ma conviction. Puisqu'un p��re j��suite et un cur�� ont si bien tourn�� une des armes favorites de Satan contre la Cit�� du mal, je me crois autoris�� �� tenter la m��me aventure. Si je ne r��ussis pas, il faudra dire que j'ai manqu�� de l'habilet�� voulue pour mener l'entreprise �� bonne fin; non pas que l'entreprise est impossible.
Un journal conservateur, tr��s attach�� au statu quo politique du Canada, r��pondant un jour �� la _V��rit��_, s'exprimait ainsi: "L'aspiration est une fleur d'esp��rance. Si l'atmosph��re dans laquelle elle s'��panouit n'est pas favorable, elle se dess��che et tombe; si, au contraire, l'atmosph��re lui convient, elle prend vigueur, elle est f��cond��e et produit un fruit; mais si quelqu'un s'avise de cueillir ce fruit avant qu'il ne soit m?r, tout est perdu. La maturit�� n'arrive qu'�� l'heure marqu��e par la Providence, et il faut avoir la sagesse d'attendre." [La Minerve, 11 septembre 1894.]
Dieu a plant�� dans le coeur de tout Canadien fran?ais patriote "une fleur d'esp��rance." C'est l'aspiration vers l'��tablissement, sur les bords du Saint-Laurent, d'une Nouvelle-France dont la mission sera de continuer sur cette terre d'Am��rique l'oeuvre de civilisation chr��tienne que la vieille France a poursuivi avec tant de gloire pendant de si longs si��cles. Cette aspiration nationale, cette fleur d'esp��rance de tout un peuple, il lui faut une atmosph��re favorable pour se d��velopper, pour prendre vigueur et produire un fruit. J'��cris ce livre pour contribuer, selon mes faibles moyens, �� l'assainissement de l'atmosph��re qui entoure cette fleur pr��cieuse; pour d��truire, si c'est possible, quelques unes des mauvaises herbes qui menacent de l'��touffer.
La maturit�� n'arrive qu'�� l'heure marqu��e pas la divine Providence, sans doute. Mais l'homme peut et doit travailler �� emp��cher que cette heure providentielle ne soit retard��e; il peut et doit faire en sorte que la maturation se poursuive sans entraves. Accuse-t-on le cultivateur de vouloir hater ind?ment l'heure providentielle lorsque, le printemps, il prot��ge ses plants contre les vents et les gel��es et concentre sur eux les rayons du soleil?
Entre l'activit�� inqui��te et fi��vreuse du mat��rialiste qui, dans son orgueil et sa pr��somption, ne compte que sur lui-m��me pour r��ussir, et l'inertie du fataliste qui, craignant l'effort, se croise les bras et cherche �� se persuader que sa paresse n'est que la confiance en Dieu; entre ces deux p��ch��s oppos��s, et �� ��gale distance de l'un et de l'autre, se place la vertu chr��tienne qui travaille autant qu'elle prie; qui plante, qui arrose et qui attend de Dieu la croissance.
Que l'on ne s'��tonne pas de voir que mon h��ros, tout en se livrant aux luttes politiques, est non seulement un croyant mais aussi un pratiquant, un chr��tien par le coeur autant que par l'intelligence. L'abb�� Ferland nous dit, dans son histoire du Canada, que "d��s les commencements de la colonie, on voit la religion occuper partout la premi��re place". Pour atteindre parmi les nations le rang que la Providence nous destine, il nous faut revenir �� l'esprit des anc��tres et remettre la religion partout �� la premi��re place; il faut que l'amour de la patrie canadienne-fran?aise soit ��troitement uni �� la foi en Notre-Seigneur J��sus-Christ et au z��le pour la d��fense de son ��glise. L'instrument dont Dieu se servira pour constituer d��finitivement la nation canadienne-fran?aise sera moins un grand orateur, un habile politique, ou un fougueux agitateur, qu'un parfait chr��tien qui travaille qui s'immole et qui prie: moins un Kossuth qu'un Garcia Moreno.
Peut-��tre m'accusera-t-on de faire des r��ves patriotiques qui ne sauraient se r��aliser jamais.
Ces r��ves,--si ce ne sont que des r��ves,--m'ont ��t�� inspir��s par la lecture de l'histoire de la Nouvelle-France la plus belle des temps modernes, parce qu'elle est la plus impr��gn��e du souffle apostolique et de l'esprit chevaleresque. Mais sont-ce purement des r��ves? Ne peut-on pas y voir plut?t des esp��rances que justifie le pass��, des aspirations r��alisables vers un avenir que la Providence nous r��serve, vers l'accomplissement de notre destin��e nationale?
R��ves ou aspirations, ces pens��es planent sur les lieux que j'habite; sur ces hauteurs, t��moins des luttes supr��mes de nos p��res; elles sortent de ce sol qu'on arros�� de leur sang les deux races vaillantes que j'aime, je puis le dire, ��galement, parce qu'��galement j'appartiens aux deux.
Ma vie s'��coule entre les plaines d'Abraham et les plaines de Sainte-Foye, entre le champ de bataille o�� les Fran?ais ont glorieusement succomb�� et celui o�� glorieusement ils ont pris leur revanche. Est-il ��tonnant que dans cette atmosph��re que des h��ros ont respir��e, il me vienne des id��es audacieuses; qu'en songeant aux luttes de g��ants qui se sont livr��es jadis ici pour la possession de la Nouvelle-France, j'entrevoie pour cet enjeu de combats m��morables un avenir glorieux? Est-il ��tonnant que, demeurant plus pr��s de Sainte-Foye que des plaines d'Abraham, je me souvienne sans cesse que la derni��re victoire remport��e sur ces hauteurs fut une victoire fran?aise; que, tout anglais que je
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