un ruisselet d'eau vive, �� peu pr��s muet en cette saison, mais grouillant et joyeux �� la moindre pluie.
Les maisonnettes sont g��n��ralement dispos��es par trois, soud��es ensemble, faisant face �� deux ou trois autres toutes pareilles.
Cela fait cinq ou six familles se voyant les unes chez les autres �� toutes les heures du jour, ��levant ensemble marmots, poules et pigeons, tout cela s'��chelonnant sur les perrons ou se groupant dans la cour commune de la fa?on la plus pittoresque.
Voil�� donc un vrai village, non pas un village d'op��ra-comique d'autrefois, lorsque les berg��res avaient des robes de satin et les moutons des rubans roses, mais un village d'op��ra-comique moderne, c'est-��-dire un d��cor �� la fois charmant et vrai, un d��cor de Rub�� et consorts, permettant une mise en sc��ne heureuse et na?ve, des d��tails emprunt��s avec amour �� la nature; du r��alisme comme il faut en faire, en choisissant dans le r��el ce qui vaut la peine d'��tre peint: une petite ogive basse sur le ruisseau, un fond dont le toit en tourelle dispara?t sous les fleurs sauvages, un buisson heureusement jet�� sur les d��combres, que sais-je?
L'art aime et voit aujourd'hui tout ce qui est na?f, m��me la brouette cass��e qui, avec une urne renvers��e, compose un tableau sur le fumier blond o�� le coq se prom��ne d'un air aussi vaniteux que s'il foulait un tapis de pourpre, et o�� la poule gratteuse et affair��e semble toujours absorb��e dans la recherche de cette fameuse perle dont elle ne saurait que faire.
Sentir que tout est du ressort de l'artiste, voil��, quant �� moi, tout ce que je peux entendre au mot de r��alisme, arbor�� comme une nouveaut�� par les uns, et repouss�� comme une h��r��sie par les autres.
Mais laissons les discussions litt��raires. J'y reviendrai certainement, car il y a beaucoup �� dire en faveur d'un certain sentiment de la r��alit�� qui peut ��tre trop d��daign��, et contre ce m��me sentiment pouss�� trop loin.
Continuons notre exploration.
Celle de l'appartement ne fut pas longue; au dehors, la lune avait un si mince croissant d'argent, qu'il n'y avait pas �� regarder beaucoup par la fen��tre. Tout ��tait sombre. La porte ne fermant pas, il ��tait bien ��vident que le vol ��tait chose inconnue en ce pays.
--Que les misanthropes disent ce qu'ils voudront, qu'ils raillent am��rement ceux qui croient encore �� la vie rustique; voici, me disais-je, une porte sans loquet qui r��pond victorieusement. Cette maison appartient �� quelqu'un qui ne l'habite pas, qui demeure �� l'autre bout du village et qui y laisse un petit mobilier sous la bonne foi publique. La cour n'a aucune esp��ce de cl?ture: s'il n'y a pas un seul larron sur sept cents habitants, c'est toujours quelque chose, il faut en convenir.
Le silence de la nuit fut inou?. Pas un souffle dans l'air et pas un souffle humain; pas un bruissement d'animal quelconque. Je croyais avoir trouv�� chez nous l'id��al du silence nocturne. Mais notre silence est un vacarme �� c?t�� de celui-ci. Je ne m'en suis pas encore rendu compte.
Dans un si petit espace rempli de gens et de b��tes, vivant, pour ainsi dire, en un tas, d'o�� vient que rien ne bouge et ne transpire? Avec cette nuit sombre, c'��tait presque solennel.
Mais �� peine fit-il jour, que les coqs vinrent chanter �� notre porte. Si nous ne l'eussions soutenue d'une chaise, pour nous pr��server du frais de la nuit, toutes les volailles du pays seraient entr��es chez nous pour nous annoncer l'approche du soleil. Et puis des voix d'enfants espi��gles et rieuses chant��rent avec les oiseaux, d��s que les rayons du matin d��pass��rent le haut du rocher.
Je regardai la maison neuve et propre qui nous faisait face. C'est l'��cole communale. Fillettes et gar?ons arrivaient en belle humeur, et le pauvre petit instituteur, bossu comme ��sope, assis, je ne sais comment, sur son escalier en plein air, les attendait d'un air doux et m��lancolique.
Nous part?mes �� pied pour Chateaubrun, escort��s d'un ane qui portait notre d��jeuner.
Avant d'��tudier plus �� fond le village, je voulais montrer �� mes compagnons une des ruines les plus pittoresques du pays et refaire connaissance avec tous les remarquables environs du village.
IV
Nous pr?mes le plus court, par ��gard pour l'ane, que madame Rosalie, notre aubergiste, avait charg�� comme un mulet d'Espagne. Il portait, en outre, un gamin charg�� de le ramener, et l'��pervier de p��che de Moreau, qui ne saurait faire un pas sans ce compagnon fid��le.
Ce chemin est insipide, comme tous les bons chemins. Il s'en va tout droit sur un plateau tout nu. Les six kilom��tres en plaine nous parurent plus longs que douze en montagne.
Les entomologistes allaient devant, peu surpris de rencontrer de temps �� autre le grand Mars, qu'ils avaient signal�� d��s la veille comme un h?te logique de ces r��gions, mais se plaignant beaucoup de l'absence de papillons et de l'aridit��

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