Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France (923-936) | Page 8

Ph. Lauer
riche en actes du IXe si��cle, ne fournit malheureusement aucune date int��ressante pour le d��but du Xe si��cle.
En Berry, nous avons d��j�� eu l'occasion d'en toucher un mot �� propos de la prise de Bourges, Raoul dut ��tre reconnu presque aussit?t, et Guillaume d'Aquitaine qui fit d��fection au d��but finit, on le verra, par se soumettre.
Le Poitou para?t ��tre rest�� fid��le �� Charles, d'apr��s certains documents[71]; il y existe cependant des actes dat��s des ann��es du r��gne de Raoul depuis la 1��re et la 3e jusqu'�� la 11e[72] et l'��v��que de Poitiers, Frotier II, s'assura de l'assentiment de Raoul en m��me temps que de celui de Guillaume T��te d'��toupe, pour donner tous ses biens �� l'abbaye de Saint-Cyprien[73]. Le Limousin h��site comme le Poitou dont il d��pendait[74]. Vers 930 le vicomte de Turenne Ad��mar fit approuver son testament par le roi Raoul[75].
A Tulle, au contraire, on reconnut imm��diatement le roi Raoul qui fut appel��, plusieurs fois �� intervenir dans les r��formes de l'abbaye Saint-Martin[76]. Les chartes sont ��chelonn��es entre la 6e et la 13e ann��e: elles ont donc bien 923 comme point de d��part[77]. Dans le cartulaire de Beaulieu, les derniers actes de l'��poque de Raoul sont dat��s de sa 10e ann��e de r��gne[78]. Une charte de 932 (indiction 5) porte la 7e ann��e du r��gne, ce qui nous ram��ne pour le d��but �� l'ann��e 925 ou 926. Il en est de m��me en Quercy, o�� une charte du vicomte de Cahors, Frotard, pour Aurillac, dat��e de 930, porte la 7e ann��e du r��gne. Mais les chartes de l'abbaye de Moissac, allant jusqu'�� la 11e ann��e du r��gne, am��nent �� supposer un point de d��part ant��rieur �� 926[79]. Cela nous prouve qu'il y eut bien des erreurs dans ces calculs d'ann��es, et on peut se demander si parfois on ne prenait pas l'an r��el du r��gne, compt�� depuis l'��lection ou le couronnement, sans tenir compte de la date de reconnaissance dans la r��gion. Le duc d'Aquitaine Guillaume portait aussi le titre de comte d'Auvergne, et son fr��re Affr�� ou Effroi (_Acfredus_) ��tait avou�� de la c��l��bre abbaye de Brioude: tous deux furent des adversaires acharn��s de Raoul. Quelques chartes gardent de curieuses traces de cet ��tat d'esprit: le nom de Charles y est cit�� comme celui du roi l��gitime, tandis que Raoul est fl��tri comme usurpateur. Les actes de Brioude montrent que Raoul ne fut reconnu partout dans la r��gion qu'entre d��cembre 926 et octobre 927[80].
A c?t�� des pi��ces o�� Raoul est si malmen��, la plupart des autres portent les dates de son r��gne et la s��rie s'��tend depuis juillet de la 1re ann��e jusqu'en octobre de la 13e[81].
Les comt��s de Velay et de G��vaudan d��pendant de l'Auvergne suivirent la politique du duc d'Aquitaine.
Tels sont les pays o�� l'on ne fit pas une opposition syst��matique �� Raoul, et o��, sauf exceptions, on le reconnut avant m��me la mort du roi Charles. Dans le reste du royaume on persista �� consid��rer le r��gne de Charles comme se poursuivant, et on continua m��me apr��s sa mort, �� compter les ann��es de son r��gne: ainsi dans la Marche d'Espagne[82].
En Languedoc, le comte de Toulouse, Raimond-Pons, son fr��re Ermengaud, comte de Rouergue, et en Gascogne Loup Aznar ne firent leur soumission qu'en 932. De nombreuses chartes de Narbonne, Elne, B��ziers, N?mes, Rodez, Vabres et Conques constatent l'interr��gne[83].
L'attitude des petits vassaux dont les fiefs secondaires n'ont pas ��t�� cit��s, faute de textes, dut se r��gler sur celle de leurs suzerains imm��diats ou de leurs voisins puissants, autour desquels ils gravitaient.
Raoul devenu roi n'investit personne des fonctions de duc en Bourgogne. Il s'occupa toujours lui-m��me de ses domaines personnels, de son duch�� et de ses comt��s d'Autun, d'Avallon et de Lassois[84]. C'��tait l�� qu'il trouvait le plus solide point d'appui de son pouvoir, car la royaut�� n'��tait plus gu��re qu'une ombre de souverainet��. Le domaine royal que Raoul avait recueilli ��tait extr��mement restreint: quelques r��sidences dans le nord, comme Compi��gne et Attigny, avec les palais de Laon et de Reims. Des biens du fisc il semble qu'il ne restait presque plus rien[85]. Aussi les ressources de Raoul furent-elles principalement dans son duch��, et ses sujets bourguignons form��rent-ils toujours le noyau de son arm��e, que les contingents des grands vassaux venaient tr��s irr��guli��rement encadrer. Enfin c'est en Bourgogne qu'il s��journa de pr��f��rence quand la tache compliqu��e et astreignante qui lui incombait le lui permit, et c'est l�� naturellement qu'il se rendit tout d'abord de Soissons, aussit?t apr��s son sacre[86].

FOOTNOTES:
[Footnote 36: Nous employons ici ce terme dans son sens territorial restreint. Ainsi entendu, il d��signe la Francia, au nord de la Seine, plus les domaines propres du dux Francorum compris entre Seine et Loire. Cf. Favre, Eudes, p. 228, et surtout Pfister, _��tudes sur le r��gne de Robert le Pieux (Bibl. de l'��cole des hautes-��tudes_, fasc. 64, 1885),
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