Sans-peur le corsaire | Page 7

Gabriel de la Landelle
d��p��ches pour le roi de France. J'agissais donc de mani��re �� sauvegarder ma mission en me jetant �� corps perdu dans les rangs d'une insurrection qui me prot��geait. J'en fus imm��diatement l'un des chefs principaux.
--Les exploits du Lion de la mer sont grav��s dans ma m��moire, dit Isabelle d'une voix ��mue.
--Jos�� Gabriel, ou, comme nous l'appelions, l'inca Tupac Amaru, m'accueillit noblement. Votre a?eul, le brave Andr��s, son neveu, devint mon mentor et mon compagnon d'armes. Je connus alors la marquise Catalina, votre m��re; vous ��tiez enfant, j'��tais �� peine sorti de l'adolescence, et bien des fois j'admirai vos graces naissantes en prenant plaisir �� partager vos jeux.
--J'aurais d? vous reconna?tre plus t?t, dit Isabelle, mais mon a?eul Andr��s vous crut mort; je me souviens qu'il fit r��citer des pri��res publiques par tous ses malheureux sujets pour le repos de l'ame du Lion de la mer.
--Votre a?eul, mon vieil ami, sait maintenant que je vis; il compte sur moi pour lui ramener la fille de sa fille. Mon brig corsaire est �� vos ordres. Vous en serez la reine. L'Oc��an nous est ouvert; mais hatons-nous; avant peu, sans doute, la guerre s'allumera entre l'Espagne et la R��publique fran?aise.
--Fuir l'Espagne, revoir ma patrie et mon noble a?eul sont mes voeux les plus ardents, r��pondit la jeune fille avec imp��tuosit��.
--Bien! dit L��on d'une voix contenue. Mais, en un mot, maintenant, d��cidez du bonheur de ma vie.
Ils ��taient en ce moment au bas de la falaise, non loin de posada des Rois mages, o�� leurs chevaux devaient les attendre.
La jeune fille leva les yeux vers le ciel; puis, comme si elle le prenait �� t��moin de ses paroles:
--Hier soir, quand don Ramon, mon fr��re, fut averti qu'un navire de guerre anglais croisait �� l'ouvert de la passe et que le Lion mettait sous voiles, je priai du fond de l'ame pour Sans-Peur le corsaire fran?ais. J'ai pass�� la nuit �� demander au ciel le succ��s de vos armes. D��s l'instant o�� vous m'��tiez apparu, un ��cho myst��rieux avait retenti au fond de mon coeur; ma m��moire infid��le se taisait, mon ame avait parl��. Et l'esprit de ma sainte m��re m'est apparue en me disant: ?--C'est lui!? Ce matin, au point du jour, quand le canon a grond�� au large, je me suis ��lanc��e sur le plus imp��tueux de nos chevaux pour aller �� l'extr��mit�� de la falaise voir quel ��tait le vainqueur... Ah! si le brig de L��on de Roqueforte avait succomb��, aurais-je eu la force de retourner vers le chateau de mon fr��re?...
--Je suis trop heureux! s'��criait L��on avec transport.
--Et moi, je b��nis le ciel, dont les bienfaits d��passent mes esp��rances. Ma vie, que vous avez sauv��e deux fois, devait vous appartenir.
L��on de Roqueforte plia le genou et baisa respectueusement la main de l'amazone.
--Soyez mon ��poux et mon seigneur! dit-elle ensuite.
--Eh bien! au chateau de Garba! s'��cria le capitaine corsaire. Il est au-dessous de vous et de moi, madame, d'user de ruse �� cette heure. Tout au grand jour du soleil! Il ne faut pas que la fille des Incas et du marquis de Garba y Palos passe un seul instant pour avoir ��t�� enlev��e par un aventurier sans aveu. Non! mille fois non! Je veux que la b��n��diction nuptiale nous soit donn��e dans le chateau de vos anc��tres paternels. Votre honneur de jeune fille l'exige, et il le faut encore pour celui des Roqueforte, dont le sang ne le c��de �� celui d'aucune maison royale des deux mondes!... Ah! ah! continua Sans-Peur en riant, pour un corsaire de la R��publique, je suis passablement aristocrate. Quand vous saurez toute mon histoire, vous la trouverez tissue de contradictions apparentes plus ��tranges encore... Tout cela, pourtant, se tient, se lie et ne fait qu'un. Dans ma patrie, aujourd'hui, les propos que je tiens m��ritent la mort; je n'en suis pas plus mauvais patriote pour cela; les Anglais le savent!... Mais l'heure presse!... A cheval! J'ai vaincu au large ce matin, j'ai hate de remporter ce soir une victoire plus douce.
--L��on, dit la jeune fille, vous semblez ne tenir aucun compte des volont��s de don Ramon de Garba, mon fr��re.
--Je connais d'avance ses sentiments, mais s'il est de fer, je suis de feu, moi!... s'il a ses miquelets et ses vassaux, j'ai mon ��quipage!... s'il me suscite des obstacles, je les pulv��riserai.
Sur ces mots, changeant de ton, comme il lui arrivait sans cesse:
--Quelque press�� qu'on soit, dona Isabelle, il faut d��jeuner, surtout lorsqu'on ne sait quand on d?nera. J'ai pass�� la moiti�� de la nuit �� surveiller les mouvements de l'ennemi; au point du jour, j'ai livr�� combat, et le feu lui m��me s'��teint faute d'aliments.
Ce jeu de mots fit sourire l'amazone, qui ne refusa point de partager la collation matinale.
Le repas fut court et frugal. D��s qu'il fut achev��, Sans-Peur offrit l'appui de son ��paule
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 106
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.