Robur-le-Conquerant | Page 4

Jules Verne
�� la m��me heure, �� la m��me minute, �� la m��me seconde, bien que la trajectoire du myst��rieux mobile n'occupat qu'une m��diocre hauteur au-dessus de l'horizon. Or, du Connecticut au Michigan, du Duna au Colombia, la distance est assez grande pour que cette double observation, faite au m��me moment, p?t ��tre consid��r��e comme impossible.
Dudley, �� Albany, dans l'Etat de New York, et West-Point, de l'Acad��mie militaire, donn��rent tort �� leurs coll��gues par une note qui chiffrait l'ascension droite et la d��clinaison dudit corps.
Mais il fut reconnu plus tard que ces observateurs S'��taient tromp��s de corps, que celui-ci ��tait un bolide qui n'avait fait que traverser la moyenne couche de l'atmosph��re. Donc, ce bolide ne pouvait ��tre l'objet en question. D'ailleurs, comment le susdit bolide aurait-il jou�� de la trompette?
Quant �� cette trompette, on essaya vainement de mettre son ��clatante fanfare au rang des illusions d'acoustique. Les oreilles, en cette occurrence, ne se trompaient pas plus que les yeux. On avait certainement vu, on avait certainement entendu. Dans la nuit du 12 au 13 mai - nuit tr��s sombre - les observateurs de Yale-College, �� l'Ecole scientifique de Sheffield, avaient pu transcrire quelques mesures d'une phrase musicale, en r�� majeur, �� quatre temps, qui donnait note pour note, rythme pour rythme, le refrain du Chant du D��part.
? Bon ! r��pondirent les loustics, c'est un orchestre fran?ais qui joue au milieu des couches a��riennes! ?
Mais plaisanter n'est pas r��pondre. C'est ce que fit remarquer l'observatoire de Boston, fond�� par l'Atlantic Iron Works Society, dont les opinions sur les questions d'astronomie et de m��t��orologie commen?aient �� faire loi dans le monde savant.
Intervint alors l'observatoire de Cincinnati, cr���� en 1870 sur le mont Lookout, grace �� la g��n��rosit�� de M. Kilgoor, et si connu pour ses mesures microm��triques des ��toiles doubles. Son directeur d��clara, avec la plus enti��re bonne foi, qu'il y avait certainement quelque chose, qu'un mobile quelconque se montrait, dans des temps assez rapproch��s, en divers points de l'atmosph��re, mais que sur la nature de ce mobile, ses dimensions, sa vitesse, sa trajectoire, il ��tait impossible de se prononcer.
Ce fut alors qu'un journal dont la publicit�� est immense, le New York Herald, re?ut d'un abonn�� la communication anonyme qui suit :
? On n'a pas oubli�� la rivalit�� qui mit aux prises, il y a quelques ann��es, les deux h��ritiers de la Begum de Ragginahra, ce docteur fran?ais Sarrasin dans sa cit�� de Franceville, l'ing��nieur allemand Herr Schultze, dans sa cit�� de Stahlstadt, cit��s situ��es toutes deux en la partie sud de l'Oregon, aux Etats-Unis.
? On ne peut avoir oubli�� davantage que, dans le but de d��truire Franceville, Herr Schultze lan?a un formidable engin qui devait s'abattre sur la ville fran?aise et l'an��antir d'un seul coup.
? Encore moins ne peut-on avoir oubli�� que cet engin, dont la vitesse initiale au sortir de la bouche du canon-monstre avait ��t�� mal calcul��e, fut emport�� avec une rapidit�� sup��rieure �� seize fois celle des projectiles ordinaires - Soit cent cinquante lieues �� l'heure -' qu'il n'est plus retomb�� sur la terre, et que, pass�� �� l'��tat de bolide, il circule et doit ��ternellement circuler autour de notre globe.
? Pourquoi ne serait-ce pas le corps en question dont l'existence ne peut ��tre ni��e? ?
Fort ing��nieux, l'abonn�� du New York Herald. Et la trompette?... Il n'y avait pas de trompette dans le projectile de Herr Schultze!
Donc, toutes ces explications n'expliquaient rien, tous ces observateurs observaient mal.
Restait toujours l'hypoth��se propos��e par le directeur de Zi-Ka-Wey. Mais l'opinion d'un Chinois!...
Il ne faudrait pas croire que la sati��t�� fin?t par s'emparer du public de l'Ancien et du Nouveau Monde. Non! les discussions continu��rent de plus belle, sans qu'on parv?nt �� se mettre d'accord. Et, cependant, il y eut un temps d'arr��t. Quelques jours s'��coul��rent sans que l'objet, bolide ou autre, f?t signal��, sans que nul bruit de trompette se fit entendre dans les airs. Le corps ��tait-il donc tomb�� sur un point du globe o�� il e?t ��t�� difficile de retrouver sa trace - en mer, par exemple? Gisait-il dans les profondeurs de l'Atlantique, du Pacifique, de l'oc��an Indien? Comment se prononcer �� cet ��gard?
Mais alors, entre le 2 et le 9 juin, une s��rie de faits nouveaux se produisirent, dont l'explication e?t ��t�� impossible par la seule existence d'un ph��nom��ne cosmique.
En huit jours, les Hambourgeois, �� la pointe de la tour Saint-Michel, les Turcs, au plus haut minaret de Sainte-Sophie, les Rouennais, au bout de la fl��che m��tallique de leur cath��drale, les Strasbourgeois, �� l'extr��mit�� du Munster, les Am��ricains, sur la t��te de leur statue de la Libert��, �� l'entr��e de l'Hudson, et, au fa?te du monument de Washington, �� Boston, les Chinois, au Sommet du temple des Cinq-Cents-G��nies, �� Canton, les Indous, au seizi��me ��tage de la pyramide du temple de Tanjour, les San-Pietrini, �� la croix de Saint-Pierre
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