Peaux-rouges et Peaux-blanches | Page 4

Émile Chevalier
�� une d��ception, ma?tre Judas Iscariote, gare �� tes os j'en ferai des baguettes de tambour.
La boutade du capitaine souleva l'hilarit�� des assistants.
Je n'ai pas termin��, reprit l'��corch��, sans se facher ni partager la ga?t�� des Ap?tres.
--Qu'est-ce encore?
--C'est �� vous seul que je dois parler.
--Qu'on sorte d'ici! fit le capitaine �� ses gens. Ils se retir��rent aussit?t par la porte qui leur avait donn�� acc��s.
--Eh bien?
--Eh bien, j'ai, la nuit derni��re, enlev�� Meneh-Ouiakon.
--Tu dis?
--J'ai enlev�� Meneh-Ouiakon.
Le Mangeux-d'Hommes, qui avait fr��mi en entendant cette d��claration, se prit �� trembler. Son visage se colora et palit tour �� tour; ses paupi��res s'humect��rent, sa respiration devint chaude. Il se rapprocha de son lieutenant, et, d'une voix alt��r��e:
--Tu as enlev�� Meneh-Ouiakon?
--Oui, pr��s du poste de Fond-du-Lac.
--La nuit derni��re?
--La nuit derni��re.
--Et?...
Le capitaine ne put achever sa pens��e, si vive ��tait l'��motion qui le poignait, mais ses yeux formul��rent ��loquemment la question.
Judas r��pondit avec son flegme habituel:
--Elle est ici.
--Ici! Meneh-Ouiakon est ici! et tu ne me le disais pas plus t?t?
--Vous ne m'en avez pas laiss�� le temps.
--Mais, en quel coin? exclama le Mangeux-d'Hommes, saisissant, dans sa puissante main, l'��paule de son lieutenant, et l'��treignant �� la lui briser.
--Je vais vous la montrer, r��pliqua l'��corch�� avec une lenteur d��sesp��rante.

CHAPITRE II
LE SAULT-SAINTE-MARIE
On sait que le lac Sup��rieur est le plus vaste volume d'eau fra?che connu sur le globe. En longueur il a 120 milles, 160 milles dans son extr��me largeur, et 1750 de p��rim��tre.[1]
[Note 1: Le mille anglais est environ le tiers de la lieue fran?aise.]
L'��tat du Minnesota borde ses rives ouest et nord-ouest; au sud il confine au Wisconsin et au Michigan; les autres c?tes ont pour limites les possessions britanniques, auxquelles la moiti�� du lac divis�� par une ligne imaginaire, appartient.
Les eaux de ce lac sont d'une transparence ��tonnante[2].
[Note 2: Par un temps calme, j'ai souvent vu les poissons s'��battre �� plus de dix brasses de profondeur.]
Il les re?oit par plus de deux cents affluents. Elles y descendent d'un bassin qui embrasse une superficie 100,000 miles carr��s.
Les parties nord et sud du Sup��rieur voient jaillir de leur sein une foule d'?les.
Le centre en est �� peu pr��s d��pourvu.
Au nord, plusieurs de ces ?les forment d'excellents abris pour les vaisseaux et offrent aux yeux du voyageur ses perspectives les plus pittoresques.
La c?te elle-m��me est fortifi��e par des rochers escarp��s dont quelques-uns d��passent 300 m��tres d'��l��vation.
Mais, au sud, le rivage se montre g��n��ralement bas et sablonneux, quoique, en certaines places, il soit coup�� par des cha?nes de calcaire ou des roches trap��ennes et cuprif��res ��normes, comme le Portail ou les Rochers Peints, la pointe Kiouina, les Douze-Ap?tres, etc.
Encore aux trois quarts sauvage aujourd'hui, le littoral du lac Sup��rieur ne tardera pas �� se peupler, et �� se fertiliser au soleil f��condant de la civilisation, car, malgr�� la rigueur de l'hiver qui r��gne pendant plus de six mois dans cette r��gion, la terre y est bonne, productive, riche en min��raux, et les eaux du lac abondent poissons excellents de toute esp��ce.
Le Sup��rieur se relie aux lacs Huron et Michigan par une art��re longue de 63 milles, large d'un au plus, �� laquelle nos missionnaires fran?ais, qui en furent les premiers explorateurs, donn��rent, en 1642, le nom de rivi��re Sainte-Marie, mais appel��e par les indig��nes Pauoiting, c'est-��-dire Petite Cataracte.
Le souvenir de ces hardis d��couvreurs europ��ens m��rite d'��tre conserv��.
C'��tait les p��res Charles Rimbault et Isaac Jogues.
A cette ��poque, ils habitaient la Mission Sainte-Marie, pr��s du lac Huron.
Sur les bords de la rivi��re r��sidait une tribu sauvage qu'ils convertirent.
La tribu s'appelait Pauoitigouei uhak, mot �� peu pr��s impossible �� articuler pour une bouche fran?aise.
Comme ces Peaux-Rouges t��moignaient d'une grande agilit�� dans tous les exercices du corps, mais principalement pour franchir les obstacles, nos missionnaires convinrent de les nommer Sauteux ou Sauteurs, nom qui leur est rest��, comme celui de Sainte-Marie au canal que la nature a creus�� entre le lac Sup��rieur et les lacs Huron et Michigan.
La rivi��re Sainte-Marie est intercept��e par des rapides dangereux, au pied desquels s'��l��ve, au sud, sur la rive am��ricaine, un village appel�� Sault-Sainte-Marie, et au nord, sur la rive anglaise, un poste occup�� par la compagnie de la baie d'Hudson.
Le village est donc am��ricain, le poste anglais.
Dans le premier, le gouvernement des ��tats-Unis a install�� une petite garnison pour la protection de ses nationaux, qui se livrent �� la traite des pelleteries ou �� l'exploitation des pr��cieuses mines de cuivre dont est, comme nous l'avons dit, enrichie la rive m��ridionale du lac Sup��rieur, ?primitivement appel�� lac Tracy, en l'honneur de M. de Tracy, qui fut nomm�� vice-roi d'Am��rique par le roi de France au mois de juin. 1665? [3]. Dans ses curieuses Lettres sur les ��tats-Unis d'Am��rique, o��, �� travers quelques appr��ciations fausses, on trouve des consid��rations du premier ordre et des descriptions fort remarquables, le colonel Pisani, qui visita le Sault Sainte-Marie en 1856,
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