Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France (923-936) | Page 6

Ph. Lauer
le 14 juin. Le lendemain, un dimanche, vers la sixi��me heure, au moment o�� les hommes de Robert ne s'attendant plus �� ��tre attaqu��s prenaient tranquillement leur repas, les Lorrains pass��rent la rivi��re et une bataille d��cisive eut lieu dans la plaine voisine de l'abbaye de Saint-M��dard de Soissons. Les troupes de Robert ralli��es �� la hate se battirent avec l'��nergie du d��sespoir. Le combat fut si violent que de part et d'autre les pertes furent consid��rables. Robert qui luttait vaillamment au plus fort de la m��l��e, tomba frapp�� �� mort par le comte Foubert, porte-enseigne royal, qui le reconnut �� sa longue barbe, et il fut achev�� par les lances de ses adversaires. Cette fin inattendue de ?l'usurpateur? jeta le d��sordre dans les rangs de ses partisans, et la victoire du roi l��gitime semblait d��s lors assur��e quand parut, tout �� coup, une arm��e conduite par Hugues le Grand et Herbert de Vermandois. Un changement complet s'op��ra; les Lorrains lach��rent pied et se retir��rent en d��sordre[49].
Charles ��tait vaincu par les grands vassaux qui restaient unis dans leur r��bellion, malgr�� la mort inopin��e de leur chef. Il essaya cependant de se cr��er des intelligences parmi ses adversaires, esp��rant que leur obstination se trouverait peut-��tre bris��e par la difficult�� de remplacer Robert. Il envoya des messagers �� Herbert, �� S��ulf et �� quelques autres seigneurs pour les engager �� le reconna?tre de nouveau comme suzerain. Peine perdue. Les rebelles in��branlables pers��v��r��rent dans leur ligue contre le Carolingien. Ils appel��rent �� leur aide le duc de Bourgogne, Raoul, qui se d��cida �� revenir en ?France? �� la t��te d'une puissante arm��e (fin juillet).
Charles abandonn�� de ses plus puissants vassaux du nord, se tourna vers ses nouveaux sujets, les seuls qui parussent lui demeurer fid��les, les Normands. Il envoya des messages jusqu'�� R?gnvald, qui dominait sur l'estuaire de la Loire. Les pirates se montr��rent imm��diatement pr��ts �� saisir un si beau pr��texte pour recommencer leurs incursions et piller tout le plat pays.
Afin de les arr��ter d��s le d��but et de les emp��cher d'op��rer leur jonction avec Charles et les Lorrains, les grands vassaux vinrent s'��tablir sur les bords de l'Oise. Charles n'eut plus qu'�� se retirer au del�� de la Meuse[50]. Les rebelles profit��rent de cette nouvelle absence, comme l'ann��e pr��c��dente, pour ��lire un roi de leur choix. On pouvait h��siter entre Hugues, fils du roi Robert et neveu du roi Eudes, Herbert de Vermandois, descendant du Carolingien Bernard d'Italie, et Raoul de Bourgogne, gendre de Robert, alli�� aux rois de Bourgogne et de Provence. Le chroniqueur Aimoin a donn�� plus tard des explications ��videmment inadmissibles sur les causes qui amen��rent �� ��carter les deux premiers candidats, mais elles aident n��anmoins �� discerner des raisons plus plausibles[51]. Hugues avait ��t�� jusque-l�� un peu ��clips�� par son p��re et son ��lection e?t ��t�� un retour �� l'h��r��dit�� en faveur d'une nouvelle famille royale. Herbert s'��tait toujours montr�� perfide, rapace, sans aucun respect pour les principes f��odaux ou religieux de son temps; enfin il ��tait en hostilit�� avec Baudoin de Flandre qui avait fait assassiner son p��re. Raoul se recommandait �� la fois par la droiture de son caract��re et par la puissance mat��rielle dont il disposait. Il ��tait en excellents termes avec le clerg��; r��cemment encore les moines fugitifs de Monti��render avaient trouv�� un asile aupr��s de lui, en Bourgogne[52]. D'autre part les grands vassaux avaient absolument besoin de s'assurer son concours, sans lequel--on l'avait vu sous Richard le Justicier--ils ne pouvaient rien entreprendre contre le Carolingien; et ses domaines ��taient suffisamment ��loign��s pour que Hugues et Herbert n'eussent pas �� en prendre ombrage ni �� craindre pour leur propre s��curit��. Du r��cit de l'historien Raoul le Chauve (_Glaber_), post��rieur de pr��s d'un si��cle, on peut inf��rer, avec une certaine apparence de v��rit��, que le choix fut h��sitant, surtout entre Hugues et Raoul, et que l'intervention d'Emma, femme de Raoul et soeur de Hugues, finit par amener un accord[53].
Le dimanche 13 juillet 923, Raoul fut proclam�� roi �� l'unanimit�� par les grands r��unis �� Soissons, et couronn�� aussit?t �� Saint-M��dard par l'archev��que de Sens, Gautier, ce ?faiseur de rois?, qui avait d��j�� consacr�� successivement Eudes et Robert[54].
Cependant les esprits superstitieux vivement impressionn��s par la mort impr��vue du ?puissant marquis? Robert, sur le champ de bataille de Soissons, envisageaient cette catastrophe comme une sorte de ?jugement de Dieu?[55]. L'archev��que S��ulf r��unit �� Reims un synode des ��v��ques de sa province, vers la fin du mois suivant (apr��s le 27 ao?t), pour examiner la situation. Les ��v��ques de Cambrai, Laon, Noyon, Senlis et Soissons y assist��rent en personne. Il fut d��cid�� qu'une p��nitence g��n��rale serait impos��e �� tous ceux qui avaient pris part au combat impie o�� les deux rois s'��taient trouv��s en pr��sence. La p��nitence devait durer trois ans. Pendant le premier car��me, ils devaient
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