de pavage y est bien incomplet. Sur une couche de sable d'un ou deux
pieds, on installe de petits pavés qui, se terminant en forme de
pyramides, disparaissent dans le sable, et créent du vide. Si on plaçait
de belles pierres d'une toise carrée et de huit pouces d'épaisseur sur
quelque chose de moins mobile que le sable, à la manière des trottoirs,
on ferait un ouvrage durable pendant des siècles, bien plus commode et
plus doux aux personnes, aux chevaux et aux voitures, comme cela se
pratique dans les belles cités d'Italie.
Le moulin Basacle a encore l'eau pour moteur, et met en action 36
meules.
La fonderie royale est fort curieuse; le jardin des plantes est supérieur à
celui de Bordeaux. Nous avons visité le palais du Capitole, la salle des
Pas-Perdus, la salle des Grands-Hommes, où sont les bustes des plus
célèbres citoyens de Toulouse, et celle de l'Académie et des jeux
floraux; il nous semblait voir la ravissante Isaure, présider les disciples
d'Apollon, et les animer de sa lyre divine et poétique.
Montmorency fut décapité dans la première, cour, au pied de la statue
de Henri IV, par l'ordre de Richelieu, qui punit en sa personne l'erreur
d'un jour, et tarit une source féconde de héros. Ce souvenir nous
rappela la statue antique de Pompée, aux pieds de laquelle vint rouler
aussi le cadavre ensanglanté de César.
Dans la salle basse, dite des Armoires-de-Fer, où l'on conserve les
annales de Toulouse, ornées de belles vignettes, se trouve la hache
Damassée avec laquelle, on a décapité Montmorency.
Presque toutes les églises nous ont paru fort belles, surtout la
Cathédrale, le Stor et Saint-Sernin: comme prince de l'Église,
l'archevêque a une sentinelle à sa porte; il y a, à Toulouse, deux
régiments d'artillerie et un d'infanterie. Si les habitants ont dans leurs
manières plus de cette pétulance qu'excite le feu du midi, ils n'ont pas
moins d'obligeance, et ils ont plus de piété que les Bordelais.
Le pont qui réunit les deux rives de la Garonne, se compose de sept
arches; il y a deux statues: l'une représente le Languedoc, et l'autre la
ville de Toulouse.
Les promenades, surtout l'Esplanade sont fort agréables; le cours de
Dillon est situé sur la rive gauche de la Garonne.
Celle qu'on appelle les Allées, est la plus jolie; elle commence au pont
de Montendon, jusqu'à l'embouchure de la Garonne, en suivant les
bords du canal de l'immortel Riquet; des arbres l'ombragent de leurs
rameaux et en entretiennent la fraîcheur; cette promenade se joint aux
avenues qui embellissent les rives du canal de Brienne, d'où l'on jouit
de l'agréable vue des Pyrénées. Enfin, quoique le prix soit moins élevé
dans le coupé de la diligence, nous préférons voyager sur le canal du
midi; nous devions nous rendre à Béziers, distant de quarante-cinq
lieues de Toulouse, nous fûmes obligés de nous munir de provisions: il
n'y a pas de restaurateur sur le bateau de poste.
CHAPITRE III.
Du Canal du Languedoc à Cette.
Nous voilà transportés sur le joli Pénif, qui peut contenir deux cents
voyageurs. La cloche sonne, c'est le signal du départ; quatre chevaux
remorquent avec une longue corde notre légère embarcation; elle est
lancée au train de poste: quelquefois conducteur suit les chevaux en
courant, pour les exciter à la vélocité et les anime de ses crépitations;
souvent, les voyant presque au galop, il monte sur l'un d'eux avec
beaucoup de légèreté, sans les arrêter, et fait claquer son fouet. Un pont
se présente. Le canal qui, pour l'ordinaire, a sept pieds d'eau, est si bien
combiné, que près de l'entrée du pont, est un passage pratiqué à dessein;
le conducteur descend de cheval, puis il détache la corde, les chevaux
en traînent encore un long bout; l'autre portion est saisie par le postillon,
qui pénètre dans le petit passage, près de l'arche; il ramène ensuite ses
cordes aux chevaux, en les provoquant de nouveau à la course; pendant
ce temps, une agréable musique provenant d'un buffet d'orgue,
augmente encore la magie de ces lieux, Tantôt le canal parcourt des
descentes, rapides, tantôt il s'élance sur des coteaux. Soixante-deux
écluses, soixante-douze ponts, cinquante-cinq aqueducs qui servent de
passage à autant de rivières, de Toulouse à Béziers, aplanissent les
difficultés; mais que de merveilles au passage de ces écluses! La corde
de hallage se détache un des nautoniers prend un bout de corde amarré
à l'embarcation; il se précipite sur le rivage, nous sommes à quinze
pieds au-dessous du niveau de l'eau, de l'autre côté de l'écluse; nous
entrons dans l'écluse, la porte se ferme derrière nous; celle de devant ne
s'ouvre pas encore, où nous serions engloutis dans les eaux; mais des
crics jouent et pratiquent dans le bas de la porte de l'écluse des
ouvertures pour faire entrer l'eau graduellement;
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