savait quelle chambre te donner, pour que tu fusses bien. (Jules ��tait son mari.)
--Merci, mon cher Jules, je n'ai pas besoin d'��tre si gat��e, pour aimer �� venir chez vous!
Apr��s avoir ainsi ��chang�� quelques phrases banales avec mes amis, je voulus me retirer dans cette fameuse chambre afin de m'habiller pour le souper. Comme j'en exprimais le d��sir �� Louise, je remarquai chez elle une vague inqui��tude; depuis quelque temps, elle regardait avec acharnement la grande fen��tre qui donnait sur l'avenue, quand, tout �� coup, elle s'��cria:
--Ah! le voil��!
On se pr��cipita pour voir le nouvel arrivant, pendant que Louise me montrait mon appartement.
--Ah! quel bonheur, soupira-t-elle, je commen?ais �� m'inqui��ter. Regarde comme je suis contente! Tu ne vois donc pas combien je suis heureuse? Tu ne devines donc pas qui j'attends?
Je la regardais sans r��pondre.
--Ne fais pas l'��tonn��e comme ?��, Jeanne, je me sauve car la voiture que j'ai aper?ue au loin n'est autre que celle de dom Pedro; il doit ��tre arriv�� maintenant, et... songe donc, il y a un mois que je ne l'ai vu!
... Je ne voulus pourtant pas croire encore, mais j'eus peur!
Ce soir-l��, c'��tait jour de com��die; Louise ne jouait pas, mais Mathilde avait un r?le important, ce qui me surprit, car, ne l'aimant pas, je n'admettais, en elle, ni esprit, ni intelligence. Le souper fut gai, les acteurs mangeaient �� part, sous pr��texte de pouvoir sortir de table avant nous pour aller rev��tir leurs costumes afin de ne pas faire attendre pour commencer la repr��sentation.
La com��die m'int��ressa peu, j'��tais suffoqu��e par l'arriv��e de dom Pedro, que je comptais bien ne jamais trouver �� V...
Matt avait un r?le de souveraine; sa tra?ne en velours rouge, sa fraise en broderie d'or, et ses cheveux, si noirs, relev��s hardiment sur son front, lui donnaient un air imposant, que je ne lui soup?onnais pas; et je la trouvai belle!
Dom Pedro ne la quittait pas des yeux; elle ne laissait pas de s'en apercevoir, et sa physionomie trahissait une satisfaction qui se devinait dans son maintien.
Elle joua m��diocrement, mais dom Pedro l'accabla de compliments si exag��r��s, que j'en fus tout ��tonn��e.
Puis, apr��s un ou deux tours de valse, on eut la libert�� de se retirer. J'en profitai aussit?t, tr��s fatigu��e de mon voyage et bien aise aussi de me sentir un peu seule avec mes r��flexions.
�� peine commen?ais-je �� me rem��morer cette premi��re soir��e que Louise entrait souriante dans ma chambre; ses beaux cheveux blonds tombaient �� leur gr�� sur ses ��paules; un frais peignoir laissait deviner les contours de sa taille svelte et gracieuse; mais ses yeux projetaient v��ritablement des flammes.
--Qu'as-tu, ma ch��rie? lui dis-je presque effray��e.
--Oh! rien; je veux te voir seule, un peu �� mon aise, te dire que je suis bien heureuse de te sentir enfin sous mon toit?
Son sourire ��tait forc��, et les mots semblaient sortir difficilement de ses l��vres.
--Je te d��range? reprit-elle.
--Du tout, Louise (et pourtant je tombais de sommeil), du tout ma ch��re amie; seulement ce n'est pas dans tes habitudes de me faire une visite �� cette heure-l��.
--C'est pour te voir un peu �� mon aise, je te l'ai dit.
--Alors tu as quelque chose de particulier �� me dire?... �� me confier?...
--Moi? Mais... mais non!
--Il n'est pas possible que tu viennes �� cette heure-ci pour... rien?
--Tu es gentille! Si je te g��ne, je vais m'en aller.
Mais elle restait. Je me mis �� l'observer; ses l��vres tremblaient, et son regard se perdait dans le vide.
--Qu'as-tu donc, Louise?
--Je ne sais pas! murmura-t-elle.
--Es-tu malade? allons, parle!
Elle me fit signe que non.
--Et ton mari, ajoutai-je myst��rieusement, que va-t-il dire?
--Oh! rien du tout; d'ailleurs, que lui importe?
--Comment?
--Tu sais bien qu'il me hait!
Je tressaillis �� cette r��ponse impr��vue et brutale:
--Il ne t'aime pas? Jules ne t'aime pas? insistai-je.
--Non. Oh! si tu savais ce que je souffre!
--Tu souffres, Louise? et c'est par Jules? moi qui le croyais si bon, me suis-je tromp��e �� ce point!
--Oh! si tu savais, r��p��tait-elle.
--Je me figurais que Jules satisfaisait �� tous tes caprices, qu'il approuvait tes moindres actes, tes moindres d��sirs?... Dis-moi, n'est-il plus �� tes pieds comme autrefois, ou, du moins, comme je le croyais?... Louise, r��ponds-moi, r��ponds-moi donc!
Et elle se taisait. Ses yeux, obstin��ment fix��s sur le plancher, s'emplissaient de larmes.
--Je ne l'aime pas! soupira-t-elle enfin, je ne l'aime pas...
J'��tais ��tonn��e de cette insistance:
--Mais, je ne te demande pas de l'aimer, dis-je, l'amour ne vient pas �� commandement; cependant tu dois avoir pour Jules au moins de l'estime?... Une certaine reconnaissance?...
--Reconnaissance! de quoi? fit-elle en me regardant, comme mue par un ressort.
--Mais enfin (je voulais en dire trop esp��rant qu'elle m'arr��terait), le devoir, Louise, doit remplacer un peu l'affection?... et ta m��re, penses-tu au coeur de ta m��re? Ne sens-tu pas que tu vas le d��chirer?
J'avais dit ces derniers mots avec une lenteur marqu��e; nous ��tions assises tout pr��s l'une de
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