air, bati dans un site �� peu pr��s sans rival.
--Ce n'est pas ce que tu disais l'ann��e derni��re.
--Je n'avais pu sortir qu'avec un parapluie et des sabots.
--Et cette ann��e?...
--Soleil magnifique. Seulement j'ai d? m'enfuir, laissant ma cour pleine de fermiers qui me demandaient de l'argent, au lieu de m'en apporter. J'attendrai d'��tre riche pour aller de nouveau toucher mes fermages.
Mais sa troisi��me visite devait apporter �� S��nac bien autre chose que de la pluie ou des difficult��s d'argent. Apr��s deux ann��es de cette existence mondaine qu'il menait en m��content, r��volt�� de son propre ennui, exasp��r�� du facile amusement des autres, Albert, encore une fois, se mit en route pour S��nac. Vers huit heures du matin, par un soleil de printemps qui lui semblait un r��ve de volupt�� apr��s le givre laiss�� la veille aux arbres du boulevard, il prit place dans le bateau qui devait le conduire �� l'autre rive du Rh?ne o��, non sans un peu d'orgueil, il voyait se dresser sa tour. D��j��, sur le banc de bois grossier de l'embarcation, une jeune fille ��tait assise �� c?t�� d'une sorte de paysanne endimanch��e, qui devait ��tre la du��gne.
Un ?vrai Parisien? e?t �� peine honor�� d'un regard cette matineuse beaut��, la jugeant trop campagnarde �� son go?t. Mais S��nac n'��tait pas de ceux qu'on flatte en les traitant de Parisiens. Le charme inattendu et violent qui se d��gageait de sa compagne s'empara de lui par la surprise et le contraste, comme venait de faire le soleil de Provence.
Cette brune superbe avait la timidit�� que comportaient ses yeux noirs, brillants d'une flamme qu'elle n'aurait pu ��teindre sous ses longs cils, m��me si elle l'e?t essay��. Cela signifie qu'elle n'��tait point timide. Mais la hardiesse avec l'��tranger n'est que la civilit�� pu��rile et honn��te pour les femmes du Midi, quand la civilisation ne leur a pas encore donn�� l'hypocrisie.
Avant qu'on f?t �� cent m��tres du bord, tout le monde causait dans la barque entra?n��e par le courant rapide le long du cable en fer jet�� d'une rive �� l'autre. Le vieux Signol, debout �� l'arri��re, les mains dans ses poches, son large dos appuy�� au gouvernail, faisait assaut de bons mots avec la du��gne. A l'avant, la jolie passag��re toisait son compagnon, et jugeait �� sa mise qu'il ��tait pour le moins l'un des ��l��gants de la place Bellecour, �� Lyon, c'est-��-dire ce qu'elle connaissait de plus accompli dans le genre. Lui, de son c?t��, pensait avoir affaire �� quelque fille de bourgeois cossu de la petite ville o�� le train l'avait d��pos��.
--Vous allez loin, monsieur? demanda la brunette �� bout de patience, car il y avait au moins deux minutes qu'elle se taisait.
--Oh! non, r��pondit Albert. Je crois m��me que je serai arriv�� avant vous.
--J'en doute, fit l'ing��nue en montrant ses dents blanches. Je me rends dans ce chateau--elle d��signait, assez fi��re, la maison de Cadaroux sur l'autre rive--pour y passer la journ��e avec une amie.
--Et moi, dit Albert en indiquant la masse imposante du vieux manoir, je me rends dans celui-ci pour y passer, tout seul, je ne sais combien de journ��es.
--Oh! bien, monsieur le comte, fit-elle un peu d��sar?onn��e, le chateau o�� vous allez vaut mieux que celui o�� je vais.
--En temps ordinaire, c'est possible; mais le logis du seigneur Cadaroux vaudra mieux que le mien tout �� l'heure, quand vous y serez.
Elle accepta la galanterie assez tranquillement; puis, sentant le besoin de r��parer son impair:
--Vous devez me trouver bien sotte, dit-elle. Mais voil�� ce qu'on gagne �� ne point habiter son chateau. Le voisin en confisque le titre.
--Heureux quand il ne confisque pas autre chose! remarqua le jeune homme en songeant aux ch��nes de son a?eul.
Plusieurs mois apr��s, S��nac ��tait encore dans sa terre, et la jeune fille du bateau n'��tait plus une inconnue pour lui. Il savait son nom; elle appartenait �� la petite noblesse du Dauphin��. Vingt fois il avait travers�� le Rh?ne, sur le bateau du vieux Signol, pour aller voir Clotilde de Chauxneuve dans la gentilhommi��re assez pauvre qu'elle habitait avec son p��re. La jeune fille, en revanche, ne venait plus chez les Cadaroux, les jugeant indignes d'elle depuis que le seigneur du lieu avait mis �� ses pieds sa tour et sa couronne. C'��tait encore un secret, mais pour ��tre comtesse de S��nac, la belle Clotilde n'attendait plus... Du diable si le pauvre Albert pouvait dire lui-m��me ce qu'elle attendait!
H��las! la perfide gagnait du temps. Un autre voisin de campagne, moins titr�� mais non moins ��pris qu'Albert et dix fois plus riche, la visitait �� des heures diff��rentes. La belle avait si bien manoeuvr�� que le chatelain de la rive droite apprit du m��me coup qu'il y avait, sur la rive gauche, un chatelain du nom de Questembert, enrichi dans les affaires parisiennes, que cet homme poss��dait un fils, que ce fils
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