son coeur. Brusquement, il l'a perdue, et maintenant il la retrouve, car grand fr��re F��lix vient de la lui rendre, puis, faisant le chien, court ramasser le moineau et dit:
--Tu n'en finis pas, il faut te d��p��cher un peu.
Poil de Carotte: Un peu beaucoup.
Grand fr��re F��lix: Bon, tu boudes!
Poil de Carotte: Dame, veux-tu que je chante?
Grand fr��re F��lix: Mais puisque nous avons le moineau, de quoi te plains-tu? Imagine-toi que nous pouvions le manquer.
Poil de Carotte: Oh! moi...
Grand fr��re F��lix: Toi ou moi, c'est la m��me chose. Je l'ai tu�� aujourd'hui, tu le tueras demain.
Poil de Carotte: Ah! demain.
Grand fr��re F��lix: Je te le promets.
Poil de Carotte: Je sais? tu me le promets, la veille.
Grand fr��re F��lix: Je te le jure; es-tu content?
Poil de Carotte: Enfin!...Mais si tout de suite nous cherchions un autre moineau; j'essaierais la carabine.
Grand fr��re F��lix: Non, il est trop tard. Rentrons, pour que maman fasse cuire celui-ci. Je te le donne. Fourre-le dans ta poche, gros b��te, et laisse passer le bec.
Les deux chasseurs retournent �� la maison. Parfois ils rencontrent un paysan qui les salue et dit:
--Gar?ons, vous n'avez pas tu�� le p��re, au moins?
Poil de Carotte, flatt��, oublie sa rancune. Ils arrivent, raccommod��s, triomphants, et M. Lepic, d��s qu'il les aper?oit, s'��tonne:
--Comment, Poil de Carotte, tu portes encore la carabine! Tu l'as donc port��e tout le temps?
--Presque, dit Poil de Carotte.
La Taupe
Poil de Carotte trouve dans son chemin une taupe, noire comme un ramonat (raifort). Quand il a bien jou�� avec, il se d��cide �� la tuer. Il la lance en l'air plusieurs fois, adroitement, afin qu'elle puisse retomber sur une pierre.
D'abord, tout va bien et rondement.
D��j�� la taupe s'est bris�� les pattes, fendu la t��te, cass�� le dos, et elle semble n'avoir pas la vie dure.
Puis, stup��fait, Poil de Carotte s'aper?oit qu'elle s'arr��te de mourir. Il a beau la lancer assez haut pour couvrir une maison, jusqu'au ciel, ?a n'avance plus.
--Matin de matin! elle n'est pas morte, dit-il.
En effet, sur la pierre tach��e de sang, la taupe se p��trit; son ventre plein de graisse tremble comme une gel��e, et, par ce tremblement, donne l'illusion de la vie.
--Matin de matin! crie Poil de Carotte qui s'acharne, elle n'est pas encore morte!
Il la ramasse, l'injurie et change de m��thode.
Rouge, les larmes aux yeux, il crache sur la taupe et la jette de toutes ses forces, �� bout portant, contre la pierre. Mais le ventre informe bouge toujours.
Et plus Poil de Carotte enrag�� tape, moins la taupe lui parait mourir.
La Luzerne
Poil de Carotte et grand fr��re F��lix reviennent de v��pres et se hatent d'arriver �� la maison, car c'est l'heure du go?ter de quatre heures.
Grand fr��re F��lix aura une tartine de beurre ou de confitures, et Poil de Carotte une tartine de rien parce que il a voulu faire l'homme trop t?t, et d��clar��, devant t��moins, qu'il n'est pas gourmand. Il aime les choses nature, mange d'ordinaire son pain avec affection et, ce soir encore, marche plus vite que grand fr��re F��lix, afin d'��tre servi le premier. Parfois le pain sec semble dur. Alors Poil de Carotte se jette dessus, comme on attaque un ennemi, l'empoigne, lui donne des coups de dents, des coups de t��te, le morcelle, et fait voler des ��clats. Rang��s autour de lui, ses parents le regardent avec curiosit��.
Son estomac d'autruche dig��rait des pierres, un vieux sou tach�� de vert-de-gris. En r��sum��, il ne se montre point difficile �� nourrir. Il p��se sur le loquet de la porte. Elle est ferm��e.
--Je crois que nos parents n'y sont pas. Frappe du pied, toi, dit il.
Grand fr��re F��lix, jurant le nom de Dieu, se pr��cipite sur la lourde porte garnie de clous et la fait longtemps retentir. Puis tous deux, unissant leurs efforts, se meurtrissent en vain les ��paules.
Poil de Carotte: D��cid��ment, ils n'y sont pas.
Grand fr��re F��lix: Mais o�� sont-ils? On ne peut pas tout savoir. Asseyons-nous.
Les marches de l'escalier froides sous leurs fesses, ils se sentent une faim inaccoutum��e. Par des baillements, des chocs de poing au creux de la poitrine, ils en expriment toute la violence.
Grand fr��re F��lix: S'ils s'imaginent que je les attendrai!
Poil de Carotte: C'est pourtant ce que nous avons de mieux �� faire.
Grand fr��re F��lix: Je ne les attendrai pas. Je ne veux pas mourir de faim, moi. Je veux manger tout de suite, n'importe quoi, de l'herbe.
Poil de Carotte: De l'herbe! c'est une id��e, et nos parents seront attrap��s.
Grand fr��re F��lix: Dame! on mange bien de la salade. Entre nous, de la luzerne, par exemple, c'est aussi tendre que de la salade. C'est de la salade sans l'huile et le vinaigre.
Poil de Carotte: On n'a pas besoin de la retourner.
Grand fr��re F��lix: Veux-tu parier que j'en mange, moi, de la luzerne, et que tu n'en manges pas, toi?
Poil de Carotte: Pourquoi toi et pas moi?
Grand fr��re
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