Oeuvres poétiques Tome I | Page 3

Christine de Pisan
à 25.
22 Épitre à la Reine Isabelle.
23 Épitre à Eustache Morel.
24
Proverbes moraux.
25 Le livre de Prudence.
Ces divers numéros d'articles, indiquant l'ordre dans lequel les
différentes pièces ont été transcrites, permettent ainsi de reconstituer
d'une façon certaine l'ensemble du ms. tel qu'il était à l'origine.
D'ailleurs, si quelque doute subsistait encore après ce rapprochement
pourtant bien caractéristique, il serait vite dissipé par un examen
sommaire de l'écriture, de la disposition identique des quatre fragments,
de l'enluminure des miniatures ou des lettres ornées, dues certainement
à la même plume et au même pinceau.
M. Paulin Paris[2] avait déjà reconnu l'ancienne composition du ms.
pour les fractions portant les numéros 835, 836 et 605, mais il n'a pas
reconstitué la totalité du volume. M. L. Delisle a également soupçonné
cette corrélation sans l'expliquer et en l'étendant plus qu'il n'est légitime,
car il semble faire rentrer dans la même famille des mss. tout à fait
disparates[3].

[Note 2: _Manuscrits françois de la Bibl. du Roi_, V, 180, et VI, 399,
402.]
[Note 3: _Inventaire des mss. français_, I, p. 74.]
Cette division existait d'ailleurs dès le commencement du XVIe siècle,
ainsi qu'il est permis de le constater par trois mentions que la même
main a tracées à cette époque sur le premier feuillet de garde collé
aujourd'hui à la reliure des mss. 835, 606 et 605. La première note
indique les oeuvres contenues dans le fragment 835, la seconde (ms.
606) est ainsi conçue: «En ce livre a cent une hystoire et XLVI feuilletz
escriptz, et fut reveu par frere __ le IIe jour de avril Mil V c et dix», la
troisième mention donne la même date. Il est donc probable qu'à
l'origine le ms. se trouvait en cahiers simplement rattachés entre eux,
mais non recouverts d'une reliure, et que pour le consulter plus
facilement on le sépara bientôt en plusieurs parties qui furent reliées et
inventoriées comme autant de livres différents. Le fragment 835 fut
d'abord relié en velours rouge, aujourd'hui il l'est en maroquin rouge
aux armes de France sur les plats, à la fleur de lis sur le dos; le ms. 836
était également recouvert de velours rouge, et aujourd'hui de veau
racine au chiffre de Louis XVIII sur le dos. Quant à la reliure des autres
fractions elle paraît avoir été identique, ainsi qu'il résulte des
renseignements que l'on trouvera plus loin dans l'inventaire de la
Bibliothèque des ducs de Bourbon.
Ces différents fragments réunis forment un superbe ms. composé des
principales poésies de Christine, ne comprenant pas moins de 269
feuillets et illustré de 125 jolies miniatures.
Cette reconstitution nous permet en outre de fixer d'une façon précise
l'époque de la confection du recueil. En effet, l'oeuvre la plus récente
qui y soit insérée doit être sans aucun doute les _Épitres sur le Roman
de la Rose_ en tête desquelles se trouve la lettre d'envoi adressée à la
reine Isabelle et datée de l'avant-veille de la Chandeleur 1407. C'est
donc dans un intervalle de quatre ans, entre 1408 et 1413 (date du
premier inventaire mentionnant le vol. de Christine) que notre ms. a été
préparé et offert au duc de Berry. L'importance de l'ouvrage et la valeur
des oeuvres qu'il renferme expliquent maintenant tout le prix que Jean

de Berry devait y attacher et la générosité (200 écus) avec laquelle il sut
reconnaître l'hommage de l'auteur. Il avait du reste accueilli avec
beaucoup de grâce et de largesse le _Livre du Chemin de longue étude_
le 20 mars 1403, le Livre de la Mutation de Fortune en mars 1404[4],
les _Faits et Bonnes moeurs de Charles V_, le 1er janvier 1405, les
Sept Psaumes, le 1er janvier 1410; il reçut encore plus tard, les _Faits
d'Armes et de Chevalerie_, le 1er janvier 1413, et le Livre de la Paix le
1er janvier 1414; sa riche bibliothèque renfermait aussi un exemplaire
distinct de l'_Épitre d'Othéa_ et le livre de la _Cité des Dames_[5];
Christine lui avait donc offert successivement presque tous ses
ouvrages.
[Note 4: Ce ms. est aujourd'hui à la Bibl. royale de La Haye, n° 701.]
[Note 5: Fonds français, n° 607.]
Le précieux ms., dont nous avons reconstitué l'ensemble, fut recueilli
dans la succession du duc de Berry (inventaire de 1416), par sa fille
Marie, épouse de Jean Ier duc de Bourbon; cette princesse, très versée
dans l'étude des lettres, conserva de la superbe collection de son père
41 mss. qui lui furent attribués pour une somme de 2,500 liv.[6]; on
estima 50 liv. l'exemplaire des oeuvres de Christine. Notre ms. prit
désormais place dans la librairie que les ducs de Bourbon avaient
installée dans leur château de Moulins, et pendant tout le XVe siècle
resta entre les mains de ces princes qui se distinguèrent autant par la
noblesse de leur race que par leur
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