protestations vertueuses s'��leva. Tous posant la main sur leur coeur se jur��rent sur la t��te du proph��te et la barbe de leurs a?eux, incapables d'un aussi abominable forfait.
Incr��dules et ironiques, nous f?mes d'un coup de pied sauter les vieilles ��cuelles o�� mitonnait sur le feu la pitance du soir. Des sauces innomm��es coul��rent sur les tisons, des d��bris noiratres, fragments de t��te de mouton ou de cou de vache, roul��rent dans les cendres, mais de traces de poule, point. On fouilla les coins, on remua du bout de la botte de petits tas de hardes, des morceaux de natte pourrie; pas de poule, pas de poule! Finalement, par acquit de conscience et pour qu'il ne f?t pas dit qu'on avait manqu�� de z��le, on balaya d'un dernier coup de pied les petits foyers mis��rables, faisant voltiger de droite et de gauche d��bris de gamelles et d��bris de viandes, oignons r?tis et bois br?l��; et l'adjudant Pechin�� remonta rendre compte du r��sultat de sa mission.
--Pas de poule, mon lieutenant.
--Parbleu; aviez-vous la na?vet�� de croire qu'ils allaient vous pr��senter ma poule sur un plateau! Mais ils l'ont d��vor��e, les cochons! Ils l'ont engloutie, les goinfres. Qu'on les f...iche dehors et qu'on ne les revoie plus.
II
On les f...icha dehors. ?a ne tra?na pas, je vous jure. La pluie redoublait de violence. Le vent soufflait au corps, y collant les v��tements mouill��s. Ils all��rent, je ne sais o��, emportant leurs hardes humides, pensifs, silencieux, sans un murmure, le ventre creux, l'estomac vide, courb��s sous le destin maudit.
Et quand le dernier eut disparu, l'adjudant promena partout sa lanterne.
Il remontait l'escalier lorsqu'il entendit un g��missement. Il fouilla de nouveau et dirigeant le rayon dans un recoin t��n��breux, il ��claira soudain un groupe de deux hommes.
--Eh! l��! qui est-ce?
Dans le retrait le plus obscur, sous l'escalier de la cave ��tait blotti un vieux n��gre secou�� par la fi��vre ou le froid; et accroupi �� ses c?t��s, lui soutenant la t��te, un second n��gre, celui-l��, jeune et vigoureux, essayait de le r��chauffer. Il s'��tait d��pouill�� �� cet effet de son burnous et de sa goudourah, et enti��rement nu, grelottant lui-m��me, il se penchait sur l'autre, l'enla?ant; mais les dents du vieux claquaient avec un bruit de castagnettes, et l'on voyait, spectacle lamentable, sa barbe blanche, courte et laineuse, frisottant sous le menton, monter et descendre avec des mouvements saccad��s et rapides, tandis que les yeux se fixaient h��b��t��s et immobiles sur le feu de la lanterne.
Le jeune, coll�� au vieux, le couvrait de son corps et de ses bras comme un enfant qu'on cache, se faisant aussi ��troit que possible, cherchant encore �� se dissimuler.
--Ah! les sauvages, cria l'adjudant. Encore deux ici. Plus moyen de se d��barrasser de cette vermine. Dehors, nom de Dieu! dehors!
Il cherchait �� s'exciter lui-m��me, �� se mettre en col��re, mais ce n'��tait pas un m��chant gar?on, et au fond il se sentait le coeur gros, de jeter ainsi dans la nuit pluvieuse ce vieillard mourant de fi��vre.
Alors le jeune se leva, et humble, caressant, suppliant:
--Sidi, je t'en prie, laisse-nous. C'est mon p��re. Tu vois, la fi��vre le ronge. Je l'ai amen�� aujourd'hui de Souk-Arras, mais il ne peut aller plus loin. Ne nous chasse pas, Sidi, nous n'avons fait aucun mal. S'il y avait eu un douar pr��s d'ici, nous serions all��s jusqu'au douar. Je l'aurais port�� sur mes ��paules, mais il n'y en a pas. Laisse-nous pour cette nuit, dans ce petit coin noir. Nous ne ferons pas de bruit, nous ne bougerons pas et nous te d��barrasserons demain avant l'aube.
L'adjudant remonta l'escalier.
--Tous partis? demanda l'officier.
--Oui, mon lieutenant... �� l'exception d'un vieux n��gro qui ne peut marcher.
--Un vieux! Il est plus canaille que les autres, alors. C'est lui qui a vol�� les poules, c'est certain.
--Je ne pense pas. Il est malade et arrive de Souk-Arras.
--Que chantez-vous qu'il ne peut marcher alors? De Souk-Arras, dites-vous? C'est un voleur envoy�� par les Kroumirs et il est malade d'indigestion pour avoir d��vor�� gloutonnement ma poule. Ah! le cochon! vous allez me le flanquer dehors, et vivement, hein!
L'adjudant redescendit, et, honteux de la consigne qu'il ex��cutait, h��sitant encore �� l'ex��cuter, il dit au jeune:
--Allons! n��gro, va-t-en. Emporte ton p��re. Le capitaine ne veut pas qu'on reste ici.
Et il s'en alla sans insister davantage et sans regarder en arri��re, pensant bien que le n��gro ne le suivrait pas, esquiva le lieutenant Fortescu et courut �� la cantine o�� son d?ner refroidissait.
Mais Fortescu envelopp�� dans son caban et tirant d'��normes bouff��es de sa pipe, sur le seuil de la porte du Bordj, ne voyant pas sortir ce vieux qu'il se pr��parait �� apostropher au passage, s'impatienta, descendit dans les caves o�� il finit par d��couvrir les deux n��gres, et se mit �� pousser de terribles jurons.
--Sidi, r��p��ta le jeune, c'est mon p��re. Peut-��tre as-tu, toi aussi, un p��re
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