s'abstenir d'entrer �� l'��glise. Les vendredis, toute l'ann��e, et, en outre, pendant le car��me et les semaines pr��c��dant la Saint-Jean et la No?l, les lundis et mercredis, un je?ne tr��s rigoureux (au pain, �� l'eau et au sel) leur fut impos��[56]. Que ces prescriptions s��v��res n'aient pas ��t�� observ��es �� la lettre, surtout par les seigneurs qui, sous pr��texte de maladie ou de service d'ost, pouvaient s'en faire dispenser moyennant des aum?nes, cela n'est point douteux; mais il n'en est pas moins vrai que ces mesures prises par le haut clerg�� du nord, pour fragiles qu'elles nous paraissent, sont curieuses �� enregistrer, parce qu'elles d��c��lent la pr��occupation bien nette d'emp��cher une nouvelle guerre civile et le d��sir d'assurer pour l'instant le pouvoir �� l'usurpateur Raoul, tout en laissant r��gner en paix le roi Charles sur ses provinces demeur��es fid��les.
Une telle solution ��tait bien difficile a obtenir avec le caract��re du Carolingien et la turbulence des grands vassaux, sans cesse pr��ts �� saisir la moindre occasion pour augmenter leur puissance aux d��pens de leurs voisins.
L'��lection de Raoul ��tait l'oeuvre d'un parti peu nombreux. Les grands vassaux eccl��siastiques de France et m��me de Bourgogne suivaient �� contre-coeur la d��termination de leurs suzerains imm��diats. La Normandie, la Bretagne et surtout l'Aquitaine rest��rent th��oriquement soumises �� Charles, sans toutefois prendre les armes pour d��fendre sa cause. En Lorraine, le duc Gilbert se tenait sur la plus grande r��serve: seul le comte Boson osa se d��clarer pour Raoul, son fr��re. Quelques-uns des dipl?mes d��livr��s par Charles sont accord��s �� Guy de Girone qui se trouvait aupr��s de lui, en R��mois, au moment le plus critique de la guerre civile[57]. Ainsi la Marche d'Espagne restait fermement attach��e au descendant de Charlemagne[58].
En r��alit��, sous le d��vo?ment apparent des grands vassaux du midi au roi Charles se cachait un profond sentiment d'��go?sme: tout en se donnant les allures de d��fenseurs de la l��gitimit�� dynastique m��connue,--en faveur de laquelle, du reste, ils se gardaient bien d'intervenir effectivement,--ils saisissaient l'occasion favorable pour fortifier et d��velopper leur autonomie naissante. C'��tait la tactique habituelle des seigneurs m��ridionaux, dont plusieurs auraient ��t�� cependant de force �� se mesurer avec un Herbert ou un Raoul. En d��pit de leur pr��tendu loyalisme, ils avaient longtemps refus�� de reconna?tre Charles apr��s la mort d'Eudes; ils agirent encore de m��me, plus tard, vis-��-vis de Louis d'Outre-Mer et de Lothaire, sans souci de la question de l��gitimit��.
Les documents diplomatiques conserv��s permettent, par leurs dates, de donner un peu de pr��cision �� l'��poque o�� Raoul fut reconnu dans les diff��rentes r��gions de la France.
En Bourgogne, la reconnaissance eut lieu imm��diatement. D��s le mois de novembre, l'��v��que d'Autun Anselme fait une donation �� son ��glise ?pour l'ame du roi Raoul?, et le roi intervient dans l'acte afin de l'approuver et d'en fortifier l'autorit��[59]. Il existe bien des lacunes dans la s��rie des chartes de l'abbaye de Cluny qui concernent surtout les comt��s de Macon, Chalon et Autun: ce n'est qu'en 924 que commence la s��rie des actes dat��s de l'an du r��gne de Raoul. Cette s��rie s'��tend de la 2e �� la 13e ann��e[60]. Sens, dont l'archev��que Gautier avait couronn�� Raoul, dut ��tre une des cit��s les plus favorables au nouveau roi. Il en fut probablement de m��me pour Dijon et Auxerre, leurs vicomtes ��tant en relations ��troites avec la famille ducale[61].
Beaucoup de Lorrains pr��t��rent, comme Boson, l'hommage �� Raoul, dans l'automne de l'ann��e 923. On le sait express��ment pour Metz et Verdun. Toutefois le duc Gilbert et l'archev��que de Tr��ves Roger refus��rent de faire leur soumission[62].
L'archev��ch�� de Reims ��tait enti��rement tomb�� sous la domination d'Herbert de Vermandois, qui emp��cha S��ulf de r��pondre aux d��marches que Charles essaya de faire aupr��s de lui[63]. La province de Reims, le Vermandois, Amiens, Troyes, les comt��s de Brie et de Provins reconnurent donc Raoul; le comte de Laon, Roger, et l'��v��que de Soissons, Abbon, l'ancien chancelier de Robert, se ralli��rent aussi �� lui[64].
Les habitants des vastes domaines du ?marquis? Hugues furent assur��ment des premiers �� accepter le nouveau souverain. A Tours, par exemple, d��s le 18 d��cembre 923, on datait des ann��es du r��gne de Raoul[65]. Pour Chartres, il existe un acte de la 8e ann��e de Raoul[66]; pour Saint-Beno?t-sur-Loire, des chartes de la 2e et de la 10e ann��e de Raoul[67]; pour Angers une charte priv��e de la 2e ann��e et une donation du comte Foulques, de la 7e ann��e[68]; pour Blois, nous poss��dons un dipl?me de Raoul lui-m��me de l'ann��e 924, d��livr�� �� Laon, sur la requ��te du comte ?palatin? Thibaud[69]; enfin pour Paris une charte du vicomte Thion dat��e de la 3e ann��e[70].
Les Normands demeur��rent fid��les au Carolingien: nous le savons par l'hostilit�� qu'ils d��ploy��rent contre Raoul. Mais il ne subsiste aucune charte qui nous le confirme. La Bretagne en pleine anarchie subissait leur influence. Le cartulaire de Redon, si
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