l'escadron. Chapardeurs de zouaves! Tas de chacals!
Justement, le capitaine Fleury lui avait dit le matin m��me au d��jeuner:
--Fortescu, m��fiez-vous; vous vous faites rouler par les zouaves dans votre service de popotier en chef; le cuisinier m'a assur�� qu'il manquait trois poules depuis qu'ils sont camp��s pr��s du bordj.
Et voyez quel guignon!--une quatri��me avait disparu.
Et depuis plus d'une heure, il les examinait, les comptait, recomptait, et tandis qu'elles rentraient au logis, le coq en t��te, majestueux et insouciant comme si de rien n'��tait, la stupide b��te, il avait constat��, d?ment constat�� qu'il en manquait une �� l'appel. ?La quatri��me depuis huit jours, nom de Dieu!?
--Trompette, sonne �� l'adjudant.
Et il se mit �� arpenter la cour du bordj, avec les signes de la plus grande col��re, laissant ��teindre sa vieille bouffarde, tant il ��tait pr��occup��, ne perdant pas le poulailler de vue, esp��rant toujours voir accourir la retardataire, tandis que le trompette Villerval, �� moiti�� ivre comme de coutume, tournait l'entonnoir de son cuivre aux quatre points cardinaux:
Au chien du quartier! au chien du quartier! Au chien du quartier! au chien du quartier!
Le chien du quartier, en ce temps-l�� l'adjudant Pechin��, achevait son septi��me verre d'absinthe, en compagnie du marchef, sous la tonnelle de la cantine, en disant des polissonneries �� la petite maman Jardret, l'��pouse l��gitime du cantinier Jardret, mar��chal en pied.
Elle ripostait bravement, en bonne fille, pas b��gueule, avec des ��clats de rire saccad��s, faisant gentiment tressauter une gorge qui, bien qu'ayant nourri pour la patrie une demi-douzaine de petits Jardrets, paraissait des plus app��tissantes aux deux sous-officiers, car dans ce poste avanc�� sur la fronti��re tunisienne, le sexe radieux ne brillait que par son absence.
--Mon lieutenant?...
--La quatri��me depuis huit jours, adjudant. Voyez comme vous faites votre service. La quatri��me poule, nom de Dieu!
--Quoi! quelle poule? fit l'autre ahuri.
--Disparue, vol��e, chapard��e par les zouaves.
--Cela m'��tonne, observa l'adjudant; car les spahis de garde ont la consigne de surveiller les zouaves qui entrent dans le bordj. Et du reste, depuis qu'ils ont remplac�� la compagnie de lignards, les poules ne sortent plus de la cour.
--Alors ce sont les B��douins qu'on laisse coucher dans les caves. Je vais demander au capitaine qu'on les balaye, ou alors j'envoie la popote au diable!
Une petite pluie fine, froide, d��sagr��able, persistante, commen?ait �� tomber. On a beau ��tre en Afrique, dans la vall��e de l'Oued-Mellegue, �� quarante kilom��tres au sud du Kef, quand, au mois de f��vrier, le vent souffle du nord-ouest, amenant cette pluie maudite, il ne fait pas pr��cis��ment chaud. Et depuis une quinzaine, il pleuvait et ventait chaque nuit; aussi les caves vides du bordj en construction se remplissaient-elles �� la brune. L�� se r��fugiaient n��gres, Biskris, Mozabites, enfin tous les Berranis, tous les Khramm��s qui, en qualit�� de platriers, aniers, manoeuvres, gacheurs, goujats, ��taient engag��s par l'entrepreneur, �� raison de dix sous par jour.
Une vingtaine de gueux, se tenant bien tranquilles, tr��s sages, parlant �� voix basse, se chauffaient, en cercle, les jambes �� de petits feux de d��bris de planches, de copeaux, de d��chets de bois, allum��s ?�� et l��, en diff��rentes caves, faisant de toutes petites flammes ch��tives, comme des feux de pauvres qu'ils ��taient, discrets, humbles, honteux, n'osant se montrer.
On les tol��rait, ces mis��rables. Ils couchaient d'abord au dehors, dans les halliers ou bien derri��re les bastions, envelopp��s de leurs burnous trou��s, mais depuis que le vent du nord-ouest apportait cette pluie qui p��n��tre tout et en un quart d'heure trempe jusqu'aux os, ils se glissaient sournoisement chaque soir dans les fondations du bordj. Deux d'abord, puis trois, puis dix, puis tous.
Ils ne g��naient personne, mon Dieu! Entr��s sans bruit, une heure apr��s le coucher des poules ils cuisaient leur petit frechteak dans des gamelles ��br��ch��es, puis s'allongeaient autour des cendres chaudes. Au petit jour, ils d��talaient sur le chantier avant le lever de leurs ma?tres, les ma?ons.
Pauvres diables! il faut bien g?ter quelque part. La belle ��toile dore les r��ves, mais seulement quand le temps est sec; et ce n'est pas avec dix sous par jour qu'on peut pr��tendre �� une chambre d'h?tel. Et hors du bordj, �� part les gourbis des mercantis et les huttes des tailleurs de pierre, on ne trouvait que la broussaille et la grande plaine d��serte. Donc on les tol��rait, car le capitaine avait dit ?qu'ils s��chaient les fondations.? Mais du moment o�� ces guenillards payaient notre hospitalit�� en nous volant nos poules..... la quatri��me en huit jours, nom de Dieu! la fureur de Fortescu nous gagnant, nous nous pr��cipitames dans les caves.
--Debout, tas de sauvages!
Lisant sur notre mine une catastrophe prochaine, les malheureux bl��mirent, se lev��rent pr��cipitamment, accueillant par un silence fun��bre notre furieuse irruption.
--Qui a vol�� les poules? nom de Dieu! les poules du capitaine!
Terrifi��s, ils se regardaient. Puis, le premier moment de stupeur pass��, un concert de d��n��gations indign��es et de
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