Lacs de l'Est et du Midi et destin��es �� passer dans le lac Sup��rieur ��taient d��charg��es �� l'entr��e des Rapides, transbord��es sur le chemin de fer, embarqu��es de nouveau sur les batiments faisant le service sp��cial des lacs. Telle a ��t�� jusqu'�� ces derni��res ann��es, l'insuffisance des ressources de toute esp��ce dans ces contr��es recul��es, que les bateaux �� vapeur ou �� voiles, naviguant sur le lac Sup��rieur, n'��taient pas construits sur ses rives, au-dessus des Rapides [9]. On les apportait, par pi��ces, des ateliers de New-York ou de Cleveland; le chemin de fer leur faisait franchir le saut et on les montait au-del�� de Sainte-Marie. On comprend que, dans de pareilles conditions, la navigation int��rieure du lac ne pouvait pas recevoir un bien grand d��veloppement.
[Note 9: Le premier navire de quelque importance construit au Sault-Sainte-Marie fut le schooner ou go��lette John Jacob Astor, lanc��e, si je ne me trompe, en 1835.--H.-E. C.]
?Il y a une huitaine d'ann��es, le Congr��s, de concert avec la l��gislature de l'��tat de Michigan, d��cida que le chemin de fer serait remplac�� par un canal. Ce qui ��tait difficile, ce n'��tait pas de s'entendre avec Washington et Lansing, mais de trouver des entrepreneurs qui, en ��change d'une ��norme avance de fonds, consentissent �� recevoir des terrains sans valeur actuelle et susceptibles d'en acqu��rir seulement par suite de l'ouverture m��me du d��bouch��. On ne doit pas perdre de vue qu'�� cette ��poque, le bassin du lac Sup��rieur, sans communication autre que celle de la rivi��re Sainte-Marie avec le continent am��ricain, ��tait un vrai pays perdu, tout �� fait sauvage, d'un avenir tr��s-probl��matique. On y exploitait d��j��, des mines de cuivre, mais il ��tait encore fort douteux que l'industrie m��tallurgique r��uss?t jamais �� faire entrer cette contr��e isol��e dans le cercle de l'activit�� am��ricaine. Il n'y avait certainement pas six mille habitants travaillant aux mines ou vivant d'un commerce de pacotilles sur les rives du lac. Par le fait, il ne s'agissait pas de cr��er un d��bouch�� pour une population d��j�� existante, mais de cr��er une population par l'ouverture d'un d��bouch��; m��thode g��n��rale aux ��tats-Unis, et inverse de celle que nous employons en Europe.
?Dans cette affaire, comme dans tant d'autres, le g��nie des entreprises hasardeuses, qui fait la passion et la force des ��tats-Unis, n'a pas recul�� devant le calcul des mauvaises chances. Une compagnie de Boston a accept�� les termes et s'est engag��e �� construire le canal. Le march��, conclu sur ces bases, a ��t�� rapidement ex��cut��. Au mois de juin 1855 la Compagnie a fait remise du canal �� l'��tat, qui l'exploite �� son profit.
?Ce magnifique ouvrage a co?t�� environ sept millions de francs. En contemplant les vastes solitudes qui l'entourent, la nature sauvage, grandiose et glaciale, dont il constate la puissance vaincue, semblable �� un sceau mis par l'industrie humaine sur sa nouvelle conqu��te, on ne peut s'emp��cher d'admirer l'audace du peuple qui ne craint pas de se lancer dans de pareilles entreprises aux extr��mit��s perdues de son immense territoire.
Il faut une heure et demie ou deux heures �� un bateau �� vapeur pour traverser les ��cluses et faire le chargement et le d��barquement des marchandises appartenant au commerce de Sainte-Marie.
?Sainte-Marie est plut?t une bourgade qu'une petite ville. Les maisons, presque toutes �� un seul ��tage, sont en bois et isol��es les unes des autres, double caract��re propre �� tous les centres de population des pays situ��s vers l'extr��me nord, soit dans le nouveau, soit dans l'ancien monde [10]. Les habitants sont au nombre de deux mille environ. Le fond de cette population, la partie fixe et attach��e au pays de p��re en fils, provient d'un croisement d'anciens colons fran?ais avec la race indienne. Ces m��tis parlent encore presque tous le fran?ais et appartiennent �� la religion catholique. Quant leur caract��re ethnique, c'est une moyenne entre le type caucasique et le type de la race rouge: peau fonc��e, cheveux noirs, durs et abondants, os de la face (principalement l'os et le cartilage nasal) tr��s-pro��minents. Ils n'ont pas, il faut le dire, l'ardente activit�� des Yankees, leur aptitude �� amasser et �� risquer les dollars, le g��nie du commerce, de l'industrie et de la sp��culation. Ils sont s��dentaires born��s dans leurs d��sirs, timides, m��lancoliques, toujours pr��ts �� c��der la place aux autres [11]. C'est bien l�� la descendance m��lang��e de deux races vaincues, isol��es et d��daign��es au milieu des populations anglo-saxonnes. Elle a trop de sang fran?ais pour devenir am��ricaine. Elle n'en a pas assez pour conserver et faire respecter sa nationalit��!
[Note 10: Cette r��flexion manque de justesse. Dans l'Am��rique enti��re, au sud comme au nord, sur les terrains nouvellement colonis��s, les maisons sont ainsi construites. Rien de plus logique: on a de la place, on les espace; on est trop press�� de se mettre �� l'abri pour songer �� ��lever un ��tage sur le
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.