laconique et aussi sentencieux que la politesse fran?aise le permettait; il r��pondit �� toutes mes questions, mais ne m'en fit aucune, et ne m'encouragea nullement �� lui en adresser d'autres.
La v��rit�� ��tait que, n'��tant pas tr��s-accessible pour les ��trangers de quelque nation qu'ils fussent, ni m��me pour ceux de ses compatriotes qu'il ne connaissait pas, le marquis avait surtout une r��serve toute particuli��re �� l'��gard des Anglais. Ce sentiment pouvait ��tre un reste de l'ancien pr��jug�� national; peut-��tre aussi venait-il de l'id��e qu'il avait con?ue que l'Anglais est un peuple hautin, fier de sa bourse, et pour qui le rang, joint �� une fortune born��e, est un objet de d��rision autant que de piti��; ou peut-��tre enfin qu'en r��fl��chissant sur certains ��v��nemens r��cens, il ��prouvait, comme Fran?ais, quelque mortification, m��me des succ��s qui avaient r��tabli son Ma?tre sur le tr?ne, et qui lui avaient rendu �� lui-m��me des propri��t��s forts diminu��es, d'ailleurs, et un chateau dilapid��. Son aversion pourtant n'allait jamais au-del�� de cet ��loignement pour la soci��t�� des Anglais. Lorsque les affaires de quelque ��tranger exigeaient l'intervention de son cr��dit, il l'accordait toujours avec toute la courtoisie d'un gentilhomme fran?ais qui sait ce qu'il se doit �� lui-m��me et ce qu'il doit �� l'hospitalit�� nationale.
Enfin, par quelque hasard, le marquis d��couvrit que l'individu qui fr��quentait depuis peu le m��me caf�� que lui ��tait ��cossais, circonstance qui milita puissamment en ma faveur. Il m'informa que quelques-uns de ses anc��tres ��taient d'origine ��cossaise; et il croyait m��me que sa maison avait encore quelques parens dans ce qu'il lui plaisait d'appeler la province de Hanguisse en ��cosse. La parent�� avait ��t�� reconnue de part et d'autre au commencement du si��cle dernier; et, pendant son exil, car on peut bien penser que le marquis avait joint les rangs de l'arm��e de Cond�� et partag�� les privations et les infortunes de l'��migration, il avait eu l'envie une fois d'aller renouer connaissance avec ses parens d'��cosse, et r��clamer leur protection:--Mais, tout bien r��fl��chi, me dit-il, il ne s'��tait pas souci�� de se pr��senter �� eux dans une situation qui n'aurait pu leur faire que peu d'honneur, ou qu'ils auraient pu regarder comme leur imposant quelque fardeau et leur faisant m��me quelque honte; il avait donc cru que le mieux ��tait de s'en rapporter �� la Providence, et de se tirer d'affaire comme il le pourrait. Qu'avait-il fait pour cela? c'est ce que je n'ai pu savoir, mais jamais rien, j'en suis s?r, capable de compromettre la loyaut�� de cet excellent vieillard, qui soutint ses opinions et conserva sa loyaut�� contre vent et mar��e, jusqu'�� ce que le temps l'e?t ramen��, vieux et indigent, dans un pays qu'il avait quitt�� �� la fleur de l'age, riche alors et anim�� par un ressentiment qui se promettait une prompte vengeance. J'aurais pu rire de quelques traits du caract��re du marquis, particuli��rement de ses pr��jug��s relativement �� la noblesse et �� la politique, si je l'avais connu dans des circonstances plus prosp��res; mais dans la position o�� il ��tait, quand m��me ses pr��jug��s n'auraient pas eu une base honorable, quand ils n'auraient pas ��t�� purs de tout motif bas et int��ress��, on devait le respecter comme nous respectons le confesseur et le martyr d'une religion qui n'est pas tout-��-fait la n?tre.
Peu �� peu, devenus bons amis, nous b?mes notre caf��, fumames notre cigare, et pr?mes notre bavaroise ensemble pendant plus de six semaines; des deux c?t��s, les affaires ne mirent pas grande interruption �� ce commerce. Ayant, non sans difficult��, trouv�� la clef de ses questions relativement �� l'��cosse, grace �� une heureuse conjecture que la province de Hanguisse ne pouvait ��tre que notre comt�� d'Angus, je fus en ��tat de r��pondre d'une mani��re plus ou moins satisfaisante �� tout ce qu'il demanda sur les alliances qu'il avait dans ce pays: �� ma grande surprise, le marquis connaissait la g��n��alogie de quelques-unes des familles les plus distingu��es de ce comt��, beaucoup mieux que je n'aurais pu m'y attendre.
De son c?t��, il ��prouva tant de satisfaction de notre liaison, qu'il en vint jusqu'�� prendre la r��solution de m'inviter �� d?ner au chateau de Haut-Lieu, chateau tr��s digne de ce nom, puisqu'il est situ�� sur une hauteur qui commande les bords de la Loire. Cet ��difice est �� environ trois milles du village o�� j'avais fix�� mon domicile temporaire; et, quand je le vis pour la premi��re fois, je pardonnai ais��ment la mortification qu'��prouvait le propri��taire en recevant un h?te dans l'asile qu'il s'��tait form�� au milieu des ruines du palais de ses anc��tres. Avec une gaiet�� qui couvrait ��videmment un sentiment plus profond, il m'avait pr��par�� peu �� peu �� la vue du lieu que je devais visiter. Il en eut m��me tout le temps le jour qu'il me conduisit �� cette antique demeure, dans son petit cabriolet tra?n�� par
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.