centrales. Lamartine, Hugo, quoique supérieurs à Taine, ne
possèdent, comme lui, que des--il est pénible de faire cet
aveu--facultés secondaires.
Les tragédies excitent la pitié, la terreur, par le devoir. C'est quelque
chose. C'est mauvais. Ce n'est pas si mauvais que le lyrisme moderne.
La Médée de Legouvé est préférable à la collection des ouvrages de
Byron, de Capendu, de Zaccone, de Félix, de Gagne, de Gaboriau, de
Lacordaire, de Sardou, de Goethe, de Ravignan, de Charles Diguet.
Quel écrivain d'entre vous, je prie, peut soulever--qu'est-ce? Quels sont
ces reniflements de la résistance?--Le poids du Monologue d'Auguste!
Les vaudevilles barbares de Hugo ne proclament pas le devoir. Les
mélodrames de Racine, de Corneille, les romans de La Calprenède le
proclament. Lamartine n'est pas capable de composer la Phèdre de
Pradon; Hugo, le Venceslas de Rotrou; Sainte-Beuve, les tragédies de
Laharpe, de Marmontel. Musset est capable de faire des proverbes. La
tragédie est une erreur involontaire, admet la lutte, est le premier pas du
bien, ne paraîtra pas dans cet ouvrage. Elle conserve son prestige. Il
n'en est pas de même du sophisme,--après --coup le gongorisme
métaphysique des autoparodistes de mon temps héroïco-burlesque.
Le principe des cultes est l'orgueil. Il est ridicule d'adresser la parole à
Elohim, comme ont fait les Job, les Jérémie, les David, les Salomon,
les Turquéty. La prière est un acte faux. La meilleure manière de lui
plaire est indirecte, plus conforme à notre force. Elle consiste à rendre
notre race heureuse. Il n'y a pas deux manières de plaire à Elohim.
L'idée du bien est une. Ce qui est le bien en moins l'étant en plus, je
permets que l'on me cite l'exemple de la maternité. Pour plaire à sa
mère, un fils ne lui criera pas qu'elle est sage, radieuse, qu'il se conduira
de façon à mériter la plupart de ses éloges. Il fait autrement. Au lieu de
le dire lui-même, il le fait penser par ses actes, se dépouille de cette
tristesse qui gonfle les chiens de Terre-Neuve. Il ne faut pas confondre
la bonté d'Elohim avec la trivialité. Chacun est vraisemblable. La
familiarité engendre le mépris; la vénération engendre le contraire. Le
travail détruit l'abus des sentiments.
Nul raisonneur ne croit contre sa raison.
La foi est une vertu naturelle par laquelle nous acceptons les vérités
qu'Elohim nous révèle par la conscience.
Je ne connais pas d'autre grâce que celle d'être né. Un esprit impartial la
trouve complète.
Le bien est la victoire sur le mal, la négation du mal. Si l'on chante le
bien, le mal est éliminé par cet acte congru. Je ne chante pas ce qu'il ne
faut pas faire. Je chante ce qu'il faut faire. Le premier ne contient pas le
second. Le second contient le premier.
La jeunesse écoute les conseils de l'âge mur. Elle a une confiance
illimitée en elle-même.
Je ne connais pas d'obstacle qui passe les forces de l'esprit humain, sauf
la vérité.
La maxime n'a pas besoin d'elle pour se prouver. Un raisonnement
demande un raisonnement. La maxime est une loi qui renferme un
ensemble de raisonnements. Un raisonnement se complète à mesure
qu'il s'approche de la maxime. Devenu maxime, sa perfection rejette les
preuves de la métamorphose.
Le doute est un hommage rendu à l espoir. Ce n'est pas un hommage
volontaire. L'espoir ne consentirait pas à n'être qu'un hommage.
Le mal s'insurge contre le bien. Il ne peut pas faire moins.
C'est une preuve d'amitié de ne pas s'apercevoir de l'augmentation de
celle de nos amis.
L'amour n'est pas le bonheur.
Si nous n'avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir
à nous corriger, à louer dans les autres ce qui nous manque.
Les hommes qui ont pris la résolution de détester leurs semblables
ignorent qu'il faut commencer par se détester soi-même.
Les hommes qui ne se battent pas en duel croient que les hommes qui
se battent au duel à mort sont courageux.
Comme les turpitudes du roman s'accroupissent aux étalages! Pour un
homme qui se perd, comme un autre pour une pièce de cent sous, il
semble parfois qu'on tuerait un livre.
Lamartine a cru que la chute d'un ange deviendrait l'Elévation d'un
Homme. Il a eu tort de le croire.
Pour faire servir le mal à la cause du bien, je dirai que l'intention du
premier est mauvaise.
Une vérité banale renferme plus de génie que les ouvrages de Dickens,
de Gustave Aymard, de Victor Hugo, de Landelle. Avec les derniers,
un enfant, survivant à l'univers, ne pourrait pas reconstruire l'âme
humaine. Avec la première, il le pourrait. Je suppose qu'il ne découvrît
pas tôt ou tard la définition du sophisme.
Les mots qui expriment le mal sont destinés à prendre une signification
d'utilité. Les idées s'améliorent. Le sens des mots y participe.
Le plagiat est nécessaire. Le progrès l'implique.
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.