Poignet-dacier | Page 6

Émile Chevalier
terre l'englout?t avec toutes les pierres jaunes.
L'ann��e suivante, ils revinrent et trouv��rent la femme ensevelie jusqu'�� mi-corps. Les pierres jaunes avaient d��j�� beaucoup diminu��.
A leur troisi��me voyage, la magicienne et les portions les plus pr��cieuses de la mine avaient disparu. Il ne restait plus que quelques cailloux jaunes dispers��s �� la surface du sol, �� une tr��s-grande distance les uns des autres.
Mais, depuis, les Visages-Pales ont tout enlev��.
--?a ne fait rien, j'y veux aller, dit, aussit?t que le Grand-Li��vre eut parl��, James, assez peu convaincu de la v��racit�� de ce r��cit.
--Mon fr��re aura ma r��ponse quand le jour para?tra; mais l'Esprit du mal a remplac�� la sorci��re. Il est l'ennemi des blancs.
--Bah! fit l��g��rement Mac Carthy, je me moque de l'Esprit du mal.
--Mon fr��re n'est pas tout �� fait blanc, dit l'Indien, d'un ton ironique.
James sentit le trait et se mordit les l��vres.
--N'est-ce point toi, dit-il, qui as men�� derni��rement un Visage-Pale �� la mine?
--Oui, un grand coeur.
--Il s'appelait Robin?
--Pour nous il s'appelait le Jeune-Taureau.
--Et on rapporte qu'il a p��ri!
--Il a voulu tenter l'Esprit du mal; l'Esprit du mal l'a chati��.
--Ce qui veut dire qu'il a ��t�� tu�� par les Esquimaux? reprit James.
Kit-chi-ou-a-pous ne r��pondit point.
A cet instant, un homme de petite stature, mais d'une figure ��nergique, entra dans la salle.
Aussit?t les conversations cess��rent comme par enchantement, et au brouhaha g��n��ral succ��da un silence respectueux, interrompu seulement par ces mots souffl��s �� voix basse, dans les groupes:
--Le chef-facteur!
Apr��s un coup d'oeil rapide, mais per?ant, jet�� sur l'assembl��e, celui-ci marcha droit au Grand-Li��vre.
--Qu'est-ce que mon fr��re est venu faire ici? lui dit-il durement. Ne sait-il pas que j'avais donn�� ordre de le chasser du fort, chaque fois qu'il s'y pr��senterait?
--Kit-chi-ou-a-pous avait perdu sa tente. Il est venu se reposer, r��pondit le chef sans s'��mouvoir.
--C'est un mensonge. Il s'est introduit dans la factorerie pour espionner et pour voler. S'il veut se reposer, qu'il aille demander l'hospitalit�� aux Longs-Couteaux [7], ses amis.
[Note 7: Les Yankees sont connus des Indiens sous ce nom, que leur a probablement valu le couteau-bowie qu'il portent, d'ordinaire, dans leurs excursions au Nord-Ouest.]
--Kit-chi-ou-a-pous n'est pas l'ami des Longs-Couteaux.
--Chef, ta parole est fausse; car toi et tes Chippiouais vous avez, l'hiver pass��, pris �� cr��dit des munitions chez nous, et, au lieu de nous rembourser avec vos pelleteries, vous les avez vendues, pendant l'��t��, aux Longs-Couteaux.
--Mon fr��re est dans l'erreur. La chasse n'a rien rapport��.
--Tu mens! s'��cria le chef-facteur; va-t'en, ou je te fais d��chirer par mes chiens!
Seul de sa bande dans le fort, Kit-chi-ou-a-pous ne pouvait r��sister �� cette brutale injonction. Il d��daigna m��me de faire une nouvelle observation; mais, serrant autour de lui sa robe de boeuf, il traversa majestueusement la pi��ce et sortit.
--Vous, monsieur, j'ai �� vous parler, reprit le commandant du poste en s'adressant �� Mac Carthy.
Le jeune homme s'inclina d'un air soumis.
--Suivez-moi dans ma chambre, poursuivit le chef en se dirigeant vers la porte de la salle.
Comme ils arrivaient sur le seuil, cette porte s'ouvrit, et deux personnes couvertes de neige, de givre, entr��rent pr��cipitamment.
--Mon Dieu! il ��tait temps! balbutia l'une d'une voix chevrotante en s'appuyant au bras de son compagnon.
--Une femme blanche! fit le chef-facteur au comble de la surprise.
--Victorine! murmura James Mac Carthy, non moins ��tonn��.
--Place! place! place aupr��s du feu! et un peu de whiskey pour la ranimer, car je sens que la pauvre cr��ature va s'��vanouir, ours et buffles! criait l'autre arrivant.

CHAPITRE III
JAMES MAC CARTHY
A son air d��cid��, ind��pendant, tout autant qu'aux ��clatantes broderies en poil de porc-��pic et plumes d'oiseaux qui chamarraient son capot, il ��tait facile de reconna?tre que cet individu appartenait �� la classe des francs trappeurs, ou trappeurs libres, classe fort mal vue des agents de la Compagnie de la baie d'Hudson, �� laquelle ils enl��vent une partie de ses b��n��fices, en faisant la traite pour leur compte ou celui de quelque riche particulier.
--Qui es-tu et qui est-ce que cette femme! lui demanda le chef-facteur d'un ton imp��rieux.
--On m'appelle Louis-le-Bon, r��pondit-il avec n��gligence; quant �� cette dame, attendez un moment, ours et buffles, elle vous dira qui elle est.
Et le trappeur se remit �� frictionner vigoureusement le visage de la jeune femme qu'il avait ��tendue devant le feu sur un paquet de pelleteries.
L'assembl��e tout enti��re avait les yeux tourn��s vers les ��trangers.
--Louis-le-Bon, il me semble que je connais ce nom-l��, murmurait le chef-facteur en passant la main sur son front.
Le nouveau venu l'entendit.
--Eh pourquoi ne le conna?triez-vous pas! s'��cria-t-il sans suspendre son op��ration. Ours et buffles! il y a trois noms que chacun conna?t dans le d��sert, c'est celui de Poignet-d'Acier, de Nick Whiffles et de Louis-le-Bon, trois gaillards qui ne craignent ni peau rouge ni peau blanche, qu'on trouve toujours pr��ts �� secourir quelqu'un dans le danger et �� faire la guerre aux Anglais.
Cette provocante d��claration, au milieu d'un fort habit�� en grande partie par les
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