suis par un c?t��, j'aspire ardemment vers le triomphe d��finitif de la race fran?aise sur ce coin de terre que la Providence lui a donn�� en partage et que seule la Providence pourra lui enlever?
Pendant vingt ann��es de journalisme, je n'ai gu��re fait autre chose que de la pol��mique. Sur le terrain de combat o�� je me suis constamment trouv��, j'ai peu cultiv�� les fleurs, visant bien plus �� la clart�� et �� la concision qu'aux ornements du style. Resserr�� dans les limites ��troites d'un journal �� petit format, j'ai contract�� l'habitude de condenser ma pens��e, de l'exprimer en aussi peu de mots que possible, de m'en tenir aux grandes lignes, aux points principaux. Qu'on ne cherche donc pas dans ces pages le fini exquis des d��tails qui constitue le charme de beaucoup de romans. Je n'ai pas la pr��tention d'offrir au public une oeuvre litt��raire d��licatement cisel��e ni une ��tude de moeurs patiemment fouill��e: mais une simple ��bauche o��, �� d��faut de gracieux d��veloppements, j'ai tach�� de mettre quelques id��es suggestives que l'imagination du lecteur devra compl��ter.
Si tel homme public, journaliste, d��put�� ou ministre, retrouve dans ces pages certaines de ses th��ses favorites sur les l��vres ou sous la plume de personnages peu recommandables, qu'il veuille bien croire que je combats, non sa personne, mais ses doctrines.
J.-P. Tardivel.
Chemin Sainte-Foye, pr��s Qu��bec, Jeudi Saint, 1895.
Prologue
Haec omnia tibi dabo, si cadens adoraveris me.
Je vous donnerai toutes ces choses, si en vous prosternant vous m'adorez.
Matt, IV, 9.
Eblis! Eblis! Esprit de lumi��re! ��ternel Pers��cut��! Dieu vaincu mais vengeur! Moi, ton ��lu, moi, ennemi jur�� de ton ennemi Adona?, je t'invoque. Apparais �� mes yeux, ames de l'univers! Esprit de feu, viens affermir ce bras consacr�� �� ton oeuvre de destruction et de vengeance! Viens me guider dans la lutte contre le Pers��cuteur!
Ainsi parlait un tout jeune homme, debout devant une sorte d'autel o�� br?laient des parfums. Au-dessus de l'autel ��tait un immense triangle lumineux.
L'aspect du jeune homme ��tait en harmonie avec ses terribles paroles. Son oeil noir flamboyait, ses traits, que la nature avait faits tr��s beaux, ��taient boulevers��s par la haine. Tout chez lui portait l'empreinte de la passion, de la vengeance, et d'une sombre ��nergie.
Autour de lui s'��talaient des meubles d'une grande richesse. Des objets d'art, des statues, des tableaux respirant la plus affreuse luxure ornaient la pi��ce au fond de laquelle s'��levait l'autel satanique.
Du dehors venaient, confus et indistincts, les bruits de la grande ville. Car bien que la nuit f?t d��j�� fort avanc��e, Paris, dans ces jours de trouble qui marqu��rent la fin de l'ann��e 1931, dormait peu.
A peine le jeune homme eut-il cess�� de parler qu'une forme vague apparut entre l'autel et le triangle, au milieu de la fum��e des parfums. Ou plut?t, c'��tait la fum��e m��me qui, au lieu de monter en bouff��es irr��guli��res, comme auparavant, prenait cette forme myst��rieuse.
Le lucif��rien fr��mit.
--Eblis! Eblis! s'��cria-t-il, tu viens! tu viens!
Rapidement, la forme devint de moins en moins confuse. Ses contours se d��coup��rent nettement. C'��tait la forme que les artistes donnent aux anges. L'apparition ��tait lumineuse; mais sa lumi��re n'��tait pas ��clatante et pure; elle ��tait comme troubl��e et obscurcie. Le visage du fant?me ��tait voil��.
--Eblis! s'��cria le jeune homme de plus en plus exalt��, parle �� ton ��lu! Dis-lui o�� il doit aller, ce qu'il faut faire pour travailler au triomphe de ta cause, pour te venger d'Adona??
Une voix qui n'avait rien d'humain, un murmure qui semblait venir de loin, et qui parlait plut?t �� l'intelligence qu'�� l'oreille, r��pondit:
--Traverse les mers, rends-toi sur les bords du Saint-Laurent o�� tes anc��tres ont jadis plant�� l'��tendard de mon ��ternel Ennemi. C'est l�� que ton oeuvre t'attend. La Croix est encore debout sur ce coin du globe. Abats-la. Compte sur mes inspirations.
La voix se tut. L'apparition s'��vanouit. A sa place, il n'y avait que la fum��e des parfums qui montait en spirales vers le triangle.
Chapitre I
Omnis enim qui male agit, odit lucem.
Quiconque fait le mal, hait la lumi��re.
Joan, III, 20.
--Quelle nuit! Il fait noir comme au fond d'une caverne.
--C'est bien la nuit qu'il faut pour nous. Suis-moi et ne parle pas.
Les deux hommes qui ont ��chang�� ces paroles quittent, �� pas pr��cipit��s, une belle maison situ��e sur une des principales rues de Qu��bec, et se dirigent, par les voies les moins fr��quent��es, vers l'un des faubourgs. Ils ont, du reste, peu de difficult�� �� se d��rober aux regards des passants, car les rues sont d��sertes. Il fait une nuit terrible. La pluie tombe par torrents, une pluie froide, pouss��e par le vent du nord-est qui mugit autour des maisons et les ��branle jusque dans leurs fondements. Les lumi��res ��lectriques sont ��teintes; la temp��te qui s��vit depuis deux jours a compl��tement d��sorganis�� le service.
C'est une nuit au commencement de novembre de l'ann��e 1945.
Une bourrasque, plus violentes que les autres, S'abat sur la ville.
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.