Quentin Durward | Page 8

Sir Walter Scott
en profitant de ce que savent les autres... Je laissai donc le marquis montrer son code suivant son bon plaisir, et j'en fus r��compens�� par une dissertation savante et bien raisonn��e qu'il entama sur le style fleuri d'architecture introduit en France pendant le dix-septi��me si��cle. Il en d��montra le m��rite et les d��fauts avec beaucoup de go?t; et apr��s avoir ainsi parl�� de sujets semblables �� celui qui m'a fait faire une digression quelques pages plus haut, il fit en leur faveur un appel d'un autre genre, fond�� sur les id��es que leur vue faisait na?tre.
--Qui pourrait d��truire sans remords les terrasses du chateau de Sully? me dit-il. Pouvons-nous les fouler aux pieds sans nous rappeler cet homme d'��tat aussi distingu�� par une int��grit�� s��v��re que par la force et l'infaillible sagacit�� de son jugement? Si elles ��taient moins larges, moins massives, ou si l'uniformit�� solennelle en ��tait d��natur��e, pourrions-nous supposer qu'elles furent le th��atre de ses m��ditations, patriotiques? Pouvons-nous nous figurer le duc sur un fauteuil, la duchesse sur un tabouret, dans un salon moderne, donnant des le?ons de courage et de loyaut�� �� leurs fils, de modestie et de soumission �� leurs filles, celles d'une morale rigide aux uns et aux autres, tandis qu'un cercle de jeune noblesse les ��coute avec attention, les yeux modestement baiss��s, sans parler, sans s'asseoir, �� moins de l'ordre expr��s donn�� par Sully lui-m��me? Non, monsieur, d��truisez le pavillon royal dans lequel cette ��difiante sc��ne de famille se passait, et vous ��loignez de l'esprit la vraisemblance et la vraie couleur d'un tel tableau. Pouvez-vous vous figurer ce pair, ce patriote distingu��, se promenant dans un jardin �� l'anglaise? Autant vaudrait vous le repr��senter en frac bleu et en gilet blanc, et non avec son habit �� la Henri IV et son chapeau �� plumes. Comment aurait-il pu se mouvoir dans le labyrinthe tortueux de ce que vous avez appel�� une ferme orn��e, au milieu de son cort��ge ordinaire de deux files de gardes suisses? En vous rappelant sa figure, sa barbe, ses haut-de-chausses �� canon, attach��s �� son justaucorps par mille aiguillettes et noeuds de rubans, si votre imagination se le repr��sente dans un jardin moderne, en quoi le distinguerez-vous d'un vieillard en d��mence qui a la fantaisie de porter le costume de son trisa?eul, et qu'un d��tachement de gendarmes conduit �� une maison de fous? Mais, si elle existe encore, contemplez la longue et magnifique terrasse o�� le loyal, le grand Sully, avait coutume de se promener solitairement deux fois par jour, en m��ditant sur les plans que son patriotisme lui inspirait pour la gloire de la France, ou lorsqu'�� une ��poque plus avanc��e et plus triste de sa vie, il r��vait douloureusement au souvenir de son ma?tre assassin��, et au destin de son pays d��chir�� par des factions; jetez sur ce noble arri��re-plan d'arcades des vases, des urnes, des statues, tout ce qui peut annoncer la proximit�� d'un palais ducal, et le tableau sera d'accord dans toutes ses parties avec la noble figure du grand homme. Les factionnaires portant l'arquebuse, plac��s aux extr��mit��s de cette longue terrasse bien nivel��e, annoncent la pr��sence du souverain f��odal; sa garde d'honneur le pr��c��de et le suit avec la hallebarde haute, l'air martial et imposant, comme si l'ennemi ��tait en pr��sence; tous semblent anim��s de la m��me ame que leur noble chef, mesurant leurs pas sur les siens, marchant quand il marche, s'arr��tant quand il s'arr��te, observant m��me ses l��g��res irr��gularit��s de marche et ses haltes d'un instant, occasionn��es par ses r��flexions; tous ex��cutant avec une pr��cision militaire les ��volutions requises devant et derri��re celui qui semble le centre et le ressort de leurs rangs, comme le coeur donne la vie et l'��nergie au corps humain. Si vous riez d'une promenade si peu conforme �� la libert�� frivole des moeurs modernes, ajouta le marquis en me regardant comme s'il e?t voulu lire dans le fond de mes pens��es, pourriez-vous vous d��cider �� d��truire cette autre terrasse que foula aux pieds la s��duisante marquise de S��vign��, et au souvenir de laquelle s'unissent tant de souvenirs ��veill��s par de nombreux passages de ses lettres d��licieuses?
Un peu fatigu�� de la longue tirade du marquis, dont le but ��tait certainement de faire valoir les beaut��s naturelles de sa propre terrasse, qui, malgr�� son ��tat de dilapidation, n'avait pas besoin d'une recommandation si solennelle, j'informai mon ami que je venais de recevoir d'Angleterre le journal d'un voyage fait dans le midi de la France par un jeune ��tudiant d'Oxford, mon ami, po��te, dessinateur, et fort instruit, dans lequel il donne une description int��ressante et anim��e du chateau de Grignan, demeure de la fille ch��rie de madame de S��vign��, et o�� elle r��sidait elle-m��me fr��quemment. J'ajoutai que quiconque lirait cette relation, et ne serait qu'�� quarante milles de cet endroit, ne
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