une porte �� cintre surbaiss��, ou �� linteau droit, form��e d'une seule pierre grav��e en arc �� contre-courbe, n'est qu'un cellier dont l'entr��e s'enfonce sous le balcon du premier ��tage, quelquefois entre deux escaliers de sept �� huit marches assez larges, descendant de face. Au premier, une ou deux chambres; au-dessus, un grenier dont la mansarde en bois ne manque pas de caract��re.
Beaucoup de ces maisons paraissent dater du XIVe ou du XVe si��cle. Elles ont des murs ��pais de trois ou quatre pieds et d'��troites fen��tres �� embrasures profondes, avec un banc de pierre pos�� en biais. On a presque partout remplac�� le manteau des antiques chemin��es par des cadres de bois; mais les traces de leurs grandes ouvertures se voient encore dans la muraille.
Les chambres de ces vieilles maisons rustiques sont mal ��clair��es, d'autant plus qu'elles sont tr��s spacieuses. Le plafond, �� solives nues, est parfois s��par�� en deux par une poutre transversale et s'inclinant en forme de toit, des deux c?t��s. Le pav�� est en dalles brutes, in��gales et raboteuses. L'ameublement se compose toujours de grands lits �� dossier ��lev��, �� couverture d'indienne piqu��e, et �� rideaux de serge verte ou jaune sortant d'un lambrequin d��coup��, de hautes armoires tr��s-belles, de tables massives et de chaises de paille. Le coucou y fait entendre son bruit monotone, et les accessoires encombrent les solives: partout le filet de p��che et le fusil de chasse.
Il y a, dans ce village, des constructions plus modernes, des maisonnettes neuves et blanches, cr��pies �� l'ext��rieur, et dont les entourages, comme ceux du chateau, sont en brique rouge.
Grace �� leurs petits perrons et aux vignes feuillues qui s'y enlacent, elles ne sont pas trop disparates �� c?t�� des constructions primitives qui montrent leurs flancs de pierres s��ches d'un brun roux, leurs toits de vieilles tuiles toutes pareilles de ton et de forme �� cette pierre plate du pays, et leurs antiques encadrements de granit �� pans coup��s. La couleur g��n��rale est sombre mais harmonieuse, et les grands noyers environnants jettent encore leur ombre �� c?t�� de celle des ruines de la forteresse.
--Les maisons sont ch��res ici, nous dit notre guide. Vous voyez, il n'y a pas de place pour batir: le rocher ne veut pas.
--Qu'est-ce que vous appelez ch��res, dans ce pays-ci?
--De cinq cents �� mille francs, suivant la bont�� de la carcasse.
--Croyez-vous qu'on pourrait trouver ici des chambres pour passer la nuit?
--Tenez! dit-il en marchant devant nous pour ouvrir une porte qui n'avait pas de gache �� la serrure, regardez si ?a vous convient.
Nous montames l'in��vitable perron, dont les rampes sont toujours rev��tues de grands carr��s de micaschiste jaune brun ou de galets granitiques des bords de la Creuse, ce qui rappelle les constructions pyr��n��ennes en dalles de basalte et en cailloux des gaves.
Nous trouvames l�� deux petites chambres blanchies �� la chaux, plafonn��es en bois brut, meubl��es de lits de merisier et de grosses chaises tress��es de paille. C'est tr��s-propre. Nous voil�� log��s.
III
Il s'agissait de d?ner.
--D?ner? s'��cria Moreau. La belle affaire! Regardez! le village est rempli de poules et de poulets qui ne sont pas farouches. On en aura vite attrap�� deux ou trois. Voyez combien de vaches rentrent du pr��! Chacun a la sienne, tout au moins. Croyez-vous qu'on manque ici de lait et de beurre? Et les oeufs! Il n'y a qu'�� se baisser pour en ramasser. Enfin la Creuse n'est pas loin. Je m'y en vas donner un coup d'��pervier, et, si je ne vous rapporte pas une belle truite, �� tout le moins je trouverai bien une belle friture de tacons.
Or, le tacon est le saumon en bas age; les saumons de mer, remontant la Loire, viennent frayer dans les eaux vives de la Creuse, et ce n'est point l�� un mets �� d��daigner. On n'a pas encore �� se tourmenter ici de pisciculture, �� moins que ce ne soit pour ��tudier les proc��d��s de l'ing��nieuse et bonne nature, afin de les appliquer en d'autres pays.
Outre ce menu, nous avions cueilli en route de beaux ceps. Tout cela ��tait fort all��chant pour des gens affam��s, m��me ces pauvres poulets qui couraient encore. Mais il fallait une cuisine et une femme; car aucun de nous ne poss��dait les utiles talents de l'auteur des Impressions de voyage.
--De quoi diable vous inqui��tez-vous? dit le guide. Il y a ici une auberge dont la ma?tresse cuisinerait pour un archev��que. C'est elle qui vous pr��tera les chambres o�� vous voil��, �� condition que vous irez d?ner chez elle, en haut du village. Est-ce convenu? restez-vous ici? Je vas commander la soupe. En attendant, descendez ce chemin, et vous vous trouverez �� la rencontre de la petite rivi��re et de la grande. Restez-y une heure et revenez: tout sera pr��t, m��me le caf��, car je me souviens que vous n'aimez point �� vous passer

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