Peaux-rouges et Peaux-blanches | Page 5

Émile Chevalier
en a fait un tableau auquel je suis heureux d'emprunter les lignes suivantes:
[Note 3: M��moires de J. Long.]
?La mission Sainte-Marie du Sault fut fond��e en 1665 par le p��re Allouez.
?A cette ��poque, les missionnaires, et, par eux, le gouvernement du Canada, connaissaient d��j�� parfaitement et la g��ographie du lac et la nomenclature des tribus qui habitaient ses rives. Ces tribus ��taient nombreuses, et la liste de leurs noms est aussi longue que baroque; mais la population de chacune d'elles ��tait bien peu consid��rable. Trente mille sauvages, au plus, erraient entre le lac Michigan, le Haut-Mississipi et la baie d'Hudson, et avaient pour centre social, g��ographique et religieux (si ces mots peuvent s'appliquer �� des agglom��rations humaines �� peine sorties de l'��tat de nature) la race sud-est du grand lac. C'��tait principalement pr��s du rapide ou Sault-Sainte-Marie qu'ils se r��unissaient, �� l'��poque du printemps, pour s'y livrer �� la p��che du poisson blanc, l'une des plus abondantes qu'il y ait au monde, et pour vendre leurs pelleteries aux traitants canadiens. Ces peuples se rattachent �� trois langues m��res, les langues siouse, algonquine et huronne. C'est le nom d'Ouattouais [4] qui revient le plus fr��quemment dans les relations des j��suites, comme d��signant les tribus de l'extr��me ouest par rapport au Canada. Ainsi les missions des bords du lac ��taient appel��es missions chez les Ouattouais.
[Note 4: Ce nom doit s'��crire Outaouais.--H.-E. C.]
?Le christianisme, qui est la religion des races sup��rieures, eut peu de prise sur les Ouattouais. Les j��suites furent presque toujours oblig��s de tol��rer chez les n��ophytes certains restes de leurs pratiques idolatriques, sous lesquels on feignait de trouver un fond de foi orthodoxe. Mais si les succ��s des religieux furent contestables, leurs succ��s politiques furent ��clatants. En moins de dix ans, les missions du Sault-Sainte-Marie, du Saint-Esprit, de Saint-Francois-Xavier avaient fait du nom de la France l'objet de respect et de l'affection de toutes les tribus de l'ouest [5]. En 1670, l'intendant du Canada Talon, l'un des administrateurs les plus capables qu'ait eus la colonie, r��solut de mettre �� profit ces bonnes dispositions, et d'��tablir d'une mani��re solennelle et officielle le protectorat de la France sur ces contr��es dont il devinait l'avenir. L'entreprise n'��tait pas facile. Il s'agissait, non pas de l'achat tel ou tel territoire, comme a fait Penn sur les bonds de la Delaware, comme le font encore aujourd'hui plus ou moins furtivement les Am��ricains, mais d'une sorte d'annexion politique, consentie librement par le suffrage universal. Qu'on me passe ces mots du vocabulaire moderne, assez ��tranges �� l'occasion d'un acte politique du dix-septi��me si��cle et d'un acte politique du roi Louis XIV; mais ils sont n��cessaires pour caract��riser cette conqu��te de la France, conqu��te qui ne ressemble gu��re �� celle de la Franche-Comt��, de la Flandre et de l'Alsace, mais qui contraste avec ces derni��res encore plus par sa nature pacifique et philanthropique que par ses proportions territoriales.
[Note 5: Exemple frappant: Quoique Qu��bec e?t ��t�� prise, en 1759, par les Anglais et que, d��s lors, nous eussions perdu toute puissance politique sur les rives du Saint-Laurent, les Indiens ne voulurent pas reconna?tre l'empire britannique avant 1763 un de leurs chefs les plus influents, Pontiac, dont nous publierons prochainement. L'histoire, forma m��me alors le projet d'expulser, au profit des Fran?ais, la race saxonne du continent am��ricain. Si la France l'e?t soutenu, qui sait s'il n'e?t pas r��ussi? Mais l'��ventail de madame de Pompadour faisait la brise et la temp��te.--H.-E. C.]
?Talon choisit pour ��missaire un nomm�� Nicolas Perrot, la?que, mais employ�� longtemps au service des missionnaires. Perrot parcourut, pendant le printemps et l'��t�� de 1670, toutes les contr��es de l'ouest. Il ne s'arr��ta, au midi, que chez les Miamis, c'est-��-dire chez les peuples qui habitaient le pays o�� est batie, maintenant, la ville de Chicago. Il d��cida toutes ces peuplades �� envoyer, pour le printemps suivant, des d��put��s au Sault-Sainte-Marie, afin d'y proc��der �� la reconnaissance du protectorat de la France sur les contr��es qui forment les bassins des lacs Sup��rieur, Huron, Erie, Michigan. Quatorze cents sauvages furent fid��les au rendez-vous. M. de Saint-Lusson, d��l��gu��, par l'intendant Talon, proc��da solennellement �� l'acte de reconnaissance.
?Sur la prairie qui domine les Rapides, on avait pr��par�� une Croix et un poteau en Bois de c��dre surmont�� d'un ��cusson aux armes de France. Les Indiens, dans leur appareil de guerre, pr��c��d��s du D��l��gu��, formaient un vaste cercle autour de ces derniers embl��mes de la foi religieuse et de la domination politique. Au moment o�� l'on ��leva le premier, les missionnaires et les Fran?ais entonn��rent le Vexilla, puis, quand les armes de France parurent dans les airs, l'Exaudiat.
?Cela fait, le p��re Claude Allouez, tr��s-vers�� dans la connaissance de la langue algonquine, adressa aux Indiens un long discours pour leur expliquer le but de la r��union et les avantages qu'ils retireraient du protectorat de la France. Il
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