Robur-le-Conquerant | Page 3

Jules Verne
quatre heures; enfin, au Semnoz-Alpes, entre Annecy, le Bourget et le L��man, au moment o�� l'aube blanchissait le z��nith.
Evidemment, il n'y avait pas �� rejeter ces observations en bloc. Nul doute que la lueur e?t ��t�� observ��e en divers postes - successivement - dans le laps de quelques heures. Donc, ou elle ��tait produite par plusieurs foyers, courant �� travers l'atmosph��re terrestre, ou, si elle n'��tait due qu'�� un foyer unique, c'est que ce foyer pouvait se mouvoir avec une vitesse qui devait atteindre bien pr��s de deux cents kilom��tres �� l'heure.
Mais, pendant le jour, avait-on jamais vu quelque chose d'anormal dans l'air?
Jamais.
La trompette, du moins, s'��tait-elle fait entendre �� travers les couches a��riennes?
Pas le moindre appel de trompette n'avait retenti entre le lever et le coucher du soleil.
Dans le Royaume-Uni, on fut tr��s perplexe. Les observatoires ne purent se mettre d'accord. Greenwich ne parvint pas �� s'entendre avec Oxford, bien que tous deux soutinssent qu'il n'y avait rien.
? Illusion d'optique! disait l'un.
- Illusion d'acoustique! ? r��pondait l'autre.
Et l��-dessus, ils disput��rent. En tout cas, illusion.
A l'observatoire de Berlin, �� celui de Vienne, la discussion mena?a d'amener des complications internationales. Mais la Russie, en la personne du directeur de son observatoire de Poulkowa, leur prouva qu'ils avaient raison tous deux; cela d��pendait du point de vue auquel ils se mettaient pour d��terminer la nature du ph��nom��ne, en th��orie impossible, possible en pratique.
En Suisse, �� l'observatoire de Sa��tis, dans le canton d'Appenzel, au Righi, au G?bris, dans les postes du Saint-Gothard, du Saint-Bernard, du Julier, du Simplon, de Zurich, du Somblick dans les Alpes tyroliennes, on fit preuve d'une extr��me r��serve �� propos d'un fait que personne n'avait jamais pu constater - ce qui est fort raisonnable.
Mais, en Italie, aux stations m��t��orologiques du V��suve, au poste de l'Etna, install�� dans l'ancienne Casa Inglese, au Monte Cavo, les observateurs n'h��sit��rent pas �� admettre la mat��rialit�� du ph��nom��ne, attendu qu'ils l'avaient pu voir, un jour, sous l'aspect d'une petite volute de vapeur, une nuit, sous l'apparence d'une ��toile filante. Ce que c'��tait, d'ailleurs, ils n'en savaient absolument rien.
En v��rit��, ce myst��re commen?ait �� fatiguer les gens de science, tandis qu'il continuait �� passionner, �� effrayer m��me les humbles et les ignorants, qui ont form��, forment et formeront l'immense majorit�� en ce monde, grace �� l'une des plus sages lois de la nature. Les astronomes et les m��t��orologistes auraient donc renonc�� �� s'en occuper, si, dans la nuit du 26 au 27, �� l'observatoire de Kantokeino, au Finmark, en Norv��ge, et dans la nuit du 28 au 29, �� celui de l'Isfjord, au Spitzberg, les Norv��giens d'une part, les Su��dois de l'autre, ne se fussent trouv��s d'accord sur ceci : au milieu d'une aurore bor��ale avait apparu une sorte de gros oiseau, de monstre a��rien. S'il n'avait pas ��t�� possible d'en d��terminer la Structure, du moins n'��tait-il pas douteux qu'il e?t projet�� hors de lui des corpuscules qui d��tonaient comme des bombes.
En Europe, on voulut bien ne pas mettre en doute cette observation des stations du Finmark et du Spitzberg. Mais, ce qui parut le plus ph��nom��nal en tout cela, c'��tait que des Su��dois et des Norv��giens eussent pu se mettre d'accord sur un point quelconque.
On rit de la pr��tendue d��couverte dans tous les observatoires de l'Am��riqu�� du Sud, au Br��sil, au P��rou comme �� La Plata, dans ceux de l'Australie, �� Sidney, �� Ad��la?de comme �� Melbourne. Et le rire australien est des plus communicatifs.
Bref, un seul chef de station m��t��orologique se montra affirmatif sur cette question, malgr�� tous les sarcasmes que sa solution pouvait faire na?tre. Ce fut un Chinois, le directeur de l'observatoire de Zi-Ka-Wey, ��lev�� au milieu d'une vaste plaine, �� moins de dix lieues de la mer, avec un horizon immense, baign�� d'air pur.
? Il se pourrait, dit-il, que l'objet dont il s'agit f?t tout simplement un appareil aviateur, une machine volante! ?
Quelle plaisanterie!
Cependant, si les controverses furent vives dans l'Ancien Monde, on imagine ce qu'elles durent ��tre en cette portion du Nouveau, dont les Etats-Unis Occupent le plus vaste territoire.
Un Yankee, on le sait, n'y va pas par quatre chemins. Il n'en prend qu'un, et g��n��ralement celui qui conduit droit au but. Aussi les observatoires de la F��d��ration am��ricaine n'h��sit��rent-ils pas �� se dire leur fait. S'ils ne se jet��rent pas leurs objectifs �� la t��te, c'est qu'il aurait fallu les remplacer au moment o�� l'on avait le plus besoin de s'en servir.
En cette question si controvers��e, les observatoires de Washington dans le district de Colombia, et celui de Cambridge dans l'Etat de Duna, tinrent t��te �� celui de Darmouth-College dans le Connecticut, et �� celui d'Aun-Arbor dans le Michigan. Le sujet de leur dispute ne porta pas sur la nature du corps observ��, mais sur l'instant pr��cis de l'observation; car tous pr��tendirent l'avoir aper?u dans la m��me nuit,
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