ont approch�� tes femmes?; celles qui ont approch�� tes hommes. Nos champs seront tremp��s du sang impur qui a pass�� de tes veines dans les n?tres?; ou nos enfants, condamn��s �� nourrir et �� perp��tuer le mal que tu as donn�� aux p��res et aux m��res, et qu'ils transmettront �� jamais �� leurs descendants. Malheureux?! tu seras coupable, ou des ravages qui suivront les funestes caresses des tiens, ou des meurtres que nous commettrons pour en arr��ter le poison. Tu parles de crimes?! as-tu l'id��e d'un plus grand crime que le tien?? Quel est chez toi le chatiment de celui qui tue son voisin?? la mort par le fer. Quel est chez toi le chatiment du lache qui l'empoisonne?? la mort par le feu. Compare ton forfait �� ce dernier?; et dis-nous, empoisonneur de nations, le supplice que tu m��rites?? Il n'y a qu'un moment, la jeune Tahitienne s'abandonnait avec transport aux embrassements du jeune Tahitien?; elle attendait avec impatience que sa m��re, autoris��e par l'age nubile, relevat son voile, et m?t sa gorge �� nu. Elle ��tait fi��re d'exciter les d��sirs, et d'irriter les regards amoureux de l'inconnu, de ses parents, de son fr��re?! elle acceptait sans frayeur et sans honte, en notre pr��sence, au milieu d'un cercle d'innocents Tahitiens, au son des fl?tes, entre les danses, les caresses de celui que son jeune coeur et la voix secr��te de ses sens lui d��signaient. L'id��e de crime et le p��ril de la maladie sont entr��s avec toi parmi nous. Nos jouissances, autrefois si douces, sont accompagn��es de remords et d'effroi. Cet homme noir, qui est pr��s de toi, qui m'��coute, a parl�� �� nos gar?ons?; je ne sais ce qu'il a dit �� nos filles?; mais nos gar?ons h��sitent?; mais nos filles rougissent. Enfonce-toi, si tu veux, dans la for��t obscure avec la compagne perverse de tes plaisirs?; mais accorde aux bons et simples Tahitiens de se reproduire sans honte, �� la face du ciel et au grand jour. Quel sentiment plus honn��te et plus grand pourrais-tu mettre �� la place de celui que nous leur avons inspir��, et qui les anime?? Ils pensent que le moment d'enrichir la nation et la famille d'un nouveau citoyen est venu, et ils s'en glorifient. Ils mangent pour vivre et pour cro?tre?: ils croissent pour multiplier, et ils n'y trouvent ni vice, ni honte. ��coute la suite de tes forfaits. A peine t'es-tu montr�� parmi eux, qu'ils sont devenus voleurs. �� peine es-tu descendu dans notre terre, qu'elle a fum�� de sang. Ce Tahitien qui courut �� ta rencontre, qui t'accueillit, qui te re?ut en criant?: Talo?! ami, ami?; vous l'avez tu��. Et pourquoi l'avez-vous tu��?? parce qu'il avait ��t�� s��duit par l'��clat de tes petits oeufs de serpents. Il te donnait ses fruits?; il t'offrait sa femme et sa fille?; il te c��dait sa cabane?: et tu l'as tu�� pour une poign��e de ces grains, qu'il avait pris sans te les demander. Et ce peuple?? Au bruit de ton arme meurtri��re, la terreur s'est empar��e de lui?; et il s'est enfui dans la montagne. Mais crois qu'il n'aurait pas tard�� d'en descendre?; crois qu'en un instant, sans moi, vous p��rissiez tous. Eh?! pourquoi les ai-je apais��s?? pourquoi les ai-je contenus?? pourquoi les contiens-je encore dans ce moment?? Je l'ignore?; car tu ne m��rites aucun sentiment de piti��?; car tu as une ame f��roce qui ne l'��prouva jamais. Tu t'es promen��, toi et les tiens, dans notre ?le?; tu as ��t�� respect��?; tu as joui de tout?; tu n'as trouv�� sur ton chemin ni barri��re, ni refus?: on t'invitait, tu t'asseyais?; on ��talait devant toi l'abondance du pays. As-tu voulu de jeunes filles?? except�� celles qui n'ont pas encore le privil��ge de montrer leur visage et leur gorge, les m��res t'ont pr��sent�� les autres toutes nues?; te voil��, possesseur de la tendre victime du devoir hospitalier?; on a jonch��, pour elle et pour toi, la terre de feuilles et de fleurs?; les musiciens ont accord�� leurs instruments?; rien n'a troubl�� la douceur, ni g��n�� la libert�� de tes caresses et des siennes. On a chant�� l'hymne, l'hymne qui t'exhortait �� ��tre homme, qui exhortait notre enfant �� ��tre femme, et femme complaisante et voluptueuse. On a dans�� autour de votre couche?; et c'est au sortir des bras de cette femme, apr��s avoir ��prouv�� sur son sein la plus douce ivresse, que tu as tu�� son fr��re, son ami, son p��re, peut-��tre. Tu as fait pis encore?; regarde de ce c?t��?; vois cette enceinte h��riss��e de fl��ches?; ces armes qui n'avaient menac�� que nos ennemis, vois-les tourn��es contre nos propres enfants?: vois les malheureuses compagnes de vos plaisirs?; vois leur tristesse?; vois la douleur de leurs p��res?; vois le d��sespoir de leurs m��res?: c'est
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