je vous aime et vous désire tant, je vous crie pitié; que pitié et ma bonne foi me viennent en aide auprès de vous, car je garderai bien mon secret et je vous serai plus fidèle--que Dieu me protège!--que Landric ne le fut à Aye.
V.--Qu'aucun homme ne me dise de flatterie pour entendre mon coeur (_c.-à-d_. le fond de ma pensée, de mon coeur) (--car je saurai lui dire gentiment un mensonge!--) pour que après qu'il m'aurait trahi il criat ensuite ma sottise. Mais je suis si dur à l'épreuve que vous pourriez me faire dire plut?t que la bure de presset est de la laine.
VI.--Je veux prier Mon Diamant, que j'aime tant, de réciter ma chanson à Toulouse.
Notes:
Texte du ms. _C_, d'après C. Appel, _Provenzalische Inedita aus Pariser Handschriften_, p. 244. La chanson n'existe que dans ce manuscrit; les trois premières strophes se retrouvent dans le Breviari d'Amor, v. 31564. Aux vers 12 et 39 nous avons?remplacé la graphie ll_ par _lh.
V. 32. Landric et Aya: Aye d'Avignon est l'héro?ne d'une chanson de geste fran?aise; Landric est le héros d'une chanson qui ne nous est pas parvenue. V. 40. Presset_ ou _perset, sorte de laine, opposée souvent chez les troubadours à saia.
III [No. 4 de Bartsch].
I.
Era pus hyverns franh los brotz?E pareysson florit li ram,?E·l gibres e·l neus son a floxs?Pels termes e pels playssadencx, 4?Be·s tanh [doncs l] qu'ieu me lueng d'enueg.?Chantan e no pareys ges pecx,?Sitot s'es braus et enuios lo temps,?Pus d'aitals digz sai far chanso ni vers. 8
II.
Ben sai parelhar e far motz?Plas e clars, d'un semblan d'estam;?Mas que val? qu'eras non es locx,?E·ls tersols mal azautz ramencx 12?Be sai que son de bon art vueg,?De trics qu'an afilatz lurs becx;?E·ls pros cortes [adreg I] fan plors e gems,?Quar pretz es mortz e cazuts en evers. 16
III.
Jurar vos puesc per Santa Crotz?Qu'un non vey que pretz entier am,?Que d'avareza·ls art lo focx;?E tug lor fait son de fadencx, 20?E mant hom pert lo gran e·l glueg;?Doncx per que·s fai quecx sorts ni secz?Pel mal [astre I] que los te vuetz e sems?De tots bos ayps don elh van ras e ters? 24
IV.
Ah! Malvestatz, non prendas totz?Los ricx baros en ton liam,?Ni Malespina ges non tocx?Per ren, qu'ans t'es ben mielhs que·t trencx, 28?Qu'a totz jors vuelh que sos bes pueg.?E doncs, Valors, ja no l'abnecz.?Quar ieu aug dir que totz bos faitz essems?Renhon ab lui, per qu'es bes si·ls sufers. 32
V.
D'aver la bella suy tan glotz?Cui pessan dezir, don ai fam,?Que no·m platz tan nul autre jocx;?Ni no vuelh aver Foys ni Brencx, 36?Si·lh platz que no·m meta en refueg?Tan cum lieys; e si mos fis precx?No·m val, mal fas, Amors, quar aissi·m prems,?Que fis amans adreitz sui totz convers. 40
VI.
E pos tan fort mas nien consecs,?Be·m deurias far un ben calque temps?Entre .C. mals, que del dan tu·m malmers.
I.--Maintenant que l'hiver brise les branches, que les rameaux paraissent fleuris et que le givre et la neige sont répandus à flocons sur les tertres et les haies, il convient que je m'éloigne d'ennui en chantant; et je ne parais pas maladroit, quoique le temps soit rude et ennuyeux, puisque sur de tels propos je sais faire vers et chansons.
II.--Je sais bien accoupler les mots et les rendre unis et clairs, semblables à une cha?ne (de tisserand); mais à quoi cela me sert-il? Maintenant ce n'est pas le moment, et les tiercelets mal élevés, vivant dans les branches, je sais qu'ils sont dépourvus de bon art, et qu'ils ont, en se dissimulant, aiguisé leurs becs; et les preux courtois et bien élevés font pleurs et gémissements, car Mérite est mort et tombé à la renverse.
III.--Je puis vous jurer par la Sainte Croix que je n'en vois pas un seul qui aime le mérite parfait, car le feu d'avarice les br?le; toutes leurs actions sont celles d'hommes fous et maint homme perd le grain et la paille; donc pourquoi chacun se fait-il sourd et aveugle par la mauvaise chance qui les fait vides et dénués de toutes bonnes qualités dont ils sont privés et dénués?
IV.--Ah! Méchanceté, ne prends pas tous les puissants barons dans ton lien, et ne touche en rien à Malaspina; il vaut mieux que tu te brises; car je veux que son bien croisse tous les jours. Et toi, Vaillance, ne l'abandonne pas, car j'entends dire que toutes les nobles actions réunies vivent auprès de lui: aussi est-il juste que tu les soutiennes.
V.--Je suis si désireux d'avoir la belle que je désire et dont j'ai si fort envie (faim) qu'aucune autre joie ne me pla?t autant; et j'aime mieux la posséder que d'avoir Foix ni Brens, s'il lui pla?t de ne pas me dédaigner (=de m'aimer); et si mes sincères prières ne me secourent pas, vous faites mal, Amour, de me tourmenter ainsi, car
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