l'air!
--Alors, tu me compares �� ces filles, qui roulent de honte en honte?
--Quelle exag��ration! Je ne te compare pas, je te prends pour une femme qui a oubli�� ses devoirs et...
--Et quoi?...
--Et je le regrette.
--Si tu savais quel grand coeur, quel attachement profond il a pour moi, quel d��vouement absolu!...
--Et encore quoi?
--Et combien je l'aime!
--Allons donc! Ce mot-l��, vois-tu, r��sume �� lui seul cet attachement si profond, ce d��vouement si sinc��re. Oh! ma ch��re Louise, je ne te croyais pas si na?ve! Est-ce que toutes les femmes abandonn��es par leur amant n'ont pas tenu auparavant ce m��me langage?... Pourquoi veux-tu qu'il soit...
--Jeanne, reprit-elle vivement, tu sais quelque chose? Tu es charg��e de me pr��venir?
--Oh! non!
--N'ach��ve pas. Si dom Pedro ne m'aimait plus, j'en mourrais!
--Mais puisque je te dis qu'il ne m'a pas parl��?... Mais non!
--Tu dis faiblement ce non. Tu vois, sans doute, que tu as parl�� trop brutalement et tu veux me laisser un instant d'espoir!
--Je t'affirme...
--Oh! Jeanne, c'est mal d'avoir accept�� cette mission-l��!
--M'��couteras-tu enfin, Louise? Puisque je t'affirme que je n'ai pas vu dom Pedro. Et d'ailleurs si jamais il me faisait une allusion quelconque sur toi, il ne repasserait jamais le seuil de ma porte!
--Vois-tu, ne me dis rien contre lui, j'aime mieux que tu ne m'en parles pas.
--Bon! c'est toi qui as commenc��! Tu sais bien pourtant �� quel degr�� il m'est... peu sympathique?
--Tu as tort, si tu voulais le recevoir davantage, tu saurais l'appr��cier, et tu verrais!
--Quel coeur, quel d��vouement profond, etc... Connu!
Et cela finissait toujours par des larmes; j'��tais oblig��e de la consoler, de la remonter, je trouvais �� dom Pedro toutes les qualit��s qu'elle voulait; pourtant je ne pouvais approuver sa conduite, ?pauvre petite?, et je me reprochais d'avoir la faiblesse de ne pas lui dire qu'il ��tait un monstre!...
VI
Je n'ai jamais tr��s bien compris pourquoi Louise tenait tant �� une approbation de ma part? Quel changement cela e?t-il apport�� dans sa vie? Ce qui empoisonnait son existence, ��tait de ne pouvoir l��gitimer son coupable amour. C'est que c'��tait une nature profond��ment honn��te que la sienne, et j'��tais convaincue qu'elle n'avait d? c��der qu'�� contre-coeur.
Je ne me trompais pas, car un jour il lui vint �� l'id��e de me raconter la persistance de dom Pedro �� la poursuivre, combien elle avait r��sist�� longtemps, puis enfin, ayant cru �� un amour unique, �� un coeur neuf comme le sien, comme elle s'��tait attach��e �� cet homme, prise par un attrait irr��sistible, un sentiment qui lui avait ��t�� inconnu jusqu'alors, qu'on l'appelle amour, ou d'un autre nom. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle s'��tait livr��e, abandonn��e compl��tement; elle ��tait devenue _la chose_ de dom Pedro. Ce mot qu'elle avait employ��e en se r��voltant contre son mari, elle s'en rassasiait �� pr��sent en l'appliquant �� celui-ci: ?Oui, disait-elle, ma joie est d'��tre la chose de dom Pedro!?
Cet attachement que je soup?onnais �� peine, quand Louise m'en fit l'aveu, durait depuis plusieurs ann��es d��j��. Pour elle, c'��tait devenu comme un besoin imp��rieux, sa vie tout enti��re ��tait l��, tandis que, pour lui, ce n'��tait plus qu'une lourde cha?ne. Cependant, comprenant les ravages qu'il avait faits dans ce pauvre coeur si franc, il avait, au moins, la pudeur de lui laisser croire �� une affection r��elle.
Louise avait le respect de sa m��re et, pour rien au monde, elle n'aurait voulu lui faire la triste confidence que j'avais re?ue. Ce n'��tait pas un des c?t��s les moins douloureux de cette singuli��re existence, car je ne crois pas avoir jamais rencontr�� un coeur de m��re plus follement aveugle que celui de la comtesse de F... sa m��re.
Cependant dom Pedro, pers��v��rant dans ses projets de voyage, partit �� la date fix��e.
Je ne puis peindre le d��sespoir de Louise; naturellement celui de dom Pedro n'��tait que simul��, il ��tait facile de le voir; elle seule ne s'en aper?ut pas.
--Quelle id��e a-t-il d'aller par mer, me dit-elle le lendemain de son d��part, c'est affreux un ��loignement comme celui-l��; je ne puis avoir de ses nouvelles ni communiquer avec lui jusqu'�� son arriv��e, et pendant ce temps je mourrais de douleur, sans pouvoir le supplier de revenir me donner un dernier adieu! Ce serait impossible! Impossible, comprends-tu bien ce mot?
Et elle sanglotait.
--Vraiment, Louise, tu n'es pas raisonnable, lui dis-je un jour; cet homme (je ne pouvais l'appeler autrement, �� son grand d��sespoir) cet homme a r��ellement besoin de retourner chez lui, songe donc que ce n'est pas �� la guerre qu'il va, c'est au contraire dans un but tr��s pacifique. Il va pour augmenter son bien-��tre; il reviendra satisfait, heureux m��me, de son voyage.
Et je pensais int��rieurement: Si l'Oc��an pouvait l'engloutir!
Mais Louise reprenait:
--Tu ne comprends pas le d��sespoir, toi! Si tu sentais ce que je ressens, tu te demanderais comment je vis encore! Je me fais cette question �� moi-m��me, et c'est
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.