Raimon. Quant à l'imitation que Pétrarque aurait faite de l'une de ses poésies, dans son sonnet Benedetto sia (Son. XLVII), il s'agit d'une chanson attribuée par un manuscrit (P) à Giraut de Borneil et par un autre (C) à Peire Vidal.
Le séjour de Peire Raimon à Montpellier doit se placer avant 1202, date de la mort de Guilhem VIII (1177-1202); mais nous ne pouvons pas préciser davantage.
La tenson de Peire Raimon avec Bertran de Gourdon doit se placer avant l'année 1211, date à laquelle le seigneur de Gourdon fit hommage de sa ville an roi Philippe-Auguste.[12] Il n'est pas probable que Peire Raimon f?t encore, à cette date-là, dans le Midi de la France, où la Croisade était décha?née depuis 1209. Cependant on pourrait admettre que Peire Raimon, ayant quitté le comte de Toulouse à cette époque, fut pendant quelque temps l'h?te de ce seigneur besogneux avec lequel il tensonna.
PéRIODE ITALIENNE.--La période ?italienne? de la vie de Peire Raimon nous para?t pouvoir être reportée à la fin de sa vie. On peut fixer certaines dates de ses chansons aux environs des années 1218 et 1221. Il est vraisemblable que notre troubadour quitta la France soit avant la tourmente albigeoise, soit, par exemple, après la bataille de Muret (1213). C'est dans la première période de son séjour en Italie que nous placerions la composition de son descort: le ?comte?vaillant de Savoie? auquel il est dédié ne peut être que Thomas 1er, qui fut aussi chanté par Pistoleta.[13] Ce prince (1178-1233), nous dit la _Généalogie des comtes de Savoie_, ?était jeune et beau et dansait et chantait mieux que nul autre?.[14]
Peire Raimon fut ensuite en relations avec la cour d'Este, si on en juge par l'envoi de la chanson Totztemps auch dir (no. XVI de notre édition). Béatrix d'Este, à qui est adressée cette chanson, était née en 1191; elle était la fille d'Azzo VI d'Este. Un chroniqueur du temps nous dit qu'elle était _mira pulcritudine corporis et virtute multipliciter decorata_.[15] Après avoir passé sa jeunesse, ajoute le chroniqueur, _in pompis et favoribus seculi, in ornamentis et vanitatibus diversi generis, sicut mos est nobilium et secularium feminarum_, elle prit le voile entre 1218 et 1220 et mourut en 1226. Telle est la femme extrêmement belle et vertueuse que chanta Peire Raimon et que chantèrent aussi Rambertino Buvalelli, Aimeric de Pégulhan, Guilhem de la Tour et Falquet de Romans.[16] La composition de Peire Raimon serait d'avant 1218.
C'est vers la même époque que Peire Raimon fut en relations avec un autre prince italien protecteur des troubadours, Guilhem de Malaspina, mort en 1220. La chanson Pos vei parer la flor lui est adressée et son nom se retrouve dans la chanson Ara pus iverns (str. IV). La chanson Si com celuy est adressée à Conrad d'Auramala, marquis de Malaspina, qui fut aussi chanté par Guilhem de la Tour;[17] la pièce est, au plus t?t, de 1221, date où Conrad succède à Guilhem de Malaspina; il est vraisemblable qu'elle n'est pas de beaucoup postérieure à cette date.
C'est aux environs de 1221 (mais avant cette date) que nous ramène la chanson[18] adressée par Peire Raimon au troubadour italien Rambertino Buvalelli, originaire de Bologne, mort en 1221.
Les strophes, assez obscures, d'Uc de Saint-Cyr sur Peire Raimon ont été sans doute écrites en Italie après 1220, date à laquelle Uc de Saint-Cyr alla dans ce pays[19]. Je crois, avec les auteurs de l'édition de ce troubadour, qu'il s'agit de notre poète. Je ne sais pas d'ailleurs à quoi Uc de Saint-Cyr fait exactement allusion, dans ses plaisanteries sur Peire Raimon; il est question de ?racines? et de ?syllabes? que Peire Raimon se vante de savoir trouver mieux qu'aucun autre troubadour. Quelques-unes de ses poésies sont écrites avec une certaine recherche de la difficulté, dans les rimes ou dans les mots, en particulier les pièces Ara pus iverns_ et _Pos vezem?[20]; mais je ne sais si tout cela est suffisant pour justifier les plaisanteries d'Uc de Saint-Cyr et expliquer ses allusions; je croirais plut?t que les unes et les autres s'adressent à des poésies perdues de Peire Raimon, des pièces de circonstance, comme les deux pièces de son critique. La seconde (XXIX) rappelle d'ailleurs par le ton et, en partie par le mètre, la tenson de Peire Raimon et de Bertran de Gourdon.
Quand notre poète revint-il dans le Midi pour se marier à Pamiers? C'est ce que nous ne savons pas. Nous connaissons les dates approximatives de plusieurs des chansons écrites en Italie, mais il n'est pas possible d'établir, même approximativement, de quelle date sont ses premières compositions. Une date ante quam nous est fournie seulement par la mort d'Alfonse II d'Aragon, 1196; d'autre part la date de 1221 (avènement de Conrad de Malaspina, mort de Rambertino Buvalelli) nous para?t marquer à peu près la fin de l'activité poétique de
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