obligeant à leur fournir le
logement, la nourriture & le vêtement d'une maniere convenable, soit
en leur procurant la connoissance & l'instruction de la Religion
Chrétienne, en s'occupant essentiellement de la perfection des moeurs,
en les engageant à contracter des mariages légitimes, & en les y
protégeant, & en respectant les droits de cet Etat. Pour les raisons
ci-dessus spécifiées, etc.»
Sans donner le détail des Règlemens, qui sont la suite de cet acte
colonial, ni exposer ici de ce qu'on pourroit faire de mieux à cet égard,
en cherchant avec raison & humanité l'exécution des vues exprimées
ci-dessus, il suffit de montrer par ces deux exemples: que les Colons
ont senti en corps législatif que l'intérêt des habitans exigeoit une
pareille législation; que cette législation étoit nécessaire pour maintenir
& accroître la population, & pour supprimer par-là l'importation des
Noirs de la côte d'Afrique, aussi pour le plus grand avantage des
habitans.
La législation ou police de l'habitation ainsi arrêtée & écrite, seroit lue
& publiée parmi les Atteliers, & renouvellée de tems en tems. Il y
seroit pourvu avec certitude à la nourriture des Nègres (substantielle &
en nature, au moins suivant le voeu du Code noir qui n'est presque nulle
part bien suivi); à leur habillement, à leur logement: on assureroit la
propriété de leurs jardins, volailles & basse-cour; on pourvoiroit à leur
traitement en maladie, au soulagement des vieillards & infirmes, aux
soins nécessaires aux femmes enceintes, aux nourrices & aux enfans,
au maintien des bonnes moeurs, à l'instruction de la jeunesse, au bon
ordre dans les familles, etc.
En même-tems, l'ordre, la police & les heures des travaux y seroient
fixés, de même que la subordination: les fautes légères seroient punies,
après que le coupable auroit été entendu, en présence des plus sages &
des anciens de l'habitation; mais par d'autres moyens que le fouet de
poste dont on ne peut se dissimuler la barbarie. Les crimes seroient
renvoyés aux Juges ordinaires, & punis par la loi: il y auroit aussi des
récompenses pour les actions vertueuses & distinguées.
Certainement bien loin qu'aucune habitation fût dérangée par ces
dispositions, il n'est pas une personne sensée qui puisse dire que les
Colons ne gagnassent infiniment à cette amélioration dans le Régime
des Noirs, par leur attachement & leur bonne volonté au travail.
Ce parti pris & consolidé, on ajoutera ici qu'il conviendroit de changer
dès-lors la dénomination d'esclaves, & d'esclavage, ce seroit en vain
qu'on auroit réformé la chose; elle paroîtroit toujours odieuse, elle
tendroit à le redevenir, si on laissoit subsister un nom réprouvé.
En effet dans l'état raisonnable & modéré, préparé pour les Cultivateurs
noirs, par de sages Règlemens, rien d'arbitraire, ni de barbare n'existant
plus dans leur traitement, connoissant par ces loix écrites, leurs droits
& leurs obligations, ils ne seroient déjà plus esclaves proprement dits;
ce seroit des vassaux attachés à la glèbe, assujettis à travailler comme
auparavant pour leur Propriétaire.
CINQUIÈME MOYEN.
_Gratification d'un dixième des produits._
Après avoir ainsi réglé d'une manière qui cesseroit d'être arbitraire, la
discipline des Atteliers, on promettroit à ces vassaux, un
encouragement à bien faire & à travailler avec zèle, qui seroit une part
dans les revenus de l'habitation, part d'abord petite, & seulement d'un
dixième des produits nets.
Il est plus que probable que ce sacrifice apparent de l'abandon d'une
partie des revenus par le propriétaire les soutiendra au moins au même
taux, parce que l'intérêt que les Noirs y auront, les excitera à travailler
avec la meilleure volonté, à concourir avec zèle aux progrès des
plantations, & à l'exploitation des denrées, à empêcher les vols, les
pertes de tems, & les divers abus que le régime dur de l'esclavage
multiplie.
Quel être tant soit peu dégagé des préjugés qui aveuglent la plupart des
Colons, pourra croire que les habitations en particulier & les Colonies
en général, puissent obtenir un degré de prospérité proportionné au
nombre de leur population, jusqu'à ce que leurs Cultivateurs, intéressés
au produit de leurs propres travaux & à l'augmentation des récoltes, y
portent un zèle qu'il seroit absurde d'attendre d'une sorte de troupeaux
gouvernés à coups de fouets, & dont le seul espoir consiste en quelques
heures de repos, & à éviter les châtimens.
Si on pouvoit douter de l'effet de cette gratification, je dirois que j'en ai
fait l'épreuve avec le plus grand succès.
SIXIEME MOYEN.
_Augmentation successive de gratification, ou part dans les revenus,
accordée aux Nègres cultivateurs_.
Quand on auroit vu, par l'expérience d'une année ou deux, que l'Attelier
se seroit bien comporté sous ce nouveau plan de conduite; que ce
dixième des produits donnés aux Noirs en gratification auroit obtenu
l'effet qu'on s'en étoit promis; que les Habitations n'en auroient pas
dépéri, bien au contraire; on augmenteroit cette gratification que l'on
porteroit l'année suivante à
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