Souvenirs entomologiques - Livre I | Page 3

Jean-Henri Fabre
et plate, est cr��nel�� de six dentelures angulaires rang��es en demi-cercle. C'est l�� l'outil de fouille et de d��p��cement, le rateau qui soul��ve et rejette les fibres v��g��tales non nutritives, va au meilleur, le ratisse et le rassemble. Un choix est ainsi fait, car pour ces fins connaisseurs, ceci vaut mieux que cela; choix par �� peu pr��s, si le Scarab��e s'occupe de ses propres victuailles, mais d'une scrupuleuse rigueur s'il faut confectionner la boule maternelle, creus��e d'une niche centrale o�� l'oeuf doit ��clore. Alors tout brin fibreux est soigneusement rejet��, et la quintessence stercoraire seule cueillie pour batir la couche interne de la cellule. �� sa sortie de l'oeuf, la jeune larve trouve ainsi, dans la paroi m��me de sa loge, un aliment raffin�� qui lui fortifie l'estomac et lui permet d'attaquer plus tard les couches externes et grossi��res.
Pour ses besoins �� lui, le Scarab��e est moins difficile, et se contente d'un triage en gros. Le chaperon dentel�� ��ventre donc et fouille, ��limine et rassemble un peu au hasard. Les jambes ant��rieures concourent puissamment �� l'ouvrage. Elles sont aplaties, courb��es en arc de cercle, relev��es de fortes nervures et arm��es en dehors de cinq robustes dents. Faut-il faire acte de force, culbuter un obstacle, se frayer une voie au plus ��pais du monceau, le bousier joue des coudes, c'est-��-dire qu'il d��ploie de droite et de gauche ses jambes dentel��es, et d'un vigoureux coup de rateau d��blaie une demi-circonf��rence. La place faite, les m��mes pattes ont un autre genre de travail: elles recueillent par brass��es la mati��re ratel��e par le chaperon et la conduisent sous le ventre de l'insecte, entre les quatre pattes post��rieures. Celles-ci sont conform��es pour le m��tier de tourneur. Leurs jambes, surtout celles de la derni��re paire, sont longues et fluettes, l��g��rement courb��es en arc et termin��es par une griffe tr��s-aigu?. Il suffit de les voir pour reconna?tre en elles un compas sph��rique, qui, dans ses branches courbes, enlace un corps globuleux pour en v��rifier, en corriger la forme. Leur r?le est, en effet, de fa?onner la boule.
Brass��e par brass��e, la mati��re s'amasse sous le ventre, entre les quatre jambes, qui, par une simple pression, lui communiquent leur propre courbure et lui donnent une premi��re fa?on. Puis, par moments, la pilule d��grossie est mise en branle entre les quatre branches du double compas sph��rique; elle tourne sous le ventre du bousier et se perfectionne par la rotation. Si la couche superficielle manque de plasticit�� et menace de s'��cailler, si quelque point trop filandreux n'ob��it pas �� l'action du tour, les pattes ant��rieures retouchent les endroits d��fectueux; �� petits coups de leurs larges battoirs, elles tapent la pilule pour faire prendre corps �� la couche nouvelle et emplatrer dans la masse les brins r��calcitrants.
Par un soleil vif, quand l'ouvrage presse, on est ��merveill�� de la f��brile prestesse du tourneur. Aussi la besogne marche-t-elle vite: c'��tait tant?t une maigre pilule, c'est maintenant une bille de la grosseur d'une noix, ce sera tout �� l'heure une boule de la grosseur d'une pomme. J'ai vu des goulus en confectionner de la grosseur du poing. Voil�� certes sur la planche du pain pour quelques jours.
Les provisions sont faites; il s'agit maintenant de se retirer de la m��l��e et d'acheminer les vivres en lieu opportun. L��, commencent les traits de moeurs les plus frappants du Scarab��e. Sans d��lai, le bousier se met en route; il embrasse la sph��re de ses deux longues jambes post��rieures, dont les griffes terminales, implant��es dans la masse, servent de pivots de rotation; il prend appui sur les jambes interm��diaires, et faisant levier avec les brassards dentel��s des pattes de devant, qui tour �� tour pressent sur le sol, il progresse �� reculons avec sa charge, le corps inclin��, la t��te en bas, l'arri��re-train en haut. Les pattes post��rieures, organe principal de la m��canique, sont dans un mouvement continuel; elles vont et viennent, d��pla?ant la griffe pour changer l'axe de rotation, maintenir la charge en ��quilibre et la faire avancer par les pouss��es alternatives de droite et de gauche. �� tour de r?le, la boule se trouve de la sorte en contact avec le sol par tous les points de sa surface, ce qui la perfectionne dans sa forme et donne consistance ��gale �� sa couche ext��rieure par une pression uniform��ment r��partie.
Et hardi! ?a va, ?a roule; on arrivera, non sans encombre cependant. Voici un premier pas difficile: le bousier s'achemine en travers d'un talus, et la lourde masse tend �� suivre la pente; mais l'insecte, pour des motifs �� lui connus, pr��f��re croiser cette voie naturelle, projet audacieux dont l'insucc��s d��pend d'un faux pas, d'un grain de sable troublant l'��quilibre. Le faux pas est fait, la boule roule au fond de la vall��e; l'insecte, culbut�� par l'��lan de la charge, gigote, se remet sur ses jambes et accourt
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