moiller a Pamias, et lai definet.?
?Peire Raimon de Toulouse, le Vieux, était fils d'un bourgeois. Il se fit jongleur et s'en alla à la cour du roi Alfonse d'Aragon (1162-1196); et le roi l'accueillit et lui fit grand honneur. Il était savant (en poésie) et subtil; il savait bien chanter et bien trouver, et il fit de bons vers, de bonnes chansons et de bonnes compositions; et il resta à la cour du roi et du bon comte de Toulouse, son seigneur, et à la cour du seigneur Guilhem de Montpellier, longtemps. Puis il prit femme à Pamiers, et c'est là qu'il mourut.?
Sur les cinq manuscrits, deux (A_ et _B) remplacent la?mention de la cour du ?seigneur de Montpellier? par celle de ?de Saint-Leidier?; le fait n'aurait rien d'invraisemblable, le troubadour Guilhem de Saint-Leidier ayant été en même temps un grand seigneur qui pouvait avoir une ?cour?; cependant, nous croyons que cette mention de cour fait plut?t penser à Guilhem de Montpellier,[4] à la cour duquel nous savons que plusieurs troubadours furent accueillis avec faveur.[5]
Le roi d'Aragon est le roi Alfonse II, mort en 1196, père de Pierre II. Quant au seigneur de Toulouse, il s'agit vraisemblablement de Raimon VI (1194-1222).
On remarquera le détail qui nous est donné sur le mariage[6] de Peire Raimon. Quelque défiance qu'on ait, à bon droit, pour les biographies des troubadours, il ne semble pas qu'on puisse mettre en doute la valeur de ce renseignement. On remarquera de plus qu'il n'est fait aucun allusion, dans la biographie, au séjour de Peire Raimon en Italie; ce silence est surprenant, si les biographies sont dues à un troubadour qui séjournait en Italie, ou même à un Italien; mais il est vraisemblable qu'une partie des biographies a été composée dans le Midi de la France, assez loin de l'Italie; celle-ci nous para?t être du nombre.
Si la biographie mérite quelque créance, c'est en Aragon que se serait passée la première partie de la vie de Peire Raimon; quelques allusions à ce séjour se retrouvent dans son oeuvre. Un roi d'Aragon est cité, IV, str. 6 et VIII, str. 6; une allusion à un amour dont l'objet est à Barcelone se trouve ch. X, str. 7. Ces chansons paraissent d'ailleurs avoir été composées en dehors de l'Aragon, à moins que la formule d'envoi ne soit, comme il arrive souvent, une fiction du poète.
En ce qui concerne Toulouse, Peire Raimon a écrit quelques chansons en l'honneur d'une noble dame qui y habitait. Les deux chansons sur l'amour médecin paraissent être du nombre (ch. II et VI). La Comtessa, qui est citée dans cette dernière, ne peut guère être que la comtesse de Toulouse, mais laquelle?
Nous pensons que le ?bon seigneur Raimon? est le comte Raimon VI (1194-1222). La comtesse pourrait être ?éléonore?, soeur du roi d'Aragon Pierre II, la dernière des cinq épouses du comte Raimon VI; le contrat qui l'unissait au comte de Toulouse fut fait en 1200, mais, à cause de la jeunesse de la princesse, le mariage n'eut lieu que trois ou quatre ans plus tard (_Hist. Gén. Lang_., VI, 190).[7] Ceci nous mènerait, en ce qui concerne Peire Raimon, en 1204 environ.
Trois manuscrits de la biographie[8] sur cinq, donnent à Peire Raimon le surnom de ?lo Vieil?, le Vieux; ce qui laisserait supposer qu'il y a eu un troubadour du même nom, mais plus jeune. Chabaneau est disposé a l'admettre, en faisant remarquer que l'hypothèse de deux troubadours expliquerait mieux une partie de l'oeuvre de Peire Raimon[9].M. Bertoni après avoir été d'abord de cet avis, est aujourd'hui d'une opinion contraire[10] et nous partageons sa manière de voir. L'hypothèse de deux troubadours de la même famille n'a rien d'impossible; nous en avons deux de la famille de Saint-Didier, l'a?eul, Guilhem, et le petit-fils Gauseran; et nous avons deux Bertran de Born, le père et le fils. Mais, en ce qui concerne Peire Raimon, l'epithete de vieil ne suffit pas pour lui attribuer un fils ou tout autre parent, poète comme lui. Nous expliquerons plut?t cette désignation en disant que pour l'auteur de la biographie, qui peut-être écrivait assez tard après la mort de Peire Raimon, ce troubadour lui paraissait appartenir à l'ancienne génération.
Nostredame appelle Peire Raimon Lou Proux, le Preux[11]; ce mot se trouve à la suite du nom du troubadour dans le ms. _f_.
Les renseignements que donne Nostredame sur Peire Raimon sont un mélange de vérités et de mensonges. Ainsi: ?Plusieurs belles chansons? de Peire Raimon auraient été adressées à une noble dame de Toulouse qui s'appelait Jausserande del Puech, nom inconnu dans?l'onomastique des troubadours, et d'autres auraient été composées en l'honneur d'une ?gentil femme? de Provence, de la maison de Codollet. La seule donnée vraisemblable qui se trouve dans la biographie de Nostredame, c'est la date de 1225, qui serait celle de la mort de Peire
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