avait demand�� la main de Clotilde, et que Clotilde la lui avait donn��e--pour tout de bon cette fois.
En quelques heures, la passion du jeune gentilhomme se transforma en une haine furieuse, non pas contre Clotilde seulement, mais contre tout le sexe f��minin pour lequel, d��j��, il professait moins d'enthousiasme que de d��fiance. D'abord, il voulut se faire moine et choisit la Grande-Chartreuse, en raison de sa proximit��. Mais il s'aper?ut bient?t qu'au lieu de m��diter sur la mort il m��ditait sur Clotilde de Chauxneuve ce qui ��tait beaucoup moins utile pour l'autre monde et pas beaucoup plus agr��able pour celui-ci. Alors il partit pour aller aux antipodes, se r��servant d'y rester s'il y trouvait un pays sans femmes. Vainement une d��p��che l'avait rejoint, comme son bateau quittait le mouillage d'Aden, lui annon?ant que son vieil oncle ��tait mort, et qu'il h��ritait d'un peu plus de cinquante mille livres de rentes. La pauvre Clotilde n'avait pas pr��vu ce coup-l��, encore moins le suicide et la ruine de son beau-p��re, survenus presque en m��me temps, qui la mirent �� la portion congrue. S��nac, devenu un beau parti, n'en continua son voyage que de plus belle.
Mais tout �� coup il fallut retomber dans l'orni��re de la civilisation. Un proc��s dangereux pour sa fortune le rappelait en France. Comme il s'agissait, pour cette fois, d'��tre indignement vol��, il se mit en route, non sans avoir h��sit�� longuement, car, m��me en supposant le proc��s perdu, il lui restait plus de bien qu'il n'en fallait �� un homme d��cid�� �� finir sa race dans le c��libat.
Quinze jours plus tard, il traversait l'��gypte, gagnant Marseille, lorsqu'il fit la rencontre de son ami Quilliane, venu au Caire pour soigner le dernier poumon qui lui restait. Le poitrinaire ��tait accompagn�� de sa soeur, belle jeune fille au regard po��tique et profond qui partageait le d��go?t d'Albert pour le monde. Ensemble ils parl��rent du n��ant des affections humaines, tant et si bien que S��nac resta en ��gypte, oubliant son proc��s, qu'il perdit.
Puis Th��r��se retourna dans son clo?tre, un peu comme R��gulus ��tait retourn�� chez les Carthaginois. Mais l�� s'arr��te la ressemblance, et l'on a vu que la jeune comtesse avait encore ses yeux, les plus beaux du monde, quand elle fit, sur les bords du Nil, son second voyage--qui ��tait son voyage de noces.
III
Tandis qu'on attendait les jeunes mari��s au faubourg Saint-Germain, ils reprenaient �� peine le chemin de la France, rapportant de leur p��lerinage romanesque en ��gypte, non seulement une foi plus ardente dans l'id��al, mais encore la conviction qu'ils l'avaient trouv��, qu'ils le poss��daient, que leur tache en ce monde ��tait d'en montrer autour d'eux la bienfaisante lumi��re. Jamais deux ��tres humains ne furent anim��s plus g��n��reusement de cette bonne volont�� qui n'est, h��las! un gage de paix que dans les cantiques des anges. Dans leur pieuse reconnaissance, ils br?laient d'employer pour l'utilit�� et l'am��lioration communes tous ces biens r��unis en eux d'une fa?on si rare: les saintes croyances, l'honneur et l'��clat du nom, la fortune, la sup��riorit�� de l'esprit et, enfin, l'amour, que chacun d'eux comprenait dans le sens le plus sublime, lui assignant, pour premi��re base et pour meilleure manifestation, le d��vouement �� l'autre ��lev�� jusqu'au d��dain de soi-m��me.
Ils avaient d��cid�� qu'ils passeraient leur premi��re ann��e �� S��nac, dans une retraite qui ne risquait pas d'��tre oisive, car le chateau, �� peu pr��s inhabit�� depuis deux si��cles, exigeait des r��parations s��rieuses. Ils y rentr��rent sans pompe, un beau matin, par un soleil aussi brillant que celui qui avait ��clair�� la premi��re rencontre d'Albert et de Clotilde. Le vieux marinier les passa dans son bateau. Comme le mari de Th��r��se lui mettait un louis dans la main:
--Vous payez plus cher qu'on ne m'a jamais pay��, monsieur le comte, fit le bonhomme en d��couvrant sa t��te grise.
Albert, frappant sur l'��paule de Signol, r��pondit, les yeux ��clair��s par la joie:
--C'est que jamais ton bateau n'a rien port�� d'aussi pr��cieux que ce qu'il porte aujourd'hui.
--Bien parl��, notre ma?tre! dit le vieillard en s'inclinant de nouveau. Mais gageons que vous vous servirez de ma barque moins souvent qu'il y a cinq ans, �� l'��poque o�� vous aviez des affaires sur l'autre rive?
--Veux-tu te taire, mauvaise langue! dit Albert en souriant. Ne vois-tu pas devant qui tu parles?
--Si fait bien, dit Signol, avec la faconde famili��re et un peu lyrique assez commune chez les gens du peuple en cette contr��e. Je le vois, et je ne voudrais pas, pour vingt pi��ces d'or pareilles, que mes yeux se fussent ferm��s avant d'avoir ��t�� r��jouis par la vue de la jeune ma?tresse d'une vieille maison. Celle-ci a le regard d'une dame. Que Dieu la b��nisse!
--Et qu'il pardonne �� l'autre! dit tout bas Th��r��se �� son mari en serrant sa main, tandis qu'il l'aidait �� mettre le pied sur la rive.
A la petite porte qui
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