un capitaine de cavalerie �� demi-solde, ci-devant membre de la L��gion-d'Honneur, qui, �� ce qu'il nous assure, serait aujourd'hui officier-g��n��ral, si notre ancien ami Buonaparte avait continu�� �� vivre et �� triompher. Quant �� Christy, je dois avouer que la t��te lui avait tellement tourn�� �� ��dimbourg, en courant jusqu'�� cinq routs[7] par nuit, que, quoique je me m��fiasse un peu des causes et des moyens de sa conversion, je ne fus pas fach�� de voir qu'elle commen?ait �� envisager les choses sous un aspect s��rieux, n'importe de quelle mani��re. D'ailleurs la perte ne fut pas tr��s-grande pour moi, car le couvent m'en a d��barrass�� pour une pension fort raisonnable. Mais le mariage terrestre de ma tante Doroth��e ��tait une chose toute diff��rente des ��pousailles spirituelles de ma ni��ce: d'abord elle avait 2000 livres sterling, plac��es dans les trois pour cent, et qui sont aussi-bien perdues pour ma famille que si l'on avait fait un biffage g��n��ral sur le grand livre de la dette publique; car qui aurait cru que ma tante Doroth��e se f?t mari��e? Bien plus, qui aurait jamais pens�� qu'une femme, ayant cinquante ans d'exp��rience, aurait ��pous�� un squelette fran?ais, dont les bras et les jambes, offrant les m��mes dimensions, semblaient deux compas entr'ouverts, plac��s perpendiculairement l'un sur l'autre, et tournant sur un pivot commun tout juste assez fort pour figurer un corps? Tout le reste n'��tait que moustaches, pelisses et pantalons. Elle aurait pu acheter un polk de v��ritables cosaques en 1815, pour la moiti�� de la fortune qu'elle a abandonn��e �� cet ��pouvantail militaire. Mais il est inutile d'en dire davantage sur ce sujet, d'autant plus qu'elle en ��tait venue au point de citer Rousseau pour le sentiment:--qu'il n'en soit plus question.
Ayant ainsi expector�� ma bile contre un pays qui n'en est pas moins un pays fort agr��able, et auquel je n'ai nul reproche �� faire, puisque c'est moi qui l'ai cherch��, et non lui qui m'a cherch��, j'en viens au but plus direct de cette Introduction. Si je ne compte pas trop, mon cher public, sur la continuation de vos bonnes graces (quoique, pour dire la v��rit��, la constance et l'uniformit�� de go?t soient des qualit��s sur lesquelles ceux qui courtisent vos faveurs doivent �� peine compter), ce but pourra peut-��tre me d��dommager des pertes et dommages que j'ai essuy��s en amenant ma tante Doroth��e dans le pays des beaux sentimens, des moustaches noires, des jambes fines, des gros mollets et des membres sans corps; car je vous assure que le dr?le, comme le disait mon ami L***, est un vrai pat�� d'abatis, tout ailerons et pattes. Si elle avait choisi sur le contr?le de la demi-paie un montagnard ��cossais �� grandes phrases, ou un fils ��l��gant de la verte Erin[8] je n'aurais pas dit un seul mot; mais, de la mani��re dont l'affaire s'est arrang��e, il est bien difficile de se garantir d'un mouvement de rancune en voyant ma tante d��pouiller si gratuitement ses h��ritiers l��gitimes. Mais...--silence, ma mauvaise humeur,--et offrons �� notre cher public un sujet plus agr��able pour nous et plus int��ressant pour les autres.
�� force de boire le breuvage acide dont j'ai d��j�� parl��, et de fumer des cigares, art dans lequel je ne suis pas novice, je parvins peu �� peu, tout en buvant et en fumant, �� faire une sorte de connaissance avec un homme comme il faut. Je veux dire qu'il ��tait du petit nombre de ces vieux ��chantillons de noblesse qu'on trouve encore en France, et qui, comme ces statues antiques et mutil��es, objets d'un culte surann�� et oubli��, commandent encore un certain respect et une certaine estime, m��me �� ceux qui ne leur accordent volontairement ni l'un ni l'autre.
En fr��quentant le caf�� du village, je fus d'abord frapp�� de l'air singulier de dignit�� et de gravit�� de ce vieux gentilhomme, de son attachement constant pour les bas et les souliers, au m��pris des demi-bottes et des pantalons. Je remarquai la croix de Saint-Louis �� sa boutonni��re, et la petite cocarde blanche de son chapeau �� bras. Il y avait en lui quelque chose d'int��ressant; et, d'ailleurs, sa gravit�� semblait d'autant plus piquante au milieu de la vivacit�� de tous ceux qui l'entouraient, comme l'ombre d'un arbre touffu frappe davantage les regards dans un paysage ��clair�� par les rayons ardens du soleil. Je fis, pour lier connaissance avec lui, les avances que le lieu, les circonstances et les moeurs du pays autorisaient: c'est-��-dire, je me pla?ai pr��s de lui; et, tout en fumant mon cigare d'un air calme et de mani��re que chaque bouff��e intermittente de fum��e ��tait presque imperceptible, je lui adressai ce petit nombre de questions que partout, et surtout en France, le savoir-vivre autorise un ��tranger �� faire, sans l'exposer au reproche d'impertinence. Le marquis de Haut-Lieu, car c'��tait un marquis, fut aussi
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