Quelques recherches sur le tombeau de Virgile au mont Pausilipe | Page 2

Gabriel Peignot
encore un autre objet qui pourrait faire douter que le monument actuel f?t le tombeau de Virgile; c'est l'aspect de son int��rieur. L'abb�� Romanelli, antiquaire napolitain, mort en 1819, nous en a donn�� la description: Le tombeau, dit-il, est maintenant d��t��rior��, mais l'int��rieur est conserv��; il consiste en une chambre carr��e, surmont��e d'une vo?te en ma?onnerie grecque; chaque cot�� de cette chambre est d'environ 18 palmes[5] de large, et elle porte pr��s de 15 palmes dans sa plus grande hauteur. Sur les c?t��s, on remarque onze niches propres �� recevoir des urnes s��pulcrales. Autrefois on en voyait une en marbre, qui, plac��e au milieu sur une base soutenue par neuf petites colonnes ��galement en marbre, renfermait, dit-on, les cendres du po��te. D'apr��s cette description de l'abb�� Romanelli, ces onze niches annonceraient un lieu de s��pulture, non pas pour un seul homme, mais pour une famille enti��re; c'est ce que les Romains appelaient columbarium; or Virgile ��tait des environs de Mantoue, et son tombeau ��lev�� pr��s de Naples n'avait besoin que d'une niche ou d'un autel pour recevoir son urne; donc le monument avec ses onze niches ne peut ��tre le tombeau du po��te. Ce raisonnement n'est pas rigoureusement cons��quent, car Virgile a pu avoir des amis, des affranchis, des esclaves d��vou��s qui, en faisant construire son tombeau, auraient pris des pr��cautions pour qu'un jour leurs cendres y fussent d��pos��es autour de celles du grand homme qu'ils avaient tendrement ch��ri.
Quoi qu'il en soit, on peut dire que monument du Pausilipe a ��t��, depuis les temps les, plus anciens, et est encore aujourd'hui en possession de l'honneur d'avoir renferm�� les cendres de Virgile; aucun autre lieu sp��cialement d��sign�� dans les environs de Naples ne le lui a disput��. P��trarque, qui est mort en 1374, dit qu'�� la fin du sentier obscur, c'est-��-dire du chemin souterrain qui conduit de Pouzzol �� Naples, d��s que l'on commence �� voir clair, on aper?oit sur une ��minence le tombeau de Virgile, qui est d'un travail fort ancien. On ne faisait donc aucun doute dans le XIVe si��cle et longtemps auparavant, que les cendres de Virgile ne reposassent dans cet endroit.
Il est facheux que l'urne qui contenait les cendres du po��te ait disparu, ainsi que sa base. On y voyait ��crit �� l'entour le fameux distique:
Mantua me genuit, Calabri rapu��re, tenet nunc Parthenope: cecini pascua, rora, duces.
Selon l'auteur du IVe si��cle, d��j�� cit��, c'est Virgile lui-m��me qui, sur le point de mourir, a compos�� cette ��pitaphe: _extrema valetudine hoc sibi epitaphium fecit_, et peu apr��s le biographe ajoute que ce distique fut inscrit sur le tombeau du po��te: _suoque sepulcro id distichon quod fecerat, inscriptum est_[6]. Si cette inscription subsistait encore, on pourrait en comparer les caract��res avec ceux qui sont employ��s dans d'autres inscriptions du temps d'Auguste; mais elle a disparu. Le dernier savant italien qui pr��tend l'avoir vue, est Pietro de Stephano, qui l'affirme dans sa _Descrizione de' laoghi pi�� sacri della cit�� di Napoli_; 1560, in-4��. Il en est de m��me d'Alphonse de Heredia, ��v��que d'Ariano, mentionn�� par le Cappacio, dans son Historia puteolana; il assure ��galement l'avoir encore vue. D��s-lors l'int��rieur du monument a ��t�� d��pouill�� de l'urne, de la base qui la soutenait et des neuf petites colonnes. Cette disparition date donc du XVIe si��cle.
Quelques-uns pensent que les Napolitains, craignant que les ossements du po��te ne leur fussent d��rob��s, les ont fait mettre sous terre dans le Chateau neuf; Jean Villani, chroniqueur napolitain, n'est point de cet avis; il croit que l'urne a ��t�� port��e �� Mantoue; Alphonse de Heredia, que nous avons d��j�� cit��, dit que c'est �� G��nes; d'autres pr��tendent que les Lombards l'ont enlev��e. Mais ces diverses assertions sont d��nu��es de preuves. Il r��sulte de cette disparition que le tombeau n'offre plus le m��me int��r��t qu'autrefois, ni la m��me magnificence; l'int��rieur a ��t�� totalement n��glig��, et l'ext��rieur tombe en ruine. Montfaucon, qui ��crivait au commencement du XVIIIe si��cle, dit: ?On trouve encore aujourd'hui du cot�� de la montagne, vis-��-vis l'entr��e du mausol��e, un marbre �� demi d��terr�� sur lequel sont grav��s ces deux vers:
Qui cineres? tumuli haec vestigia? conditur olim Ille hoc qui cecinit pascua, rura, duces.?
Un ��crivain plus moderne assure que cette inscription portant la date de 1504, a succ��d�� �� l'ancienne Mantua me genuit, etc., qui a ��t�� enlev��e, dit-on, par un anglais; et cet enl��vement sugg��re �� l'auteur cette judicieuse r��flexion: ?Je ne sais pas de quel prix peut ��tre une telle antiquit�� lorsqu'elle est d��plac��e, et si le plaisir de la possession peut se faire pardonner la criminelle d��gradation d'un monument sur lequel elle donnait sinon des certitudes, au moins de pr��cieuses probabilit��s.?
Mais il est temps d'arriver �� l'histoire des lauriers qui ont constamment ombrag�� le tombeau de Virgile, et que, par cette raison, l'on a regard��s comme merveilleux; aussi les po?tes napolitains les ont-ils
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