c'est le Lion de la mer, vivant encore!...?
Et le canon retentissait, et tandis qu'agenouill��e sur son prie-Dieu, elle demandait au Ciel comme un miracle que son r��ve f?t une r��alit��, et que celui pour le salut ��ternel de qui elle priait depuis sa tendre enfance f?t �� la fois Sans-Peur le Corsaire et le Lion de la mer,--tandis qu'elle d��lirait palpitante, son petit cheval p��ruvien hennit en frappant des pieds.
--Je voudrais garder le silence, mademoiselle, disait L��on, et pourtant il faut que je parle. Pour vous ��pargner une douleur, je donnerais ma vie, et cependant, il faut que j'��veille en vous d'affreux souvenirs.
Isabelle poussa un cri,--cri d'horreur, de reconnaissance et de joie:
--Ah!... mon Dieu!... C'est vous qui vengiez ma m��re, c'est vous qui m'arrachiez aux assassins et me rendiez �� mon malheureux a?eul... Vous ��tes le Lion de la mer?
--Les P��ruviens indig��nes m'appelaient ainsi! dit l'aventureux capitaine.
--On nous fit croire que vous aviez p��ri; nous avons pleur�� votre g��n��reuse m��moire.
Isabelle s'��tait agenouill��e; de pieuses larmes baignaient ses yeux. Elle invoquait sa m��re Catalina, l'Indienne; elle remerciait Dieu de la mettre providentiellement en pr��sence de celui qui l'avait, tout enfant, sauv��e du massacre.
L��on s'unit de coeur aux saintes pens��es de la jeune fille. De quelques instants, il ne rompit le silence.
Les gens du pays remarquaient, au sommet de la falaise, les mouvements du corsaire et ceux de la noble demoiselle. La curiosit�� en poussa quelques-uns �� gravir le sentier par lequel descendaient enfin le corsaire fran?ais et la jeune fille appuy��e �� son bras.
IV
LE LION DE LA MER.
L��on de Roqueforte disait:
--J'avais dix-sept ans,--c'��tait pendant la guerre d'Am��rique, et je servais dans la marine de roi Louis XVI, de douloureuse m��moire, en qualit�� d'enseigne de vaisseau.
Au nom du roi Louis XVI, d��capit�� le mois pr��c��dent, sur la place de la R��volution, le corsaire de la r��publique se d��couvrit le front avec un respect religieux.
Un groupe de curieux s'approchaient:
--Le d��mon de la mer!...
--Un tueur de rois!...
--Un bourreau de France!...
--Un damn�� maudit!...
--Il n'est pas laid, malgr�� ?a!...
--De ma vie je n'ai vu plus beau cavalier, dit une femme.
--Satan est plus beau encore quand il ose reprendre sa forme d'ange du ciel!...
Sans-Peur devina plut?t qu'il n'entendit ces propos, et s'adressant �� celui des Galiciens qui paraissait le plus vigoureux:
--Homme, lui dit-il en espagnol et d'un ton hautain, la demoiselle de Garba y Palos est �� pied, et tu oses nous regarder en face!
--Mais, seigneur capitaine, que voulez-vous, je ne suis pas un cheval!...
--Je vois bien, dr?le, que tu n'es qu'un mulet manqu��, repartit le corsaire en riant. Cours �� la pasada des Rois mages, et reviens avec trois chevaux, tu nous accompagneras!... Marche!
En m��me temps, il lui jeta deux pi��ces d'or. Il distribua en outre quelque argent au reste du groupe, pour aller chanter le cantique de Notre-Dame-du-Salut �� l'endroit m��me o�� Isabelle avait ��t�� sauv��e.
Ensuite, il continua son r��cit:
--Notre corvette, command��e par le vicomte de Roqueforte, mon oncle, venait d'explorer les Iles de l'Oc��anie; elle avait visit�� �� plusieurs reprises les Marquises, Ta?ti, Tonga, la Nouvelle-Z��lande et les c?tes de la Nouvelle-Hollande, o�� le roi se proposait de fonder une colonie; nous nous dirigions sur le Callao pour exp��dier de l�� nos d��p��ches en Europe, avant de continuer nos explorations. Tout �� coup, deux fr��gates anglaises nous appuient la chasse. Elles avaient �� en venger une troisi��me que nous avions mise hors de combat dans la mer des Moluques, six mois auparavant. On nous cherchait, comme je l'ai su depuis. Une corvette contre deux fr��gates n'est pas de force �� lutter, nous pr?mes chasse. Par malheur pour mes braves camarades,--par bonheur pour moi, j'ose le dire aujourd'hui,--le combat ne put ��tre ��vit��. Notre corvette fut coul��e apr��s six heures d'une d��fense h��ro?que; la plupart de nos gens p��rirent et le reste fut fait prisonniers de guerre �� l'exception de deux hommes, un matelot et un enseigne. Le matelot s'appelle Taillevent; il est aujourd'hui ma?tre d'��quipage du corsaire le Lion, et l'enseigne, vous le devinez, dona Isabelle, c'est moi!... J'avais ��t�� charg�� par mon oncle et commandant, bless�� �� mort, des d��p��ches destin��es au roi et au ministre de la marine; je les portais �� la ceinture dans une petite bo?te de plomb. Lorsque les canots anglais vinrent nous recueillir, je me laissai couler au dernier moment. Je me retrouvai bient?t seul avec Taillevent sur les d��bris de notre navire:
?--Ah! monsieur de Roqueforte! quelle chance! me dit-il, nous sommes deux.
?--Camarade, r��pondis-je, il y a mieux que moi de sauv��. Les d��p��ches pour le roi sont �� ma ceinture. Si je p��ris et que tu en r��chappes, je t'en charge.
?--Soyez calme, mon capitaine,? r��pliqua-t-il en me donnant pour la premi��re fois un titre que je n'ai jamais voulu perdre.
J'��tais capitaine d'un tron?on de mat, et tout mon ��quipage se composait de Taillevent.--La c?te de P��rou ��tait
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